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Un évêque argentin proche du pape François, condamné pour abus, en fuite ?

Monseigneur Gustavo Oscar Zanchetta et le Pape François - DR
Monseigneur Gustavo Oscar Zanchetta et le Pape François - DR
Protégé du pape, couvert par l'Église ? Où est passé Monseigneur Zanchetta ?

La justice argentine a confirmé la condamnation de Monseigneur Gustavo Oscar Zanchetta, ancien évêque d’Orán, à quatre ans et six mois de prison pour abus sexuels sur deux séminaristes. Pourtant, selon la justice, l’évêque serait actuellement à Rome pour y recevoir des soins au Policlinico Gemelli, bien que personne ne l’y ait vu. En Argentine, les fidèles manifestent leur indignation face à l’inaction de son successeur, Mgr Luis Antonio Scozzina.

Le 1er février, la cour d’appel de Salta a rejeté le recours des avocats de Zanchetta, confirmant ainsi la condamnation prononcée en 2022 par le tribunal de première instance d’Orán. Les juges ont validé les témoignages des victimes, les jugeant « un élément incriminant de grande valeur, car leurs récits sont cohérents et détaillés ».

Cette décision marque une reconnaissance judiciaire importante pour ces deux anciens séminaristes qui, au-delà du traumatisme des abus, ont dû affronter un climat pesant les ayant conduit à renoncer à leur vocation. L’un d’eux, orphelin et issu d’un milieu extrêmement pauvre, a publiquement exprimé son ressentiment à l’égard des autorités ecclésiastiques : « J’ai toujours pensé que les évêques sont les successeurs des apôtres et qu’ils doivent annoncer la vérité, et non être les successeurs de Pilate en se lavant les mains. »

L’ombre d’une amitié avec le pape François

Une question récurrente demeure : pourquoi Zanchetta a-t-il bénéficié d’une telle protection au sein de l’Église ?

En 2017, après avoir quitté à la surprise générale son diocèse d’Orán, il a été appelé à Rome pour occuper un poste créé sur mesure au sein de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA). Un rôle sans pouvoir, comme l’a précisé plus tard le Saint-Siège : « Un poste qui n’implique aucune responsabilité de gouvernement du dicastère. ».En 2019, la communication vaticane affirmait qu’à l’époque de sa nomination à l’APSA, seules des accusations de gestion autoritaire étaient connues, et non celles d’abus sexuels. Une déclaration contredite par des documents révélés par la journaliste argentine Silvia Noviasky, prouvant que des plaintes avaient été déposées contre lui dès 2015.

Selon La Nuova Bussola, le pape François était persuadé de l’innocence de Zanchetta et croyait à un complot basé sur des photos truquées. Toutefois, le pape ne lui faisait aucune confiance en matière de gestion, en raison d’accusations de mauvaise administration financière.

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En 2021, Monseigneur Zanchetta quitte officiellement son poste à l’APSA, puis est condamné. Incarcéré pendant quatre mois, il obtient ensuite une assignation à résidence pour raisons de santé, d’abord dans une clinique privée, puis dans un monastère de son ancien diocèse, suscitant la colère des fidèles.

En novembre dernier, la cour d’appel lui accorde l’autorisation de quitter l’Argentine pour recevoir des soins à Rome, présumément au Policlinico Gemelli. Mais aucune preuve de son hospitalisation n’a été fournie. La Nuova Bussola rapporte que Monseigneur Zanchetta aurait demandé à aller au Gemelli pour traiter des problèmes cardiaques.

Or, depuis son retour à Rome, son lieu de résidence reste un mystère. Contrairement à la période 2017-2020 où il était régulièrement aperçu au Vatican, aujourd’hui, personne ne semble savoir où il se trouve. Les juges argentins, qui attendent son retour cette semaine, suivront-ils de près son itinéraire ?

Pendant ce temps, en Argentine, les fidèles continuent d’exiger des comptes. Ils redoutent que l’évêque Zanchetta purge sa peine dans un monastère plutôt qu’en prison. Le cas de Mgr Zanchetta, loin d’être clos, soulève une fois de plus la question de la gestion des abus au sein de l’Église.

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