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1875-2025 : vers les 150 ans de la création de la basilique du Sacré-Cœur de Paris

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L'idée de construire la basilique du Sacré-Cœur découle d'un vœu prononcée par Alexandre Legentil, un philanthrope, en réponse aux malheurs qui ont frappé la France 1870.

La basilique du Sacré-Cœur, sanctuaire de la Miséricorde divine et de l’adoration eucharistique est située au sommet de la butte Montmartre à Paris, est un édifice religieux d’importance majeure dans le paysage catholique français. La première pierre de la basilique a été posée en 1875, et son chantier s’est étendu sur près de 50 ans, avec une fin des travaux en 1923. Ce projet est né dans un contexte historique particulier, suite à la guerre franco-prussienne de 1870 et à la Commune de Paris, des événements qui ont profondément affecté la France.

Contexte et origine

L’idée de construire la basilique du Sacré-Cœur découle d’un vœu prononcée par Alexandre Legentil, un philanthrope, en réponse aux malheurs qui ont frappé la France. En décembre 1870, peu après la défaite de la France face à la Prusse, il s’engage à construire une église en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. En janvier 1872, le projet reçoit l’approbation de Monseigneur Guibert, archevêque de Paris. Le 24 juillet 1873, l’Assemblée nationale vote une loi désignant l’utilité publique de la construction de la basilique.

La pose de la première pierre à lieu le 16 juin 1875, et la basilique est consacrée le 16 octobre 1919 par le Cardinal Amette, archevêque de Paris. Le 1er août 1885 marque le début de l’adoration perpétuelle, une mission essentielle confiée à la basilique par l’Église.

Orgue de la basilique du Sacré-Cœur – DR

La Mission d’Adèle Garnier

C’est en 1872 qu’Adèle Garnier, future fondatrice de la congrégation des Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre, entend parler du projet de construction de l’église. Elle reçoit un appel intérieur du Seigneur : « C’est là que je te veux » et ressent l’intuition que le Saint-Sacrement doit y être exposé et adoré jour et nuit. La congrégation est établie canoniquement à Paris le 4 mars 1898 par le Cardinal Richard. Les premières sœurs habitent sur la butte Montmartre et s’engagent dans la prière d’adoration. En 1901, elles prononcent leurs vœux dans la crypte de la basilique, avant de s’exiler à Londres en raison des lois hostiles aux congrégations religieuses.

La branche française des Bénédictines revient à vivre le charisme de Mère Marie de Saint Pierre à la basilique de 1961 à 1977, et à nouveau depuis 1995. La basilique est ainsi considérée comme le berceau de cette congrégation et le lieu-source de son charisme à la fois monastique et apostolique.

Puits de lumière inspiréde la coupole de la basilique Saint Pierre de Rome – DR

Charisme et Vie Spirituelle

Aujourd’hui, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre est l’un des sanctuaires les plus visités de France, accueillant environ 11 millions de visiteurs par an. Elle est avant tout un lieu de prière 24 heures sur 24, consacrée à l’adoration perpétuelle devant le Saint-Sacrement. La communauté religieuse qui y réside, composée de sœurs adoratrices, travaille en collaboration avec le recteur, les prêtres chapelains et les bénévoles pour offrir aux visiteurs une oasis spirituelle, propice à la rencontre avec le Christ.

Les sœurs proposent de nombreuses activités spirituelles, telles que des retraites prêchées et des rendez-vous mensuels pour célébrer et adorer le Cœur de Jésus. Les fidèles peuvent participer à des heures saintes, des mess en l’honneur du Sacré-Cœur, ainsi qu’à des célébrations de consécration personnelle au Sacré-Cœur de Jésus.

Mosaïque de la basilique du Sacré-Coeur – DR

L’accueil de groupes, qu’ils soient des enfants, des jeunes ou des adultes, est également une priorité. Que ce soit pour des préparations aux sacrements, des pèlerinages ou des retraites, la basilique se veut un lieu d’hospitalité et d’accompagnement spirituel.

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre demeure un symbole puissant de foi et d’espérance, invitant chaque visiteur à s’approcher du Cœur de Jésus, source de miséricorde et de rédemption.

