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SONDAGE IFOP : Les Français plébiscitent l’école catholique… mais sans la religion

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L’opinion publique adoube l’institution mais se méfie de la foi. Un paradoxe qui pose une question brûlante : l’école catholique sera-t-elle demain encore… catholique ? ( intégralité des résultats du sondage)

Un sondage exclusif Ifop pour Famille Chrétienne et RCF–Radio Notre Dame, réalisé les 7 et 8 juillet 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 1001 personnes et publié le 2 septembre 2025 sur le site de l’Ifop, révèle une France à deux visages : d’un côté, un attachement massif à la liberté de choisir l’enseignement catholique, de l’autre, une réserve croissante à l’égard de sa dimension spirituelle et de son enseignement moral. Une photographie qui met en lumière les fractures culturelles du pays.

Selon l’enquête, 67 % des Français se disent attachés à la possibilité de choisir librement entre l’école publique et l’école catholique sous contrat. Plus d’un tiers (34 %) s’y déclarent même « très attachés ». Cet attachement est plus marqué chez les plus de 65 ans (72 %) que chez les moins de 35 ans (63 %), et plus fort dans les catégories supérieures (71 %) que chez les ouvriers (52 %). Les parents d’élèves scolarisés sont également plus favorables (70 %) que les autres (65 %). Du côté religieux, la différence est nette : 84 % des catholiques pratiquants soutiennent cette liberté, contre 55 % des sans-religion. Politiquement, l’attachement grimpe à 91 % chez les sympathisants Les Républicains, tandis qu’il reste à 61 % à gauche. Ce consensus révèle que l’enseignement catholique bénéficie d’une légitimité sociale large, perçu comme un garant de liberté éducative. Dans une société marquée par la méfiance vis-à-vis de l’État, l’école catholique demeure une alternative crédible et respectée.

Lorsqu’il s’agit d’intégrer un temps spirituel dans le parcours scolaire, l’opinion publique se divise : 39 % trouvent cela justifié, contre 45 % qui s’y opposent. Les jeunes adultes surprennent : 50 % des 18-24 ans y sont favorables, soit bien au-dessus de la moyenne nationale, alors que les 50-64 ans ne sont que 34 %. Les dirigeants d’entreprise (52 %) et les cadres supérieurs (48 %) se montrent plus ouverts que les chômeurs (29 %).

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Sur le plan religieux, l’écart est saisissant : 84 % des catholiques pratiquants approuvent, contre seulement 22 % des sans-religion. Géographiquement, 47 % des habitants d’Île-de-France soutiennent cette pratique, contre 37 % en province. Enfin, les électeurs d’Éric Zemmour (75 %) ou de Valérie Pécresse (61 %) se démarquent par leur adhésion, alors que les électeurs d’Emmanuel Macron (38 %) ou de Jean-Luc Mélenchon (39 %) restent réservés.

Ce résultat traduit une sécularisation profonde. L’école catholique est tolérée en tant qu’institution éducative, mais sa mission d’évangélisation se heurte à une société qui relègue la foi à la sphère privée.

La question des cours d’éducation à la vie affective et sexuelle apparaît comme le point de crispation le plus fort. Seuls 29 % des Français jugent légitime que l’école catholique propose un enseignement conforme à une vision chrétienne de l’homme, contre 53 % qui y sont opposés. Les jeunes sont paradoxalement plus ouverts : 35 % des 18-24 ans y sont favorables, contre seulement 23 % des 50-64 ans. Les diplômés du supérieur (37 %) affichent davantage de soutien que les titulaires de CAP/BEP (21 %). Les clivages religieux sont nets : 69 % des catholiques pratiquants approuvent, mais seuls 16 % des sans-religion partagent cette vision. Sur le plan politique, 61 % des électeurs d’Éric Zemmour et 40 % de Valérie Pécresse soutiennent cette approche, contre 27 % des électeurs d’Emmanuel Macron et 30 % de Jean-Luc Mélenchon. La sexualité est devenue le terrain privilégié de l’opposition entre l’anthropologie chrétienne et l’idéologie dominante. L’école catholique, en revendiquant une approche fidèle à la dignité de la personne, se confronte frontalement à une culture relativiste.

Le sondage révèle aussi un niveau élevé d’indécision : 11 % ne se prononcent pas sur la liberté de choix, 16 % sur la légitimité des temps spirituels, et 18 % sur l’éducation affective et sexuelle. Ces hésitations traduisent l’existence d’un espace de débat. En creux, ce sondage reflète le défi qui attend l’enseignement catholique : rester fidèle à son identité évangélique sans céder à une logique purement utilitaire. L’opinion publique adoube l’institution mais se méfie de la foi. Un paradoxe qui pose une question brûlante : l’école catholique sera-t-elle demain encore… catholique ?

Intégralité des résultats du SONDAGE IFOP

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