Depuis 2000 ans

80 ans après Auschwitz : L’engagement des chrétiens pour sauver des vies et préserver la dignité humaine

Auschwitz-birkenau-main - DR
Auschwitz-birkenau-main - DR
Dans les ténèbres de la Shoah, de nombreux chrétiens ont risqué leur vie pour protéger des innocents

Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libéraient le camp de concentration d’Auschwitz, marquant un tournant dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. La découverte de ce camp, où des millions de Juifs, Roms et autres persécutés ont trouvé la mort, est un rappel brutal de l’inhumanité humaine. Cependant, cet anniversaire est aussi l’occasion de se souvenir de ceux qui ont risqué leur vie pour sauver d’autres vies, parmi lesquels de nombreux chrétiens ont joué un rôle crucial, notamment Pie XII, dont l’action discrète mais déterminante a permis de sauver des milliers de vies.

L’hospitalité chrétienne a été un des piliers de la résistance contre le nazisme. À travers l’Europe occupée, des prêtres, des religieuses et des laïcs ont pris des risques inimaginables pour cacher des Juifs et d’autres persécutés. Leur foi les a poussés à agir, souvent dans l’ombre et sous la menace constante de la répression nazie.

Une des histoires les plus emblématiques est celle du Père Hugo Lachmann, prêtre catholique en Pologne. Il a risqué sa vie pour cacher plusieurs familles juives dans son presbytère. Les Juifs étaient souvent déguisés en paysans polonais pour passer inaperçus. Le Père Lachmann et d’autres prêtres ont organisé des réseaux de cachettes dans des églises, des presbytères, et même dans des monastères féminins, permettant à des centaines de Juifs de s’échapper des griffes des nazis.

En France, l’exemple des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul à Lyon est un autre témoignage frappant de l’engagement chrétien. Pendant l’Occupation, ces religieuses ont hébergé des enfants juifs dans leur couvent, leur fournissant des faux papiers et leur offrant une protection contre la déportation. C’est grâce à leur courage que ces enfants ont échappé à une mort certaine. L’une d’entre elles, la sœur Marie-Léonie, a été arrêtée et déportée pour avoir caché des Juifs dans son couvent, mais son acte de sacrifice a sauvé de nombreuses vies.

Pendant cette période sombre, Pie XII a joué un rôle crucial dans l’organisation discrète de l’aide humanitaire. Bien que certains critiques aient reproché à Pie XII de ne pas avoir pris une position publique plus forte contre les nazis, il est indéniable que son pontificat a été marqué par des actions efficaces pour sauver des vies humaines. Le pape a utilisé toutes les ressources diplomatiques et religieuses du Vatican pour protéger les Juifs et les persécutés, facilitant leur fuite et leur offrant des cachettes dans les monastères, les couvents et même dans les bâtiments du Vatican.

Sous sa direction, le Vatican a permis la création de nombreux réseaux de secours, fournissant de faux documents et facilitant les évasions vers des pays sûrs. En agissant discrètement, Pie XII a permis de sauver des milliers de Juifs sans attirer l’attention des nazis, ce qui a été essentiel pour la sécurité des persécutés. Son rôle a été celui d’un guide moral, qui a su protéger les innocents tout en maintenant la neutralité diplomatique nécessaire dans un contexte de guerre totale.

Les chrétiens engagés dans la résistance ont pris des risques énormes. Ceux qui étaient surpris en train de cacher des Juifs ou de les aider à s’échapper risquaient la déportation, la torture et la mort. Des milliers d’hommes et de femmes ont payé de leur vie leur solidarité. Dans des pays comme la Pologne, la France, ou encore les Pays-Bas, des familles ont été exécutées pour avoir caché des Juifs. Des prêtres et des religieuses ont été arrêtés et envoyés dans des camps de concentration, où beaucoup ont perdu la vie.

L’un des moments les plus poignants de l’histoire catholique pendant la Shoah reste l’arrestation du Père Maximilien Kolbe, un prêtre franciscain polonais, qui a donné sa vie pour sauver celle d’un autre prisonnier. En 1941, alors qu’un homme devait être choisi pour être exécuté par les nazis, le père Kolbe s’est proposé à la place de ce père de famille. Il a été tué à Auschwitz, mais son acte héroïque est resté dans les mémoires comme un exemple ultime de charité chrétienne.

L’aide du Saint-Siège et des diplomates catholiques

Le Vatican et certains diplomates catholiques ont également joué un rôle important dans le sauvetage des persécutés. Le plus connu est le cas de Mgr Giovanni Montini, futur pape Paul VI. En tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, Montini a supervisé une aide discrète mais efficace pour les Juifs et les réfugiés. Des documents ont été délivrés pour aider des milliers de Juifs à fuir les persécutions nazies, souvent par le biais du réseau diplomatique du Vatican.

Des initiatives de charité, soutenues par la Sainte-Siège, ont également permis de créer des cachettes pour les persécutés. Les archives de l’Archivio Apostolico Vaticano révèlent une véritable « machine de charité » qui a permis de sauver de nombreuses vies, grâce aux efforts collectifs de l’Église et de ses collaborateurs.

Aujourd’hui, 80 ans après la libération d’Auschwitz, il est crucial de se rappeler ces gestes héroïques. Les chrétiens, en particulier ceux qui ont risqué leur vie pour sauver des innocents, sont des exemples de courage et de foi. Leur engagement est plus que jamais un modèle à suivre, particulièrement face aux persécutions modernes et aux défis contemporains.

La Journée de la Mémoire est un moment pour réfléchir à l’importance de la dignité humaine et à la responsabilité de chaque individu dans la protection de la vie. En honorant la mémoire des victimes de la Shoah, nous rendons hommage aussi à ceux qui ont agi dans l’ombre pour protéger leurs frères et sœurs, au péril de leur vie. Leur héritage continue de nous rappeler que, face à l’obscurité, l’amour chrétien et l’humanité ne doivent jamais faiblir.

Déclaration des évêques de France à l’occasion du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz

Rappelons que ce 27 janvier 2025, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, la Conférence des évêques de France a exprimé sa reconnaissance envers les rescapés des camps de concentration et ceux qui ont témoigné de l’horreur de la Shoah. Ils soulignent que l’humanité doit regarder en face ce dont elle est capable et ne pas se laisser aveugler par une fausse autojustification. L’Église, après Auschwitz, a réévalué ses discours, notamment à travers la déclaration Nostra Aetate, qui a permis de reconnaître l’importance du peuple juif dans son propre mystère et sa relation avec Dieu. Les évêques rendent hommage aux Juifs de France pour leur vigilance contre l’antisémitisme, essentielle pour que la société incarne pleinement ses valeurs de liberté, égalité et fraternité. Ils réaffirment également leur soutien à l’État d’Israël comme modèle de démocratie respectant les droits humains.

Intégralité de la déclaration des évêques de France

Recevez chaque jour notre newsletter !