Discours du Père Jacques Monsabré ( avril 1872 ) , prédicateur à la cathédrale de Paris

Il encourage les Français à répondre à son appel. Son discours est un commentaire de l’inscription qui doit figurer au frontispice de la basilique : Christo ejusque Sacratissimo Cordi, Gallia poenitens et devota, « Au Christ et à son Sacré Cœur, la France pénitente et consacrée »:

« Nous avons péché et, comme c’est l’amour du Christ que nous avons méconnu et outragé, c’est à l’amour du Christ, c’est à son Sacré-Cœur, symbole naturel de son amour, que nous devons élever le monument de son expiation. […] Le Christ aime les Francs ! Et c’est à eux, Messieurs, qu’il a montré son Cœur ; c’est à eux qu’il a promis le triomphe de son amour ; la dévotion au Sacré Cœur fut une dévotion française avant d’être une dévotion catholique. Est-il donc étonnant qu’elle se montre avec éclat à l’heure de nos grandes infortunes et que nous fassions au Christ, qui nous a tant aimés, amende honorable pour nos ingratitudes ?

Non seulement la France doit s’humilier et se prosterner devant l’amour qu’elle a méconnu, elle doit encore se vouer à l’amour et obtenir de Dieu qu’il délivre les âmes que possède le démon de la haine et qui méditent contre la société des œuvres de haine. […] Mais en faisant des vœux pour la France, nous ne devons pas oublier l’Église, qui souffre en même temps que sa fille aînée. L’Église, humiliée et captive dans la personne de son chef, attend un sauveur. Partout il y a des enfants qui le plaignent ; aucun pouvoir ne peut ou ne veut lui tendre la main. Si nous pouvions agir, Messieurs, nous agirions, je n’en doute pas ; mais, sans force pour nous-mêmes, nous ne pouvons que joindre dans nos vœux la cause de l’Église à celle de la France. Tout va bien cependant, parce que le Christ, ami des Francs et qui reçoit nos humbles supplications, est aussi l’Époux de l’Église. […] La France, votre fille pécheresse, ne pouvant plus prêter à sa mère l’aide de son bras, lance vers votre Cœur adorable les flèches de son amour repentant et de ses humbles prières. La France fait un appel solennel à l’honneur de votre nom et à l’amour de votre Cœur ! […]

Pour obtenir une si grande grâce, vous comprenez, Messieurs, qu’il faut que votre vœu soit vraiment national. Non pas que nous puissions espérer l’unanimité, ni même la majorité ; mais que tous les vrais catholiques, au moins, prennent part à cette solennelle manifestation dans toute l’étendue du territoire français. Dieu se contentera de leurs suffrages, car ce sont les vœux des justes qu’il agrée pour apaiser sa justice : Vota justorum placabilia. [.] Notre vœu national commencé par la prière doit recevoir sa dernière expression dans un monument. Ce monument répond à un besoin, à une sainte ambition, à un noble sentiment. Dispersés à tous les points de la France, nous voulons un signe matériel de notre union dans le même repentir, le même espoir, la même reconnaissance. Le sanctuaire du Sacré-Cœur, édifié au sein même de notre capitale, sera ce signe. La prière est un acte qui passe, nous voulons en assurer autant que possible la perpétuité ; or, le monument parle pendant que le cœur et les lèvres se taisent : l’église du Sacré-Cœur fera prier ses pierres tout imprégnées de nos larmes et de nos sacrifices, toutes chargées d’inscriptions et de symboles qui rappelleront aux futures générations combien fut grand notre malheur, profond notre repentir, aimable le Cœur de Jésus qui nous a pardonnés et relevés de notre abjection. Enfin toute victoire illustre veut un monument qui témoigne à travers les âges de la reconnaissance des peuples qu’elle a délivrés. Or, ces trois victoires seront inscrites sur le temple du Sacré ‑Cœur : victoire de l’amour pénitent sur nos péchés ; victoire de l’amour fraternel sur la haine sociale ; victoire de l’amour divin sur la justice divine. »

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