Dans une interview accordée au média italien Il Tempo le 9 novembre dernier , le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, revient sur l’impact de l’élection de Donald Trump et sur la manière dont les catholiques américains ont contribué à sa victoire.
Pour le prélat allemand, la victoire de Donald Trump porte la signature des catholiques, qui ont compris que les questions éthiques et pro-vie étaient décisives dans ce scrutin. « Oui, je m’y attendais. Il était évident que la position sur les thèmes éthiques serait déterminante pour l’électorat catholique, car Kamala Harris est une candidate farouchement contre la vie », déclare-t-il dans l’interview. Et pour le cardinal, le critère qui doit guider les choix des catholiques reste simple : soutenir des politiques pro-vie.
Une victoire des catholiques et une leçon pour l’Église
Le cardinal Müller ne cache pas son soutien au choix des catholiques américains, soulignant que leur vote en faveur de Donald Trump est une réponse à la menace représentée par les politiques anti-vie de l’opposante démocrate Kamala Harris. « Le critère recommandé reste celui de voter pour des politiques pro-vie », précise-t-il dans Il Tempo. Pour lui, l’adhésion des catholiques aux idéaux de Trump est une affirmation de la défense de la vie, de la famille et des valeurs chrétiennes face aux attaques incessantes de l’agenda progressiste.
Le cardinal Müller critique sans ambages la présidence de Joe Biden, le deuxième catholique élu à la Maison-Blanche. « Il ne suffit pas de se présenter comme catholique si, en réalité, on adopte des politiques anticatholiques », affirme-t-il dans l’interview. Un jugement sévère sur un président qui, selon lui, incarne une rupture avec les valeurs chrétiennes fondamentales, surtout par sa politique en faveur de l’avortement et de l’agenda LGBT.
Harris : une menace pour la liberté religieuse
Interrogé sur l’impact que l’élection de Kamala Harris aurait eu sur les États-Unis, le cardinal est catégorique : « Elle a montré des tendances totalitaires. Le risque d’un État prêt à définir les frontières de la liberté religieuse était réel ». Selon lui, gouverner avec l’idéologie comme le voulait Harris aurait été une forme d’oppression. « L’État n’est pas une institution divine, et nous ne sommes pas là pour le servir », rappelle-t-il fermement.
Bien que Donald Trump ne soit pas catholique ( mais presbytérien) , le cardinal Müller témoigne d’un respect mutuel entre le président élu et l’Église catholique. « Il m’a exprimé son respect pour la foi catholique lors de notre rencontre », explique le cardinal, qui rappelle que Donald Trump, même sans partager pleinement la foi catholique, a toujours eu une approche respectueuse envers les croyants. De plus, il cite le vice-président élu, J.D. Vance, qui est catholique et a trouvé dans la foi catholique un chemin pour surmonter les difficultés de sa vie.
Concernant la question des migrants, le cardinal Müller se distingue par son approche pragmatique et équilibrée. « L’Église doit défendre la dignité de tous les êtres humains, y compris des migrants illégaux, mais il est important de se rappeler que personne n’a le droit de vivre où il veut », insiste-t-il dans Il Tempo. Il ajoute que lutter contre l’immigration illégale ne va pas à l’encontre des droits de l’homme. « Un État a le droit de renvoyer chez eux ceux qui sont entrés illégalement, à condition que leur vie ne soit pas en danger dans leur pays d’origine », explique-t-il, soulignant que l’aide aux pays en développement ne signifie pas ouvrir les portes de l’Europe à toute la population mondiale. « L’État a le droit de défendre ses frontières et de rétablir la légalité », ajoute-t-il.
Lire aussi
Le cardinal Müller revient également sur le rôle essentiel des États dans la gestion des frontières, affirmant qu’un État a non seulement le droit mais le devoir de protéger ses frontières face à l’immigration illégale. « Ce n’est pas contre les droits humains d’intervenir pour stopper l’immigration illégale », répète-t-il. Cette position s’inscrit en opposition directe avec ceux qui dans l’Eglise prônent une ouverture illimitée des frontières, au nom d’ »un prétendu droit humain à l’immigration ».
Giorgia Meloni : une alliée dans la défense des frontières chrétiennes
Le cardinal soutient également la position de la présidente italienne Giorgia Meloni, qui a exhorté ses homologues européens à ne pas avoir peur de Donald Trump. « Il est étrange qu’ils aient peur de Trump et pas des dictateurs », note-t-il. Pour lui, Meloni a raison de défendre la souveraineté des États et de lutter contre une immigration de masse, car un gouvernement doit pouvoir protéger son territoire et sa population.
Une vision chrétienne du leadership public
Le cardinal conclut en exprimant sa préférence pour des dirigeants qui évoquent Dieu dans le débat public. « Parler de Dieu dans le débat public ne veut pas dire instrumentaliser la foi », déclare-t-il, soulignant que les leaders qui se réfèrent à Dieu dans leurs discours sont préférables à ceux qui agissent comme s’ils étaient Dieu eux-mêmes ou que leur parti était divin.
L’interview du cardinal Müller dans Il Tempo révèle donc une profonde inquiétude face aux menaces idéologiques actuelles contre l’Église et la société chrétienne, mais aussi une reconnaissance du rôle crucial que des figures comme Trump et Meloni peuvent jouer pour défendre les valeurs chrétiennes et la liberté religieuse dans le monde.