Le père Augustine Dauda Amadu, curé de la paroisse de l’Immaculée Conception à Kenema , a été brutalement tué dans sa résidence dans la nuit du 29 au 30 août. Figure respectée pour son engagement pastoral et social, son assassinat plonge l’Église catholique de Sierra Leone dans le deuil et relance les inquiétudes face à l’insécurité grandissante dans le pays.Kenema, capitale de la région orientale de la Sierra Leone, vit des heures sombres après l’assassinat du père Augustine Dauda Amadu. Le prêtre, en poste à la paroisse de l’Immaculée Conception, a été attaqué par des hommes armés dans sa résidence durant la nuit. Selon les premiers témoignages, une violente confrontation aurait éclaté entre le religieux et ses assaillants, conduisant à sa mort.
Son corps a été transféré à la morgue de l’hôpital gouvernemental de Kenema. Les forces de sécurité locales ont ouvert une enquête et affirment privilégier la piste d’un braquage à main armée, même si la brutalité de l’agression suscite de nombreuses interrogations.Le père Amadu était connu pour sa douceur, sa disponibilité et son courage. Prêtre depuis plusieurs années, il s’était engagé activement auprès des jeunes et des familles vulnérables. Ses homélies vigoureuses contre la corruption et la criminalité lui avaient valu un respect profond, mais aussi, selon certains paroissiens, des inimitiés dans certains milieux. « Nous avons perdu un guide et un père. Il ne ménageait jamais ses efforts pour défendre la dignité humaine », témoigne un fidèle bouleversé.
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Le diocèse de Kenema, érigé en 1970 et dont l’évêque actuel est Monseigneur Henry Aruna, a exprimé une profonde douleur et une immense tristesse face à ce drame. Dans un communiqué, l’évêque a appelé les fidèles à rester unis dans la prière et dans la paix, demandant également aux autorités de garantir la sécurité des communautés chrétiennes. La Conférence épiscopale de Sierra Leone devrait publier dans les prochains jours une déclaration commune. Un message de condoléances du Saint-Siège est également attendu, le Vatican réagissant généralement rapidement à de tels drames.Cet assassinat survient dans un contexte d’insécurité croissante. La Sierra Leone connaît une recrudescence des vols armés et des attaques dans les provinces. Selon des sources locales, la région de Kenema a enregistré plusieurs cas récents d’agressions violentes, alimentant un climat de peur. Les populations réclament désormais une réaction ferme du gouvernement pour enrayer cette spirale de criminalité. « Si même un prêtre peut être tué chez lui, personne n’est en sécurité », déplore un habitant du quartier Burma.
Bien que minoritaire dans ce pays majoritairement musulman, l’Église catholique joue un rôle essentiel dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la réconciliation nationale. L’assassinat du père Amadu représente un choc non seulement pour les catholiques mais aussi pour la société sierra-léonaise dans son ensemble. À Kenema, les fidèles se sont rassemblés spontanément dans l’église de l’Immaculée Conception pour prier et chanter des cantiques en mémoire de leur pasteur. Une messe de requiem sera célébrée dans les prochains jours.L’histoire du père Amadu résonne comme un témoignage de fidélité et de courage. Son engagement à dénoncer le mal, malgré les menaces de son environnement, rappelle la mission des prêtres appelés à être témoins de la lumière jusqu’au sang, selon l’expression de nombreux martyrs chrétiens. En Sierra Leone comme ailleurs, son assassinat apparaît déjà comme un appel à la paix et à la solidarité.