Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2024, la grande croix, haute de douze mètres pour huit mètres de large, s’était partiellement pliée sous l’effet de rafales de vent exceptionnelles. Érigée en 1990 par le sculpteur Jean-Yves Lechevallier, l’œuvre dominait la ville depuis plus de trente ans. Si aucun blessé n’avait été à déplorer, l’événement avait suscité une vive émotion et posé avec acuité la question de la sécurité et de la pérennité de ce symbole patrimonial.Rapidement, la municipalité avait annoncé sa volonté de reconstruire la croix « à l’identique », tout en tenant compte des normes actuelles et des contraintes climatiques de plus en plus marquées sur le littoral méditerranéen.
🚨ÉVÉNEMENT : retour de la Croix-des-Gardes à Cannes ⚡️
— Tribune Chrétienne (@tribuchretienne) December 31, 2025
🔴À nouveau visible dans le paysage de Cannes, elle redevient un point de repère familier pour les habitants, entre mer et collines, et un signe fort inscrit dans l’histoire locale
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Une reconstruction fidèle, mais profondément repensée
Derrière l’apparente simplicité de la promesse se cachait un chantier technique exigeant. Depuis les années 1990, les règles de construction ont évolué, notamment en matière de résistance au vent et de coefficients de sécurité. Plutôt que de renforcer excessivement l’acier inoxydable utilisé à l’origine, les équipes ont opté pour la fibre de carbone, un matériau plus léger et plus durable, couramment employé dans des structures soumises à de fortes contraintes, comme les mâts de voiliers de course au large.Cette solution permet de limiter le poids global de l’ouvrage, d’alléger les fondations et de réduire l’empreinte environnementale du chantier, tout en garantissant une résistance accrue. Des modélisations numériques poussées ont été réalisées afin d’analyser le comportement de la croix face au vent, sa torsion, sa déformation et les phénomènes de vibration.
Désormais, la structure est conçue pour résister à des rafales pouvant atteindre 240 km/h, bien au-delà des conditions qui avaient provoqué l’incident de 2024. Un système de câbles et de tendeurs assure une stabilité renforcée, tandis que l’ancrage repose sur un massif en béton armé, ceinturé d’enrochements.
« Des modélisations numériques ont été menées (…) pour analyser le comportement de la croix sous l’effet du vent, notamment sa torsion, sa déformation et les phénomènes de résonance et vibration. Celles-ci ont permis de définir les différentes épaisseurs de matériau nécessaires en fonction de la zone, afin de garantir une résistance à des vents pouvant atteindre 240 km/h » – ( Mairie de Cannes )
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La remise en place de la croix s’est accompagnée de dispositifs complémentaires, notamment en matière d’éclairage et de balisage aéronautique. Le sommet de la Croix-des-Gardes se situe en effet dans l’axe d’approche de l’aéroport de Cannes-Mandelieu, ce qui impose des exigences particulières en matière de visibilité et de sécurité.La pose de la croix marque ainsi la première étape d’un projet plus large de valorisation du site, classé Espace naturel sensible. Dominant la baie, face aux îles de Lérins et au massif de l’Estérel, le sommet de la colline constitue un lieu de passage et de contemplation apprécié des promeneurs.
Vers un belvédère repensé à l’horizon 2026
La municipalité prévoit en effet de poursuivre les aménagements dans les mois à venir. En 2026, un belvédère circulaire d’environ huit mètres de diamètre devrait voir le jour, accompagné de nouveaux aménagements paysagers, d’une placette en stabilisé et de mobilier urbain. L’objectif est d’améliorer l’accueil du public, tout en facilitant l’accès aux personnes à mobilité réduite, dans le respect du caractère naturel du site.Au-delà de l’exploit technique, le retour de la croix de la Croix-des-Gardes revêt une dimension symbolique forte. Inscrite depuis des décennies dans le panorama cannois, elle relie le sommet boisé à la ville qui s’étend à ses pieds. Visible de loin, elle retrouve aujourd’hui sa place dans le paysage et dans la mémoire collective, comme un repère silencieux, familier, invitant à la pause et à la prière au-dessus de l’agitation urbaine.


