Grostenquin, en Moselle, a été envahi par une armée insolite de près de 4600 caravanes et camping-cars, comme si une mer de fidèles avait submergé la petite ville pour le congrès annuel de Vie et Lumière. Cet événement évangélique, orchestré par la Mission évangélique des gens du voyage, a pris possession de la base de Grostenquin, mise à disposition par l’État pour pallier le manque de place dans leur site habituel du Loiret.
Sous le ciel mosellan, un gigantesque chapiteau se dresse, et environ sept mille Tziganes se rassemblent, les bras levés vers le ciel, pour chanter en chœur les paroles retentissantes des enceintes : «Jésus vous attend, Alléluia, Amen !».
Malgré cette ferveur, le pasteur Charpentier, observant ses ouailles avec bienveillance, affiche toutefois une certaine déception.
Cette édition du congrès estival de Vie et Lumière a attiré seulement 25 000 participants, bien loin des 40 000 de l’année précédente.
Le pasteur, organisateur de l’événement, évoque avec regret les contraintes imposées par l’État en termes de dates, qui ont coïncidé avec la rentrée scolaire et la période des vendanges, période où de nombreux gens du voyage sont pris par leurs travaux saisonniers. «Il y a à peine 25 jours, j’ai appris que nous serions en Moselle », déplore-t-il.
Grostenquin, généralement un terrain de manœuvre pour les forces armées françaises, est actuellement le centre de cette frénésie spirituelle. Les défis en termes de sécurité et d’hygiène sont colossaux, tant pour la commune de Grostenquin et ses 600 âmes que pour les villes avoisinantes.
Cependant, ce n’est là qu’une partie des inquiétudes. Les déjections, les dégradations matérielles et les vols d’électricité ont été monnaie courante lors des rassemblements précédents.
Face à ces défis, la préfecture a mobilisé 400 gendarmes, soutenus par des CRS à moto, pour veiller à l’ordre et à la sécurité.
Les pompiers ont établi un poste d’infirmerie dans un ancien hangar désaffecté, tandis que les agents de l’Office français de la biodiversité et de l’Office national des forêts patrouillent jour et nuit pour protéger la zone Natura 2000 environnante.
Malgré tout, les tensions et les actes d’incivilité demeurent. Les habitants se plaignent des dégradations, des vols et des déjections. Les barrières de protection de la zone Natura 2000 sont régulièrement vandalisées. Les autorités locales sont en alerte constante, et le sous-préfet Bruno Charlot exprime sa préoccupation quant à la sécurisation d’une «ville mobile de 25 000 habitants».
Toutefois, Vie et Lumière ne fuit pas ses responsabilités. L’organisation prend en charge l’électricité, la gestion des déchets, les toilettes et l’eau, malgré les contraintes imposées par la restriction d’eau du département. Le Super U de Saint-Avold, à quelques kilomètres, profite de cette affluence pour augmenter ses ventes de viande, de pain et de bière.
Le pasteur Joseph Charpentier, organisateur de l’événement, défend ardemment sa communauté. Il exprime son espoir que la parole de Dieu touche tout le monde, transcendant les préjugés envers les gens du voyage. Cependant, la recherche d’un terrain plus spacieux pour accueillir ces rassemblements ambitieux reste un défi, avec un critère non négociable : une superficie d’au moins 250 hectares.
Dans cette collision saisissante entre spiritualité et logistique, le congrès évangélique des gens du voyage continue de susciter controverse et défis, tout en insistant sur sa mission spirituelle …