Alors que l’Église se trouve à un tournant décisif, la question de la succession du pape François s’intensifie, alimentée par les rumeurs d’une possible démission. Dans ce contexte, un nom jusqu’ici peu attendu commence à circuler avec insistance : celui du cardinal maltais Mario Grech. Secrétaire général du Synode des évêques, il incarne la ligne réformatrice de l’actuel pontificat et pourrait représenter la continuité tant recherchée par certains.
Le président émérite du Conseil pontifical pour la culture,le cardinal Gianfranco Ravasi, a récemment brisé un tabou en déclarant que si le pape « se trouvait dans une situation où sa capacité de communication directe, immédiate et décisive était compromise, alors il pourrait décider de démissionner ». Des propos qui résonnent avec ceux de plusieurs cardinaux influents, dont Jean-Marc Aveline, Juan José Omella et Jean-Claude Hollerich, qui ont publiquement affirmé : « L’Église avance, on ne revient pas en arrière ». Une façon pour eux d’insister sur la nécessité de poursuivre les réformes engagées sous François et d’ancrer définitivement la synodalité comme norme ecclésiale.
Mario Grech : un cardinal au centre de la synodalité
Originaire de Gozo, à Malte, le cardinal Mario Grech s’est imposé au fil des années comme une figure clé du processus synodal. Ordonné prêtre en 1984, puis évêque de Gozo en 2005 sous Benoît XVI, il est devenu un acteur majeur du Synode des évêques. En 2014, il se distingue par une intervention remarquée lors du Synode sur la famille, attirant l’attention du pape François.
En octobre 2019, il est nommé pro-secrétaire général du Synode des évêques, avant d’en prendre officiellement la tête en 2020. Sa mission : piloter la grande réforme synodale du pape François, qui vise à redéfinir la gouvernance de l’Église en renforçant la participation des laïcs et des évêques dans les prises de décisions.
Son approche réformatrice ne fait toutefois pas l’unanimité. Certains observateurs estiment qu’il soutient publiquement les orientations du Chemin synodal allemand, notamment en faveur de structures de gouvernance dirigées par des laïcs, de la bénédiction des unions homosexuelles et de l’intercommunion avec les protestants (The Pillar, 17 octobre 2022).
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Avec la santé fragile du pape François et la perspective d’un conclave anticipé, le cardinal Mario Grech apparaît comme un candidat sérieux. Son positionnement le place comme une alternative plus « digérable » que le cardinal Jean-Claude Hollerich, considéré comme le véritable idéologue de la ligne ultra-libérale. Son origine maltaise et son réseau international, développé au fil des années par la dynamique synodale, renforcent son profil.Si son Eminence Grech venait à être choisi, la continuité avec l’actuel pontificat serait assurée. Mais cette éventualité divise : pour certains, elle représente une avancée inéluctable vers une Église plus inclusive et décentralisée ; pour d’autres, elle incarne un risque de rupture » définitive » avec la tradition.
Alors que les discussions autour d’un successeur s’intensifient, le cardinal Grech fête discrètement ses 68 ans. Un âge symbolique, puisque c’est à cet âge que Joachim Pecci fut élu sous le nom de Léon XIII. Son nom circulera-t-il dans la Chapelle Sixtine si un conclave se précipite ? Une chose est sûre : l’Église se trouve à un moment charnière, et le choix du prochain pape déterminera son avenir pour les décennies à venir.