Une messe catholique a été célébrée hier, 7 juillet 2025, dans la cathédrale de Canterbury, église mère de la communion anglicane, en mémoire de saint Thomas Becket, martyrisé en ce lieu en 1170.Près de 500 ans après la rupture d’Henri VIII avec Rome, cette messe marque un geste hautement symbolique. Elle a été présidée par Monseigneur Miguel Maury Buendía, nonce apostolique au Royaume-Uni, représentant direct du pape. C’est la première fois qu’un tel haut prélat catholique célébrait la messe dans ce haut lieu du protestantisme anglais.
La célébration correspondait à la fête dite de la « translation de saint Thomas Becket », commémorant le transfert de ses reliques au XIIIᵉ siècle. Ce sanctuaire avait été détruit en 1538 sur ordre d’Henri VIII, soucieux d’effacer le culte de Becket. Une fidèle a résumé l’émotion ressentie en ces mots : « C’était merveilleux d’assister à la messe de la Translation de saint Thomas Becket, une tradition annuelle qui remonte à plus de 800 ans. Moment très particulier que d’observer la bénédiction de ses reliques dans la cathédrale de Canterbury, où il fut martyrisé en 1170. »
Les fidèles présents ont pu bénéficier d’une indulgence plénière, privilège traditionnellement associé aux pèlerinages vers les reliques de saints, pratique abandonnée à la Réforme, mais exceptionnellement restaurée pour cette occasion.Une relique osseuse du saint, aujourd’hui conservée dans la paroisse catholique Saint-Thomas de Canterbury, a été apportée solennellement pour la messe. La cathédrale ne conserve, quant à elle, que quelques traces de sang de Becket. Cette reprise liturgique s’inscrit dans un mouvement plus large : plusieurs cathédrales anglicanes (Hereford, Lichfield, St Albans) ont récemment rouvert des sanctuaires et accueilli des reliques, souvent prêtées par l’Église catholique. À Hereford, les jésuites ont ainsi confié des reliques de saint Thomas de Cantilupe, dont le culte a été rétabli.
La messe était accompagnée de chants sacrés interprétés par le chœur Tenebrae, sous la direction de Nigel Short. À l’issue de la célébration, les fidèles ont entonné un Salve Regina émouvant, partagé en vidéo par de nombreux participants.
Ce geste inattendu des autorités anglicanes, qui ont ouvert leur sanctuaire au culte catholique, s’inscrit dans une démarche de mémoire et de rapprochement. Il marque aussi, peut-être, une redécouverte commune des trésors spirituels antérieurs aux divisions confessionnelles.
Vidéo du SALVE REGINA chanté dans la cathédrale de Canterbury
