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Un prêtre philippin suspendu pour avoir béni un monument maçonnique

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"Cet acte, quelle qu’en soit l’intention, contredit l’enseignement clair et constant de l’Église sur la franc-maçonnerie et a causé scandale parmi les fidèles"

L’Ordre des Augustins Déchaussés (OAD) a suspendu le père Libby Daños, l’un de ses missionnaires les plus connus en Asie, après sa participation à la bénédiction d’un monument maçonnique à Ormoc, un acte jugé contraire à l’enseignement de l’Église catholique.Le religieux, pionnier des missions asiatiques de l’OAD depuis près de trente ans, a pris part le 11 août dernier à une cérémonie dans le barangay San Pablo, où une pierre symbolique érigée par une loge maçonnique a été inauguré. Il a reconnu sa présence mais a affirmé ne pas avoir pleinement mesuré la nature du rituel. L’ordre a toutefois rappelé que l’intention ne diminuait pas la gravité de l’acte.Dans un communiqué daté du 1er septembre 2025 et signé par le père Luigi Kerschbamer, prieur provincial, ainsi que par le conseil de l’OAD en Asie, il est précisé : « Cet acte, quelle qu’en soit l’intention, contredit l’enseignement clair et constant de l’Église sur la franc-maçonnerie et a causé scandale parmi les fidèles. » Le père Daños a exprimé de profonds regrets et coopère à une enquête canonique. En attendant son issue, il a été suspendu de tout ministère public.

Rappelons que l’Église catholique s’est toujours opposée à la franc-maçonnerie. Dès 1738, Clément XII condamnait son esprit ésotérique et relativiste dans la bulle In eminenti apostolatus. Léon XIII, dans son encyclique Humanum genus (1884), dénonçait une organisation qui combat les principes chrétiens dans la société. Plus récemment, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 1983, a réaffirmé que « l’inscription aux associations maçonniques demeure interdite pour les fidèles ».En novembre 2023, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, avec l’approbation du pape François, a rappelé l’incompatibilité fondamentale entre foi catholique et appartenance maçonnique, en réponse à une question d’un évêque philippin. Aux Philippines, où la maçonnerie jouit d’une forte influence et compte de nombreux sympathisants, cette clarification visait à dissiper toute ambiguïté.

Le 24 février 2024, Monseigneur Antonio Staglianò, évêque émérite de Noto en Sicile et depuis août 2022 président de l’Académie pontificale de théologie, affirmait dans une interview aux médias du Vatican que la franc-maçonnerie constitue une « hérésie fondamentalement alignée sur l’arianisme », car elle conçoit Dieu comme un « Grand Architecte de l’Univers » dérivé de la raison humaine, niant ainsi la divinité du Christ.Cette vision purement rationnelle s’oppose à la foi chrétienne, centrée sur la Révélation en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. Il a également souligné que la fraternité maçonnique et sa philanthropie ne sauraient être confondues avec la charité chrétienne, fondée sur le sacrifice du Christ et célébrée dans les sacrements. Enfin, il a insisté sur l’incompatibilité : joindre une loge maçonnique place les fidèles en état de péché grave, les empêchant de recevoir la communion.

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L’histoire nationale complique encore la perception. Plusieurs héros de l’indépendance, comme José Rizal, étaient liés aux loges maçonniques. Leur opposition aux religieux espagnols a laissé une empreinte durable, contribuant à une certaine tolérance culturelle vis-à-vis de la maçonnerie. Pourtant, l’Église insiste : aucune circonstance historique ou politique ne peut justifier une adhésion ou une participation aux rites maçonniques.Pour l’OAD, l’incident met en lumière l’importance d’une formation solide. « Cet épisode nous rappelle la vigilance nécessaire pour préserver l’identité catholique et la fidélité au témoignage de l’Évangile », a déclaré le père Kerschbamer, annonçant un renforcement de la formation des religieux afin qu’ils discernent plus clairement les situations ambiguës.

L’affaire constitue aussi un appel à la prière pour les prêtres, appelés à être des témoins cohérents :céder à des compromis fragilise non seulement la mission de l’Église, mais aussi la foi du peuple chrétien.

L’affaire Daños illustre un enjeu mondial. En France, la franc-maçonnerie demeure l’un des piliers spirituels des élites républicaines, influençant la vie politique, sociale et culturelle. L’Église catholique, quant à elle, continue de rappeler que ces loges promeuvent une vision du monde incompatible avec la foi chrétienne. Le contraste entre une influence maçonnique croissante et une Église appelée à rester fidèle à l’Évangile souligne l’importance d’une vigilance pastorale universelle.Au-delà du cas philippin, c’est donc toute l’Église qui est invitée à garder intacte son identité et à résister à toute compromission avec des idéologies contraires à la foi.

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