Dans la nuit du 12 décembre 2025 , plus d’un millier de jeunes catholiques venus des quartiers populaires du Val-d’Oise, de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne se sont réunis à l’église Saint-Roch, à Paris, à l’initiative du collectif Cité Céleste. Cette veillée, placée sous le thème heureux les artisans de paix , avait pour ambition de manifester la vitalité de la foi catholique au cœur des cités et de rassembler une jeunesse souvent minoritaire dans ces territoires.
🔴⚡️Cité Céleste à l'église Saint-Roch : savoir aussi recentrer le regard sur l’adoration
— Tribune Chrétienne (@tribuchretienne) December 17, 2025
📌À la lumière des images d’adoration et de recueillement, il est permis d’espérer que ces jeunes, emmenés avec courage par des prêtres de la Communauté Saint-Martin,
poursuivent ce… pic.twitter.com/sTItxL88e7
Dans son article, Tribune Chrétienne a exprimé son trouble et sa profonde réserve face à ce qui s’est donné à voir lors de cette nuit de prière. Nous avons été choqués par une forme de louange que nous avons qualifiée d’identitaire, tant elle mettait en avant un rythme, une gestuelle et une danse qui, selon nous, n’avaient pas leur place dans l’église Saint-Roch. Ce constat ne portait ni sur la foi des jeunes présents, ni sur leur ferveur, mais sur la signification spirituelle de ces expressions lorsqu’elles deviennent centrales dans un lieu consacré au culte.Notre interrogation était et demeure liturgique et théologique. L’église n’est pas un espace neutre, ni une scène. Elle est la maison de Dieu. Tout ce qui s’y déploie devrait conduire à l’effacement de soi devant le mystère célébré. Or certaines séquences de louange, par leur rythme appuyé et leur caractère démonstratif, donnaient le sentiment d’une mise en avant culturelle qui brouillait ce rapport d’humilité et de silence attendu dans un tel lieu.
Il serait cependant malhonnête de réduire l’événement à ces seuls aspects. La veillée de la Cité Céleste a aussi été marquée par de longs temps d’adoration eucharistique, vécus dans le recueillement et le silence. La vidéo de la nuit en apporte un témoignage éclairant.
On y voit de nombreux jeunes à genoux devant le Saint-Sacrement, manifestant une foi sincère et une réelle soif de rencontre avec le Seigneur.
C’est précisément cette contradiction qui traverse le débat. Ce qui a choqué de nombreux catholiques, ce n’est pas la jeunesse, ni la joie, ni la ferveur, mais une certaine conception de la louange, perçue comme trop expressive, trop marquée culturellement, et insuffisamment ordonnée à l’humilité liturgique. Beaucoup se font une autre idée de la louange chrétienne, peut-être plus exigeante, plus intérieure, moins spectaculaire, davantage orientée vers l’adoration silencieuse que vers l’expression corporelle.
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Dans ce contexte, il est bon que la Communauté Saint-Martin, connue et reconnue pour son sérieux doctrinal et liturgique, accompagne et veille sur ces jeunes. Sa présence offre un cadre ecclésial clair et rappelle que la finalité d’un tel rassemblement n’est pas l’affirmation d’une identité, quelle qu’elle soit, mais la rencontre avec le Christ. Le père Alexis Germon l’avait exprimé avec justesse dans La Croix :
« L’objectif d’un tel événement, c’est de montrer à ces jeunes catholiques en quartiers populaires, parfois isolés et souvent minoritaires, qu’ils ne sont pas seuls. Il faut les accompagner dans la foi, prendre soin d’eux et leur dire qu’ils ont des talents. »
La veillée de la Cité Céleste rappelle une évidence souvent oubliée dans les polémiques : le but n’est ni de séduire, ni de revendiquer, ni de s’exprimer, mais de rencontrer le Seigneur.Si Tribune Chrétienne a parlé de louange identitaire, c’est parce que certaines formes observées semblaient déplacer le centre de gravité de la prière. Le débat reste ouvert et nécessaire. Il ne vise pas à condamner, mais à rappeler que la liturgie et la prière de l’Église appellent toujours à l’humilité, à l’effacement et au silence devant Dieu.


