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Sous le regard du pape Léon XIV, l’épiscopat américain cherche sa voie

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"Les évêques devront décider s’ils suivront la direction donnée par le Saint-Père, ou non"

Du 10 au 13 novembre 2025, les évêques des États-Unis se réunissent à Baltimore pour leur assemblée plénière d’automne. Ce rendez-vous annuel, organisé par la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, s’ouvre dans un climat à la fois attentif et tendu. L’Église américaine vit un moment charnière : confrontée aux tensions politiques du pays, aux défis pastoraux du temps présent et aux orientations données par le pape Léon XIV, elle est appelée à redéfinir sa manière d’agir et de témoigner.

Comme les années précédentes, les évêques ont choisi de commencer leurs travaux par des séances à huis clos, inaccessibles à la presse. Cette pratique, devenue habituelle, suscite des critiques. Le père jésuite Tom Reese a ainsi dénoncé une forme de repli, estimant qu’il est regrettable que la moitié de la rencontre annuelle se tienne à portes fermées. Selon lui, ces sessions traduisent la difficulté des évêques à discuter publiquement de questions centrales du pontificat de François, telles que la synodalité, la sauvegarde de la création ou la place des laïcs. D’autres voix défendent pourtant ce choix, y voyant un moyen de garantir la liberté de parole et d’éviter les pressions extérieures.La rencontre de cette année est marquée par un contexte social et politique tendu. Les mesures sévères en matière d’immigration décidées par l’administration Trump ont plongé de nombreuses familles immigrées, souvent catholiques, dans la peur et l’incertitude. Monseigneur Kevin Rhoades, évêque de Fort Wayne–South Bend et président du Comité pour la liberté religieuse, a dénoncé la décision du gouvernement d’empêcher des ministres d’apporter la communion à des migrants détenus à Chicago. La question migratoire, avec celle de la défense de la vie, figure parmi les thèmes centraux de la conférence. Plusieurs évêques souhaitent des gestes concrets, comme celui de Mgr Michael Pham, évêque auxiliaire de San Diego, qui accompagne des migrants lors de leurs démarches judiciaires, un acte de proximité et de solidarité.

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Cette session de Baltimore revêt aussi une portée symbolique. Comme à chaque assemblée, les évêques adresseront un message de fidélité au pape. Mais cette année, pour la première fois, ce message sera envoyé à un pontife américain. L’élection de Léon XIV, né Robert Francis Prevost, a profondément marqué la relation entre Rome et l’Église des États-Unis. Son aisance à s’exprimer en anglais et sa connaissance intime de la culture américaine donnent à sa parole une force particulière. Lorsqu’il a répondu à la controverse autour du cardinal Blase Cupich et du sénateur Richard Durbin, ses propos, simples et directs, ont été reçus avec une attention nouvelle : non plus comme la voix distante d’un pape étranger, mais comme celle d’un pasteur proche et familier.Ajoutons que depuis depuis son élection, Léon XIV a réaffirmé sa volonté de poursuivre la dynamique initiée par François : faire grandir une Église synodale, fraternelle et missionnaire. La synodalité – cette marche commune du peuple de Dieu, unissant clercs et laïcs – reste importante dans son pontificat avec en plus la volonté clairement exprimée de remettre Le Seigneur Jésus-Christ au centre de toute action.Dans ce contexte, la mise en œuvre concrète de cette synodalité suscite des débats au sein de l’épiscopat américain.

Certains évêques, comme Monseigneur Robert Barron, estiment que l’Église américaine dispose déjà de structures suffisantes, à travers ses conseils pastoraux et financiers. Mais le pape appelle à aller au-delà des cadres formels. Dans un discours récent, il a rappelé que ces structures doivent devenir de véritables lieux d’écoute et de participation. « Beaucoup de structures existantes ont un grand potentiel, a-t-il dit, mais nous devons les transformer en expériences plus inclusives, où tous se sentent responsables de la vie de l’Église. » Les évêques américains, parfois divisés sur le rythme du changement, se trouvent ainsi face à une question décisive : quelle place donner à la vision du pape léon XIV dans la vie de l’Église aux États-Unis ? Le journaliste Michael Sean Winters, observateur attentif de la vie ecclésiale américaine, résume l’enjeu d’une phrase : « Les évêques devront décider s’ils suivront la direction donnée par le Saint-Père, ou non. » Au-delà de cette interrogation, c’est tout l’équilibre entre fidélité et contestation, entre unité et diversité , qui se joue à Baltimore cette semaine.

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