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Perpignan : pourquoi la crèche de Noël est-elle encore attaquée en justice ?

Pessebre - Mairie de Perpignan
Pessebre - Mairie de Perpignan
Un autre aspect du débat autour de la crèche de Noël de Perpignan reflète une tendance inquiétante qui traverse la société française : la peur de nommer les traditions chrétiennes, même en période de Noël.

La crèche de Noël de Perpignan se retrouve à nouveau au cœur d’une polémique judiciaire, malgré l’engouement populaire et le succès de l’année précédente. Lors de son inauguration le 3 décembre 2024, le maire Louis Alliot a révélé que l’installation de la crèche était déjà l’objet d’une nouvelle action en justice. « Notre pessebre* 2024 est déjà attaqué en justice », a déclaré l’élu, suscitant des huées parmi les spectateurs, comme le rapporte L’Indépendant.

Depuis son installation, la crèche de Noël de Perpignan attire chaque année des milliers de visiteurs. En 2023, près de 42 000 personnes s’étaient déplacées pour admirer cette scène de la Nativité placée sur la Place de la Loge, une véritable vitrine de la culture locale. Pourtant, la crèche, symbole d’une foi vivante et d’une tradition ancestrale, demeure un sujet de division. Chaque année, des associations laïques et des partis politiques dénoncent son caractère religieux, estimant qu’elle porte atteinte aux principes de la laïcité dans l’espace public.

Cette tension n’est pas nouvelle. En 2022, la crèche avait été l’objet d’une condamnation lorsqu’elle avait été installée dans la cour de la mairie. Cependant, après un recours devant le tribunal administratif de Montpellier, la municipalité avait pu réinstaller la crèche en 2023, cette fois en plein air et visible depuis la voie publique, un compromis qui avait été salué comme une victoire. Dans un communiqué, le maire Louis Alliot avait alors souligné que la décision judiciaire permettait « de préserver nos traditions et notre culture », tout en respectant le principe de la séparation des Églises et de l’État.

Pour 2024, la crèche prend une nouvelle forme. Présentée comme une création inédite par les services techniques de la Ville, elle comprend désormais un pessebre géant flottant sur une barque catalane, visible depuis les quais de la Basse. Mais malgré cette tentative de moderniser et de concilier, la Ligue des Droits de l’Homme 66 a de nouveau saisi la justice, affirmant que cette représentation constituait un acte de prosélytisme et une violation de la laïcité. La municipalité, fidèle à sa position, réaffirme que l’installation respecte la loi, étant située sur la voie publique et non dans les locaux de la mairie.

Cette nouvelle confrontation judiciaire met en lumière un débat plus large qui traverse la société française : celui de la place de la religion dans l’espace public. Alors que de nombreux habitants de Perpignan dénoncent l’intolérance de ceux qui cherchent à effacer des symboles religieux chrétiens, hérités de notre histoire,de la sphère publique, les défenseurs de la laïcité se battent pour une stricte application des principes de séparation des Églises et de l’État, réclamant la suppression de toute forme de prosélytisme dans l’espace public.

Un autre aspect du débat autour de la crèche de Noël de Perpignan reflète une tendance inquiétante : la peur de nommer les traditions chrétiennes, même en période de Noël. Alors que de nombreuses villes organisent des « villages de Noël » et des événements festifs, rares sont celles qui osent encore évoquer la crèche.

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Cette « magie de Noël », bien souvent dénuée de toute référence religieuse explicite, semble vouloir gommer les racines chrétiennes de la fête pour se conformer à une vision purement commerciale. En évitant de mentionner les crèches, certains préfèrent se cacher derrière des termes neutres pour ne pas risquer d’enfreindre le principe de la laïcité , comme si évoquer la Nativité ou ses symboles était un acte prosélyte.

Ce renoncement à la représentation de la crèche, pourtant si centrale dans l’histoire chrétienne de la France, apparaît comme une forme de négation de l’héritage culturel et spirituel qui a façonné notre pays au fil des siècles.

Ainsi, la crèche de Noël de Perpignan semble condamnée à vivre chaque année sous la menace d’attaques judiciaires, illustrant les tensions croissantes entre respect des traditions locales et application des lois laïques. Toutefois, comme le souligne Louis Alliot, « l’expression de notre histoire et de notre culture » reste un principe fondamental qu’il entend continuer à défendre avec ferveur. Dans cette époque de débat sur l’identité nationale, la crèche de Noël de Perpignan demeure un symbole de résistance face à une laïcité dévoyée.

*Le terme pessebre (ou pesebre en espagnol) désigne une crèche de Noël,

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