Alors que des millions sont investis dans un musée d’art contemporain à la ligne idéologique marquée, l’héritage du plus grand Polonais de l’histoire est menacé par une politique anticléricale assumée.Lorsque l’idée d’un musée consacré à l’héritage intellectuel de saint Jean-Paul II a vu le jour en Pologne, il a été baptisé Musée « Mémoire et Identité », reprenant le titre du livre du pape Karol Wojtyła publié en 2005. Cet ouvrage est une réflexion sur l’histoire de la Pologne, l’identité de l’Europe façonnée par le christianisme, ainsi que sur le mystère du mal, incarné dans les grandes dictatures du XXe siècle, comme le nazisme et le communisme, que Wojtyła a lui-même vécus.
Ce musée, construit dans la ville de Toruń, a été cofondé par le ministère de la Culture et du Patrimoine national et la Fondation Lux Veritatis. Aujourd’hui, les bâtiments sont achevés et il ne reste plus qu’à finaliser l’exposition. Mais avec le changement de gouvernement, le ministère de la Culture, dirigé par Hanna Wroblewska, tente d’enterrer cette initiative, comme tant d’autres projets visant à préserver la mémoire du pape polonais. Une décision purement politique et idéologique, quitte à gaspiller l’argent public déjà investi dans ce musée d’État.
Une offensive politique contre l’héritage catholique de la Pologne
L’argument avancé par le ministère repose sur un prétendu problème contractuel concernant l’utilisation du terrain. Pourtant, les faits démentent ces accusations. En mai 2023, un acte notarié a confirmé que la Fondation Lux Veritatis avait bien obtenu l’extension de son droit d’usage sur le site du musée. Malgré cela, le gouvernement a persisté à intenter une action en justice, qui a été rejetée dès le 23 décembre 2024 par le tribunal de district de Varsovie en raison de graves irrégularités juridiques dans la plainte déposée.
Mais ce revers judiciaire n’a pas freiné la détermination du gouvernement à empêcher l’ouverture du musée. La Fondation Lux Veritatis dénonce une pression politique énorme sur la justice, laissant entendre que l’objectif n’est pas seulement administratif mais bien idéologique : faire disparaître un lieu dédié à Jean-Paul II et à l’identité catholique de la Pologne.
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Pendant que le gouvernement bloque ce musée catholique, il dépense sans compter pour un autre projet beaucoup plus conforme à sa ligne progressiste : le Musée d’Art Contemporain de Varsovie, voulu par le maire de la capitale Rafal Trzaskowski, proche de Donald Tusk et vice-président du parti Plateforme Civique.
Ce musée a coûté la somme astronomique de 700 millions de zlotys (environ 166 millions d’euros), pour un bâtiment au design froid et impersonnel, qualifié de « supermarché culturel » par certains critiques. Si son contenu est encore largement vide, il n’en reste pas moins un véhicule idéologique, proposant dans sa boutique des ouvrages faisant la promotion de l’idéologie LGBT et de la théorie du genre.
L’un des livres mis en avant est le roman graphique « Gender Queer : une autobiographie », qui contient des scènes sexuellement explicites, dont une représentation de sexe oral entre deux garçons. Ce choix éditorial en dit long sur la ligne culturelle et morale que promeut le gouvernement Tusk : d’un côté, la suppression du
Une Pologne qui renie son plus grand homme ?
Cette affaire dépasse largement le simple cadre d’un musée. Elle illustre la volonté d’un gouvernement de rompre avec l’héritage chrétien de la Pologne, un pays pourtant profondément attaché à sa foi. La tentative d’effacement de Jean-Paul II n’est pas un acte isolé : suppression progressive des croix dans les bâtiments publics, attaques médiatiques constantes contre les prêtres et l’Église,volonté d’éliminer la catéchèse des écoles
Le gouvernement Tusk s’inscrit dans une dynamique de déchristianisation accélérée, alignée sur les tendances dominantes en Europe occidentale. Mais la Pologne n’est pas la France ou l’Allemagne : elle reste une nation profondément marquée par la foi catholique, et l’hostilité affichée du pouvoir actuel envers l’Église pourrait bien se heurter à une résistance massive de la population.
Face à cette situation, la Fondation Lux Veritatis en appelle à un dialogue responsable et au respect de l’histoire et de l’identité polonaises. L’avenir du Musée « Mémoire et Identité » est un test pour la Pologne : cédera-t-elle à la pression idéologique ou défendra-t-elle son héritage chrétien et national ?
Avec NBussola