Depuis le 6 mars, plus de 1 100 personnes – parmi lesquelles des chrétiens de toutes confessions, des alaouites, des musulmans sunnites et des druzes – ont été tuées lors d’opérations menées par des troupes gouvernementales ou affiliées. Certains avancent même le chiffre de 6 000 victimes depuis la chute d’Assad. Pourtant, les avis divergent sur la nature de ces massacres et les responsabilités en jeu.
Pour Monseigneur Hanna Jallouf, vicaire apostolique d’Alep, la situation est moins dramatique qu’il n’y paraît. Dans une interview accordée à L‘Osservatore Romano, il affirme que les violences sont « localisées » : « Ici à Alep, mais aussi à Damas, la situation est totalement calme ».
Il minimise les accusations de violences ciblées contre les chrétiens : « Certains chrétiens sont morts, mais accidentellement, non en raison de leur foi. » Selon lui, les forces gouvernementales, désorganisées, peuvent agir « avec une violence excessive », mais ces actes ne seraient pas dirigés contre les minorités religieuses. Il ajoute que les paroles d’Ahmed Al Sharaa, autoproclamé président de la Syrie, sont « imprégnées de prudence et de responsabilité », soulignant l’appel à une « pacification nationale ».
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De son coté sœur Agnès Mariam de la Croix, religieuse carmélite grecque-catholique, dresse un tableau bien plus sombre. Dans une vidéo poignante diffusée sur les réseaux sociaux, elle dénonce « un génocide en cours : chrétiens crucifiés, musulmans fusillés, villages anéantis ». Ayant visité les lieux des massacres, elle interpelle la communauté internationale : « Venez en Syrie constater par vous-mêmes comment les autorités locales ne peuvent pas – pour ne pas dire ne veulent pas – protéger les citoyens syriens non islamistes. »
Elle accuse les forces en présence de mener une « opération systématique de purification ethnique », visant à remplacer les habitants alaouites et chrétiens par des combattants fondamentalistes et leurs familles. Selon elle, ces massacres ne sont pas des « dommages collatéraux », mais bien le fruit d’une stratégie méthodique. Elle lance un cri d’alarme : « Si la communauté internationale ne réagit pas, la Syrie deviendra un nouvel Afghanistan, un émirat islamique où il n’y aura plus de place pour personne. »
Alors qu’Al Sharaa tente de rassurer par des discours diplomatiques et l’annonce d’une enquête, les chrétiens syriens, eux, continuent de vivre dans la peur et l’incertitude.Qui dit vrai ? La communauté internationale choisira-t-elle d’ouvrir les yeux sur ces massacres, ou préférera-t-elle se réfugier dans le confort du déni ? Les chrétiens de Syrie, eux, ne peuvent plus attendre.