Dans la Chapelle Sixtine et la Maison Sainte-Marthe, les marteaux résonnent plus que les encensoirs. Alors que les cardinaux se réuniront mardi 7 mai à 16h30 pour débuter les votes, une cinquantaine d’hommes et de femmes œuvrent dans l’ombre pour garantir le bon déroulement du conclave. Menuisiers, fleuristes, électriciens, techniciens, agents d’entretien… tous s’activent selon un protocole rodé. Objectif : faire de ce lieu sacré un espace à la fois sécurisé, fonctionnel et fidèle à la tradition.
Silvio Screpanti, haut responsable des infrastructures vaticanes, décrit un dispositif impressionnant : « Ce sont plus de 40 agents du Vatican et une vingtaine d’ouvriers externes qui sont mobilisés, avec une dizaine de techniciens chargés de la coordination et de la sécurité ». Pendant toute la durée du conclave, certains d’entre eux,ascensoristes, chauffagistes, fleuristes,prêteront serment et dormiront sur place, coupés du monde extérieur, tout comme les cardinaux électeurs.
Les lieux d’hébergement ne sont pas en reste : près de 200 chambres sont réaménagées dans trois bâtiments différents. Chaque pièce est équipée du strict nécessaire : lit, table de chevet, armoire. Des cloisons temporaires sont montées, certaines fenêtres condamnées, pour garantir l’isolement absolu.
Dans la chapelle elle-même, les ouvriers posent un plancher flottant pour aplanir le sol. Les célèbres fresques de Michel-Ange seront témoins silencieuses de ce travail discret : les tables pour les votes sont installées, recouvertes par les tapissiers officiels du Vatican. Les branchements pour les micros et les caméras internes sont vérifiés, sans rien laisser transparaître vers l’extérieur.La fameuse cheminée, celle qui diffusera la fumée blanche ou noire, est en place, connectée selon les règles strictes du protocole. Le 6 mai, toutes les entrées seront scellées avec près de 80 sceaux de plomb, et les vitres du palais apostolique seront rendues opaques. À partir de ce moment, le silence enveloppera les lieux.
Alors que deux cardinaux électeurs sont encore attendus à Rome, les discussions en Congrégation générale s’intensifient. Samedi, 177 cardinaux étaient réunis, dont les 127 électeurs. Parmi eux, les cardinaux Prevost et Semeraro ont été désignés pour assister le camérier. Le cardinal Reinhard Marx, lui, garde son rôle de coordinateur du Conseil pour l’Économie.
Selon une note officielle, les interventions ont porté sur l’avenir de l’Église : « Il a été question de la communion intérieure de l’Église et de son devoir de fraternité envers le monde ». L’héritage du pape François a été « reconnu avec gratitude », accompagné de l’appel à « poursuivre et protéger » les réformes entreprises.Des thèmes cruciaux comme la solidarité entre les Églises locales, le rôle de la Curie, la quête de paix, l’éducation ou encore la synodalité ont également été abordés. Certains ont exprimé leur souhait d’un pape « animé d’un esprit prophétique », capable de « sortir l’Église de l’entre-soi » pour l’ouvrir à « un monde traversé par le désespoir ».
Tout sera prêt le 7 mai pour l’ouverture du Conclave. La logistique sera en place, le silence aura enveloppé les lieux, et le monde entier retiendra son souffle… jusqu’à l’instant solennel où résonnera, depuis la loggia de Saint-Pierre : Habemus Papam.