Cette année, le Grand Pardon de Sainte-Anne-d’Auray revêt un caractère exceptionnel. Il vient clore solennellement trois années jubilaires consacrées à la commémoration des apparitions de sainte Anne à Yves Nicolazic en 1624. Ce paysan breton pieux, vivant à Keranna, près d’Auray, reçoit à plusieurs reprises des lumières et des songes mystérieux. Dans la nuit du 25 au 26 juillet 1624, une femme d’une grande majesté lui apparaît clairement et lui dit : « Je suis Anne, mère de Marie. » Elle lui demande de rebâtir une chapelle tombée en ruine, où elle était autrefois honorée. À la suite de cette demande, et après plusieurs signes surnaturels, la statue d’ancienne dévotion est miraculeusement retrouvée dans un champ, marquant le début d’un culte qui attire des foules dès les premiers mois.
Ce lieu deviendra au fil des siècles le sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray, principal lieu de pèlerinage breton, aujourd’hui le troisième de France après Lourdes et Lisieux.
Le sommet spirituel du Grand Pardon aura lieu le samedi 26 juillet, jour de la fête liturgique de sainte Anne, avec une messe ( retransmise sur CNews) pontificale célébrée en présence du cardinal Robert Sarah, envoyé spécial du Saint-Père, et de nombreux évêques, dont Monseigneur Dominique Rey. Leur présence souligne l’importance de cette célébration pour l’Église universelle et pour la vitalité de la foi en Bretagne.
Dans un message adressé aux fidèles, Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, appelle à une large mobilisation :
« Terminer ce Jubilé par une participation massive au Grand Pardon en présence du légat du Pape, Son Éminence Monsieur le Cardinal Sarah, sera un évènement d’une portée exceptionnelle », écrit-il, soulignant que cette reconnaissance du Saint-Siège « renforcera le rayonnement spirituel du sanctuaire » et « manifestera la vivacité de la foi populaire, enracinée dans la tradition ».
Lire aussi
Le programme s’annonce comme un moment de piété populaire dense et profondément spirituel : l’arrivée solennelle de la troménie de sainte Anne, procession traditionnelle bretonne, rejoindra la maison Nicolazic. Des temps d’adoration eucharistique, de louange, de prière, ainsi que la vénération des reliques seront proposés tout au long des journées. Les pèlerins seront également invités à recevoir le sacrement de la réconciliation, condition essentielle pour bénéficier de l’indulgence plénière attachée au Grand Pardon. Des veillées, des enseignements pour les jeunes, des concerts et un feu d’artifice viendront ponctuer ces journées dans une ambiance festive mais profondément chrétienne.
Ce pèlerinage est bien plus qu’un événement local : il s’inscrit dans la grande tradition des pardons bretons, où se conjuguent piété populaire, enracinement historique et ouverture universelle. Sainte Anne, vénérée comme la grand-mère de tout un peuple, continue aujourd’hui d’appeler les cœurs à la conversion.
Alors que tant de repères vacillent dans notre monde contemporain, cette célébration rappelle la fidélité de Dieu dans l’histoire des hommes et l’importance des témoins humbles, comme Yves Nicolazic, à qui fut confié un message simple mais exigeant : rebâtir, prier, transmettre. Quatre siècles plus tard, son obéissance et sa foi continuent de porter du fruit.