Le Vatican a confirmé l’ouverture d’une enquête interne après un incident survenu le 29 octobre en place Saint-Pierre, impliquant un garde suisse pontificale soupçonné d’avoir proféré des propos antisémites à l’encontre de deux femmes de confession juive.Les faits se seraient produits à l’entrée de l’Arco delle Campane, alors que les deux femmes, dont l’écrivaine et metteuse en scène israélienne Michal Govrin, s’apprêtaient à participer à une audience du pape Léon XIV marquant l’anniversaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate. Selon leurs témoignages, la garde aurait lancé dans leur direction l’expression « les juifs ! », avant d’exécuter un geste de crachat.
« Nous avons été complètement choquées. Un tel incident, au Vatican même, est une évidente expression de haine envers les juifs, en totale contradiction avec les paroles du pape la veille », a déclaré Michal Govrin à l’agence autrichienne Kathpress.
Le porte-parole de la Garde suisse, le caporal Eliah Cinotti, a confirmé à l’agence Ansa qu’un « épisode litigieux » avait été signalé à l’un des postes de service, précisant qu’une procédure interne et confidentielle avait été immédiatement engagée. Selon Michal Govrin, le commandant de la Garde aurait ensuite présenté ses excuses de manière « sincère », tout en reconnaissant la gravité de l’incident.L’incident est survenu lors des commémorations de Nostra Aetate, la déclaration du Concile Vatican II de 1965 qui a profondément renouvelé la relation entre l’Église catholique et les religions non chrétiennes, notamment le judaïsme. Ce jour-là, des représentants de plusieurs confessions se trouvaient place Saint-Pierre pour célébrer les soixante ans du texte.
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Dans son discours, le pape Léon XIV avait rappelé avec force que « l’Église ne tolère pas l’antisémitisme et le combat au nom même de l’Évangile ». Une phrase désormais répercutée par de nombreux médias comme un rappel opportun à la lumière de l’incident survenu le lendemain.Selon les données de l’Observatoire de l’antisémitisme de la Fondation du Centre de documentation juive contemporaine (CDEC), près de 500 cas d’antisémitisme ont été recensés en Italie au cours du premier semestre 2025, contre 874 pour toute l’année 2024. Une tendance en hausse que plusieurs responsables religieux jugent préoccupante.
Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a souligné que depuis le 7 octobre, « les attaques contre les juifs ont augmenté de manière exponentielle ». De son coté, le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi, a réaffirmé à cette occasion : « Nous devons toujours combattre l’antisémitisme. Avec le monde juif, nous devons continuer à grandir dans l’amitié et à surmonter les incompréhensions du passé. »L’affaire, désormais entre les mains des autorités vaticanes, rappelle la vigilance avec laquelle le Saint-Siège entend traiter toute manifestation de haine ou de discrimination. La Garde suisse pontificale, symbole séculaire de fidélité au pape, a réaffirmé sa volonté de « faire toute la lumière » sur les faits.Dans un climat européen marqué par une résurgence d’actes antisémites, l’épisode du 29 octobre apparaît comme un test de cohérence morale pour l’Église catholique, qui s’efforce depuis le concile de bâtir un dialogue sincère et durable avec Israël .


