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Un pape en poncho, symbole d’un effacement de Dieu ?

Capture écran - DR
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Son apparition surprise en fauteuil roulant, vêtu d’un simple poncho, interroge : geste d’humilité ou image finale d’un pontificat tourné vers lui-même ?

Vendredi 11 avril le pape François est apparu une nouvelle fois à la surprise générale sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. En fauteuil roulant, coiffure en bataille, vêtu d’un pantalon noir, d’un pull blanc et d’un poncho à rayures sombres jeté sur les épaules, il a salué brièvement la foule. Une image saisissante, immédiatement relayée dans le monde entier. Mais que symbolise-t-elle réellement ?

Pour certains fidèles, elle est un geste de simplicité et de proximité. Pour d’autres, elle cristallise l’ambiguïté d’un pontificat qui, depuis douze ans, a déstabilisé les repères et les fondements de l’autorité spirituelle. Cette apparition inhabituelle s’inscrit dans la continuité d’un pontificat qui a, selon certains observateurs, tourné le dos à la dimension sacrée du ministère pétrinien.Depuis son élection, Jorge Mario Bergoglio n’a cessé de surprendre. Mais cette volonté de rupture constante interroge. Comme le souligne un éditorial italien publié ce 14 avril :

« François a toujours agi à l’inverse. Il s’est servi du pontificat pour faire avancer ses idées et écarter ceux qu’il percevait comme des opposants à son programme personnel. »

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À rebours de son prédécesseur, Benoît XVI, qui voyait dans le port de la soutane blanche et dans le respect rigoureux de la liturgie un acte d’effacement au service du Christ, François a très tôt opté pour une approche qu’il a lui-même défini. Là où Benoît affirmait que le pape « doit disparaître derrière la soutane blanche », François a semblé, au contraire, mettre en avant sa personne. Une différence théologique et spirituelle profonde.

Le vaticaniste Gian Franco Svidercoschi, pourtant peu suspect de traditionalisme, l’affirme sans détour : « Sous couvert d’Église synodale, François a réalisé le pontificat le plus absolutiste de l’histoire, piétinant, presque littéralement, cardinaux et évêques. » Il ajoute : « L’Eglise de François a perdu beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autorité morale. » Un jugement sévère, que de nombreux catholiques partagent aujourd’hui en silence.

Et de conclure par cette formule sans appel : « Pendant les trois quarts du pontificat, il manquait l’absolu. Il manquait Dieu. »

Alors, que reste-t-il ? L’image d’un pontife en poncho, qui s’avance seul, affaibli, dans la basilique vaticane. Une image qui semble vouloir tout dire – ou peut-être rien. Mais qui résume, à sa manière, un pontificat où le geste a souvent pris le pas sur le rite, et où la personne a parfois éclipsé le mystère qu’elle était censée servir.Un pape en poncho. Est-ce un symbole de simplicité évangélique ? Ou la mise en scène finale d’un pontificat qui, dès le premier soir, avait commencé par cette phrase devenue signature : « Fratelli e sorelle, buonasera » ? À vous de juger. Mais une question demeure : un pape peut-il vraiment porter le poids de l’Église sans se laisser recouvrir par le Christ qu’il représente ?

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