La Révolution française a marqué un tournant radical dans l’histoire de la France, notamment dans sa relation avec l’Église catholique. Cette rencontre tumultueuse a engendré un choc d’une ampleur considérable, qui a eu des conséquences durables et profondes sur la place de la religion dans la société. Certains iront jusqu’à dire que la Révolution française a tué Dieu.
Avant la Révolution, l’Église catholique jouissait d’un statut privilégié en tant que religion d’État. Elle exerçait une influence politique et percevait un impôt, la dîme, qui représentait une part importante des récoltes. Cependant, ces bénéfices étaient principalement alloués aux familles aristocratiques, laissant les petits curés de campagne dans une situation précaire. De plus, l’Église et la Noblesse étaient exemptées de l’impôt, creusant ainsi les inégalités fiscales.
La nuit du 4 août 1789 fut un moment crucial où les privilèges de l’ancien régime furent abolis, y compris ceux de l’Église et de la Noblesse. Cependant, cette remise en question ne s’arrêta pas là. En 1791, les prêtres furent contraints de prêter serment de fidélité à la Nation, ce qui posa un dilemme majeur pour ceux qui revendiquaient leur dépendance exclusive envers le Pape.
Certains prêtèrent serment, devenant ainsi des “jureurs”, tandis que d’autres refusèrent et se retrouvèrent contraints de vivre dans la clandestinité. Ceux qui étaient capturés étaient emprisonnés ou exécutés.Le point culminant du choc entre la Révolution et l’Église survint en 1793. Les monastères et les couvents furent fermés, les abbayes furent vendues et transformées en carrières de pierres.
Les églises furent dépouillées de leurs objets de culte, les cloches fondues pour fabriquer des canons, et même les tombes furent vidées pour extraire du salpêtre. Certaines cathédrales furent louées, à l’instar de celle de Metz, tandis que d’autres églises furent utilisées comme écuries ou entrepôts.
“La révolution française a fait plus de morts en un mois au nom de l’athéisme que l’Inquisition au nom de Dieu pendant tout le moyen-âge et dans toute l’Europe”
Pierre Chaunu, pour l’Histoire,Perrin,1984
Finalement, la religion catholique fut interdite, marquant ainsi un bouleversement sans précédent. Cependant, cette situation ne perdura pas, et l’Église fit son retour officiel avec le concordat de 1801, signé entre le Consulat et Rome. Ce compromis plaçait l’État comme responsable de la rémunération des prêtres catholiques, tandis que l’Église devait entretenir les bâtiments.
Ce système dura un peu plus d’un siècle jusqu’à ce qu’il prenne fin en 1905, créant à nouveau un choc profond. La loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 cessa le financement public des religions, un événement inimaginable pour de nombreux Français. Ce choc continue de résonner jusqu’à nos jours.
Ainsi, la Révolution française a indéniablement bouleversé la relation entre la France et l’Église catholique. Les transformations radicales engendrées par la Révolution ont conduit à une période de rejet et de séparation de l’Église et de l’État, marquant un tournant dans l’histoire religieuse de la France.