Mercredi 2 avril 2025, lors d’une audition devant la commission d’enquête parlementaire sur le contrôle des établissements scolaires par l’État, Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, a annoncé que « nous allons mettre en œuvre le programme », en référence à l’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), publiée début février par le ministère de l’Éducation nationale.
Ce programme, initié après les concertations de mars 2024, rend obligatoires trois séances annuelles dans tous les établissements, publics comme privés sous contrat, à partir de septembre 2025. Jusqu’alors, ces séances étaient imposées par la loi depuis 2001, mais restaient largement inappliquées, notamment dans les établissements catholiques.
Alors que nombre de familles, d’enseignants et d’associations catholiques s’inquiètent de ce qu’ils perçoivent comme une intrusion de l’idéologie dans l’éducation, Philippe Delorme adopte une position tranchée :
« Je connais et je combats ces associations qui pratiquent la désinformation, dans la plupart des cas, sur le contenu de ce programme ». Et d’ajouter : « Cette opposition nous allons la rencontrer chez nous comme dans le public ».
Une déclaration interprétée comme un tournant, voire un ralliement, par certains observateurs. Le député Paul Vannier, corapporteur de la commission, a salué ce qui lui semble être un « changement de position » du Secrétariat général de l’enseignement catholique (Sgec). Il faut dire que fin février encore, Philippe Delorme exprimait des « réserves » sur le contenu prévu au collège et au lycée, tout en saluant certains aspects du programme à l’école primaire.
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Lors de son audition, Philippe Delorme a toutefois tenu à rassurer sur la volonté d’associer les familles : « Il n’est pas question de se laisser envahir par quelque forme d’idéologie que ce soit ». Et il précise : « Nous voulons associer au maximum les familles pour dédramatiser, expliquer […] sur ces questions-là ». Il défend une éducation « à la pudeur, au respect de son corps, au respect du corps de l’autre, à la notion de consentement […] Tout ça, évidemment, nous le soutenons ».
Dans les faits, cette mise en œuvre ne manquera pas de soulever des tensions. Plusieurs diocèses ont déjà vu naître des collectifs de parents opposés à ce qu’ils considèrent comme une sexualisation précoce des enfants. La question de l’objection de conscience des enseignants, bien que non mentionnée par Philippe Delorme, demeure également en suspens.La Conférence des évêques de France n’a pas encore réagi publiquement à cette prise de position. Mais dans un contexte où la mission éducative de l’Église est de plus en plus encadrée par les exigences de l’État, cette décision marque un tournant dont les conséquences, spirituelles et pédagogiques, devront être examinées avec attention.
Saint Jean-Paul II rappelait dans Familiaris Consortio (1981) que « l’éducation à l’amour authentique suppose un rapport constant avec les parents, premiers éducateurs ». Ce lien essentiel entre école catholique et familles sera-t-il préservé ou dilué dans les impératifs de conformité ?
L’avenir dira si l’enseignement catholique, en promettant d’appliquer le programme Evars, restera fidèle à sa mission évangélique ou s’en éloigne pour ne pas heurter les autorités. Rappelons que vendredi 4 avril les évêques de France doivent choisir le futur secrétaire général de l’enseignement catholique et l’on espére l’élection d’un d ‘un candidat qui sache porter la parole de l’Eglise sans céder à l’esprit de ce monde.