De retour du synode des évêques syriaque-catholiques à Rome, Monseigneur Jacques Mourad, archevêque de Homs, Hama et Nabek, a livré un témoignage lucide sur l’état de la Syrie et de son peuple. Il précise à l’agence Fides que malgré les deuils et les épreuves, il a repris dès son retour ses activités pastorales : « Ces jours-ci, je célèbre les premières communions dans les paroisses des villages. C’est une joie qui touche le cœur. »
Mais c’est dans une déclaration plus large, empreinte à la fois de lassitude et d’espérance, que Monseigneur Mourad s’est exprimé avec force : « Après toutes ces années, tout le monde est vraiment fatigué de cette guerre et de considérer les Juifs comme des ennemis. » Une phrase qui traduit l’état d’esprit d’une population brisée par des années de violence, mais désireuse de sortir du cycle des haines historiques.Il précise à l’agence Fides que la paix avec Israël est désormais souhaitée par une large partie de la population syrienne, y compris au sein des communautés chrétiennes. « Mais si nous parvenions à un accord maintenant, ce serait uniquement parce que la Syrie est faible. Et un tel accord, à un moment comme celui-ci, ne serait qu’un nouvel acte d’humiliation pour le peuple. »
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L’archevêque ne cesse de rappeler que la Syrie traverse un effondrement général : économique, sanitaire, éducatif, spirituel. Et dans cette détresse, c’est l’Église qui continue de jouer un rôle central. « À mon avis, l’Église est la seule référence d’espérance pour tout le peuple syrien. Pour tous, pas seulement pour les chrétiens. » Monseigneur Mourad appelle à un soutien concret de la part de l’Église universelle, notamment pour reconstruire des écoles, des hôpitaux, des logements pour les jeunes familles.Il affirme que la volonté de Dieu est que l’Église reste en Syrie, et non qu’elle abandonne la terre des martyrs. « Cette idée de vider la Syrie de ses chrétiens n’est certainement pas la volonté de Dieu. »
En s’exprimant ainsi, Monseigneur Mourad ne se contente pas de témoigner d’une situation locale ; il rappelle à la conscience internationale que les chrétiens du Moyen-Orient ne sont pas une minorité en transit, mais des témoins enracinés, appelés à vivre et à servir au cœur même de la souffrance.