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Une étude démontre que les pratiques liturgiques traditionnelles renforcent la foi en la Présence réelle

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Une recherche universitaire met en lumière l’impact décisif des gestes liturgiques sur la croyance eucharistique

La question de la foi en la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie est au cœur de l’identité catholique, mais elle traverse aujourd’hui une crise profonde. Selon une étude menée par la Dre Natalie A. Lindemann, professeur de psychologie à l’université William Paterson (New Jersey), les pratiques liturgiques traditionnelles jouent un rôle déterminant pour nourrir cette foi. Publiée dans le Catholic Social Science Review, sa recherche établit que la manière dont les fidèles reçoivent et vivent la liturgie influence directement leur conviction eucharistique.

Les données rappellent un constat préoccupant : seulement 57 % des catholiques américains disent croire à la Présence réelle, un chiffre en net recul par rapport aux décennies passées. De nombreux penseurs catholiques ont déjà avancé que certaines réformes liturgiques introduites après le concile Vatican II ont affaibli la centralité de l’Eucharistie, en déplaçant l’attention vers l’assemblée. Parmi ces changements, l’orientation du prêtre vers le peuple (ad populum), l’abandon des clochettes de consécration et la généralisation de la communion dans la main sont régulièrement cités comme ayant contribué à un affaiblissement du sens du sacré.

Pour la Dre Lindemann, ces évolutions ne sont pas de simples options pastorales. Elles touchent à la manière dont les croyants perçoivent le mystère eucharistique. La recherche montre que ceux qui communient sur la langue, ou qui voient d’autres le faire, croient beaucoup plus fermement en la Présence réelle que ceux qui communient uniquement dans la main. L’usage des clochettes à la consécration joue également un rôle significatif, tout comme la fréquentation de la messe traditionnelle en latin.

Ces résultats rejoignent une intuition fondamentale de la théologie catholique : l’unité de l’âme et du corps dans l’acte de foi. Comme le rappelle le Catéchisme (n° 365), « l’esprit et la matière, en l’homme, ne sont pas deux natures unies, mais leur union forme une unique nature ». Saint Thomas d’Aquin enseignait déjà que les signes corporels sont nécessaires au culte religieux, parce qu’ils éduquent l’âme et façonnent la perception du sacré.

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Les données démographiques confirment cette perspective : les catholiques ayant grandi avant le concile Vatican II, à une époque où ces gestes traditionnels étaient la norme, manifestent une foi eucharistique plus solide que ceux formés dans les décennies qui ont suivi. L’étude suggère donc qu’un retour à des pratiques liturgiques centrées sur l’Eucharistie,génuflexions, agenouillement, communion sur la langue, messe en latin ,pourrait être un chemin concret pour revitaliser la foi dans la Présence réelle.

Au-delà des États-Unis, ces résultats rejoignent une préoccupation partagée dans l’ensemble de l’Église. Le pape Léon XIV a récemment insisté sur la nécessité de replacer l’Eucharistie au centre de la vie chrétienne, rappelant qu’« une Église qui ne vit plus de l’adoration est une Église qui se dessèche ». Dans plusieurs conférences épiscopales, notamment en Afrique, des voix fortes comme celle du cardinal Fridolin Ambongo alertent sur les dérives liturgiques qui relativisent le mystère sacramentel et affaiblissent la foi.En Europe, la situation est tout aussi préoccupante. En France, les enquêtes d’opinion révèlent que seule une minorité de catholiques pratique régulièrement l’adoration eucharistique et que la croyance en la Présence réelle recule. Pourtant, on observe aussi un attrait croissant des jeunes générations pour des formes liturgiques plus traditionnelles, qu’il s’agisse de la messe en latin selon le rite tridentin ou d’une redécouverte du silence et de la beauté dans la liturgie. Ce retour aux sources est perçu par beaucoup comme une réponse au relativisme ambiant et comme une voie vers une foi plus enracinée.

Alors que l’Église universelle se prépare au Jubilé de 2033, centré sur le mystère pascal, cette étude sonne comme un appel. Le renouveau eucharistique ne pourra se limiter à des campagnes de communication ou à des initiatives ponctuelles : il passera par un retour réel au sens du sacré, exprimé dans les gestes, les attitudes et le langage de la liturgie.La Dre Lindemann nous rappelle une vérité fondamentale : la liturgie n’est pas secondaire. Elle est une école de foi, un lieu où le visible conduit à l’invisible. Retrouver le trésor des pratiques traditionnelles pourrait bien être, pour l’Église universelle comme pour l’Église en France, un des chemins les plus sûrs pour ranimer la foi eucharistique au cœur des fidèles.

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