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Tsunami dans le Pacifique : une onde puissante qui interroge la foi face aux forces de la nature

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Suite au séisme de magnitude 8,8 survenu dans la nuit du 30 juillet au large du Kamtchatka, de nombreuses régions du Pacifique sont en alerte. Alors que les autorités appellent à l’évacuation, cette catastrophe soulève aussi une question spirituelle : quel sens un chrétien peut-il donner à de tels événements ?

Un tremblement de terre exceptionnel, d’une magnitude de 8,8, a frappé dans la nuit de mardi à mercredi les fonds marins au large de la péninsule du Kamtchatka, dans l’Extrême-Orient russe. Ce séisme, le plus puissant enregistré dans la région depuis 1952, a engendré une onde océanique massive, déclenchant des alertes au tsunami à travers tout le bassin pacifique.

Le Japon, la Russie, la Chine, l’Équateur, le Pérou, Hawaï, la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et même la Californie ont ordonné des évacuations préventives. À Severo-Kourilsk, dans l’archipel russe des Kouriles, plusieurs vagues ont déjà submergé les rues. À Miyagi, au Japon, une première vague de 1,30 mètre a atteint un port, et des ondes jusqu’à 2,60 mètres sont attendues aux Marquises. À première vue, ces hauteurs peuvent sembler modestes, mais les spécialistes rappellent qu’à partir de 50 cm d’eau en mouvement, même un adulte peut être renversé, et qu’à partir de 1 mètre, des objets lourds flottent et deviennent des projectiles mortels. Les autorités polynésiennes ont déclenché le plan FR-Alert, envoyé des SMS d’urgence et fait retentir les sirènes.

L’inquiétude est d’autant plus vive que le souvenir du tsunami de 2011, lié à un séisme au large de Fukushima, reste vif. Ce dernier avait provoqué des dégâts considérables, dont la catastrophe nucléaire. Cette fois encore, la centrale de Fukushima a été évacuée à titre préventif.

Un monde exposé, une foi interpellée

Dans ce contexte, la question du sens revient avec force. Les catastrophes naturelles provoquent la peur, la dévastation, mais aussi l’interrogation spirituelle. Que dire, que croire, que comprendre quand la terre tremble et que les eaux montent ? La foi chrétienne n’offre pas de réponse simpliste. Elle ne voit pas ces événements comme une punition divine, mais les replace dans un monde marqué par la fragilité et la Chute. Saint Paul écrit : « La création toute entière gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Romains 8,22). Pour le chrétien, le désordre de la nature fait partie d’un monde en attente de rédemption.Face au mal naturel, l’Église enseigne que Dieu n’est pas l’auteur du mal, mais qu’il permet certaines épreuves pour en tirer un bien plus grand (Catéchisme de l’Église catholique, n° 311 et 324). Le Christ lui-même, interrogé sur les victimes d’un accident tragique (la tour de Siloé), a refusé toute interprétation punitive : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Luc 13,4-5). Le message n’est pas celui de la condamnation, mais celui de la conversion et de la vigilance.

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À chaque catastrophe, la foi chrétienne invite à trois réponses : la prière, la charité, et la méditation. Lors du tsunami de 2004 dans l’océan Indien, qui fit plus de 230 000 morts, de nombreuses organisations chrétiennes comme Caritas furent parmi les premières à se mobiliser. Jean-Paul II avait alors rappelé que la foi ne s’exprime pas d’abord en mots, mais en gestes de compassion : « Face à cette immense douleur, la communauté internationale doit faire preuve de solidarité concrète. »Aujourd’hui, les églises locales, les missions, les familles chrétiennes dans le Pacifique sont elles aussi en alerte, parfois en prière. Dans les îles, où la religion structure encore la vie quotidienne, la foi demeure un refuge face aux éléments.

Ces événements dramatiques rappellent enfin que la modernité technique ne peut pas tout maîtriser. Comme l’explique le sismologue Christophe Voisin (CNRS), « rien ne peut arrêter une onde océanique de cette puissance ». Quand l’homme se découvre impuissant, il peut choisir la révolte ou la prière. Le croyant, lui, se tourne vers Dieu avec cette confiance que rien n’échappe à sa Providence.Sans prétendre donner un sens absolu à une tragédie, la foi chrétienne invite à s’interroger sur notre rapport à la nature, à la vie, et à Dieu. Face à une mer qui gronde, l’homme ne peut que s’agenouiller ou fuir. Mais le croyant, lui, sait que même dans la tempête, le Christ est présent dans la barque.

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