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Un salésien tétraplégique en route vers la béatification : l’incroyable témoignage de Nino Baglieri

Nino Baglieri écrivant avec sa bouche - DR diocesinoto.it
Nino Baglieri écrivant avec sa bouche - DR diocesinoto.it
De la souffrance à la sainteté, le parcours bouleversant d’un laïc salésien tétraplégique qui a illuminé la vie de milliers de malades

Le processus de béatification du Serviteur de Dieu Antonino « Nino » Baglieri, laïc salésien tétraplégique, a franchi une étape importante. Le Dicastère pour les Causes des Saints a récemment validé l’enquête diocésaine sur sa vie et ses vertus héroïques, ouvrant la voie à la prochaine phase du procès canonique.

La communication officielle, signée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère, a été reçue le 21 janvier 2025 par le P. Pierluigi Cameroni, postulateur général pour les causes des saints de la Famille Salésienne. Cette reconnaissance marque un tournant décisif pour celui qui, malgré une vie marquée par la paralysie, est devenu un phare d’espérance et de foi pour les malades du monde entier.

Une jeunesse brisée par un accident

Né le 1ᵉʳ mai 1951 à Modica, en Sicile, Antonino « Nino » Baglieri grandit dans une famille modeste, au sein d’une région où la piété populaire est profondément ancrée. À 17 ans, il travaille comme apprenti maçon lorsque, le 6 mai 1968, il fait une chute dramatique de 17 mètres depuis un échafaudage. Cet accident bouleverse sa vie : il reste totalement paralysé, tétraplégique, incapable de bouger le moindre membre.

Dès lors, sa mère Giuseppina, femme de foi et de courage, décide de consacrer sa vie aux soins de son fils. Elle le soutient dans son combat quotidien, l’accompagne d’hôpital en hôpital, mais aucun traitement ne permet d’améliorer son état. En 1970, après deux ans de soins sans espoir de guérison, Nino rentre chez lui. C’est alors que commence une décennie d’isolement, de douleur et de désespoir.

Se sentant inutile, il sombre dans la tristesse et refuse toute forme de consolation. Sa chambre devient son univers, un espace de solitude où il lutte contre une souffrance physique et spirituelle intense.

Un Vendredi Saint qui change tout

Mais un événement inattendu va bouleverser sa destinée. Le 24 mars 1978, un Vendredi Saint, un groupe de la Rencontre Charismatique Catholique vient prier auprès de lui. Pendant ce moment de prière, Nino ressent un changement intérieur profond. Ce n’est pas une guérison physique, mais une conversion radicale : il comprend que sa souffrance peut devenir un chemin de sainteté.

Dès cet instant, il accepte avec foi la Croix qui lui est donnée. Il plonge dans la lecture de la Bible, en particulier des Évangiles, et découvre une nouvelle mission : annoncer l’amour du Christ aux autres, en particulier aux malades et aux souffrants.

De la paralysie à l’évangélisation

Son handicap, loin de l’enfermer, devient un moyen d’évangélisation. Avec patience et persévérance, Nino apprend à écrire avec la bouche. Ce qui semblait impossible devient un miracle quotidien : il rédige des lettres de réconfort pour des malades du monde entier, partageant son témoignage, sa foi et son espérance.

Il commence également à rédiger des cartes spirituelles personnalisées pour les personnes qui viennent lui rendre visite. Il garde précieusement des carnets de contacts avec les numéros de téléphone des malades qu’il encourage, appelant chacun par son prénom, leur transmettant consolation et sérénité.

Un engagement avec les Salésiens

Le 6 mai 1982, Nino commence à célébrer chaque année l’anniversaire de sa Croix, un jour qu’il considère non plus comme une malédiction, mais comme une grâce transformante.Cette même année, il s’engage dans la Famille Salésienne, devenant Salésien Coopérateur, puis, en 2004, il prononce sa profession perpétuelle au sein des Volontaires avec Don Bosco. Inspiré par le charisme de Saint Jean Bosco, il trouve dans cette famille spirituelle un cadre idéal pour poursuivre son œuvre d’évangélisation.

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Vers la béatification : où en est la cause ?

Après 39 ans de paralysie, il s’éteint le 2 mars 2007, à 8h du matin. Fidèle à son esprit de simplicité et d’humilité, il avait exprimé un dernier vœu : être enterré en vêtements de sport et en baskets, symbole de son désir de courir vers Dieu pour son ultime rencontre.Le processus de béatification de Nino Baglieri a été officiellement ouvert en 2014 par le diocèse de Noto. L’enquête diocésaine, menée avec rigueur, s’est achevée en mai 2024 après dix années d’examen approfondi.

Le 21 janvier 2025, le Dicastère pour les Causes des Saints a validé cette enquête, reconnaissant la valeur des témoignages et l’importance des documents collectés. Cette étape marque un tournant décisif : la cause entre désormais dans la phase romaine.L’étape suivante consistera en la rédaction de la Positio super virtutibus, un document détaillant les vertus héroïques du Serviteur de Dieu. Un rapporteur sera nommé pour superviser cette phase avant qu’une reconnaissance officielle de ses vertus ne puisse ouvrir la voie à sa béatification.

« Nino Baglieri a été un apôtre et un missionnaire de la joie, même sous le poids de cette croix qu’il a su embrasser tout au long de sa vie. Il a su remettre sa vie entre les mains du Père, à l’image de Jésus. À travers la croix, nous pouvons atteindre la lumière. Car c’est à travers la mort que vient la renaissance : ici réside tout le mystère de l’Évangile », a déclaré l’évêque.

L’histoire de Nino Baglieri est un témoignage bouleversant de l’action de Dieu dans la faiblesse humaine. Son handicap, loin d’être une entrave, a été un chemin de sainteté, une source d’espérance pour les malades et un exemple pour tous.

À l’heure où notre monde cherche souvent le bien-être et la réussite matérielle, son message nous rappelle que la vraie victoire est intérieure. Son acceptation de la Croix, son engagement dans l’évangélisation et sa joie de vivre, malgré la souffrance, en font une figure lumineuse et inspirante.

Alors que son procès de béatification avance, son intercession continue d’être invoquée par ceux qui souffrent, rappelant que la sainteté est accessible à tous, même dans l’immobilité, même dans la douleur, et que Dieu peut transformer la plus grande épreuve en un témoignage d’amour et de foi absolue.

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