C’est Le Journal La Croix qui indique que le pèlerinage de Chartres, un rassemblement emblématique pour les fidèles attachés à la tradition catholique, pourrait se voir privé de sa messe tridentine lors de la prochaine édition prévue pour Pentecôte 2025. Le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, dirigé par le cardinal Arthur Roche, semble en effet envisager des restrictions concernant la célébration de la messe en latin, notamment lors de la messe de clôture dans la cathédrale de Chartres. La Croix, qui cite plusieurs témoignages, rapporte que cette décision pourrait se traduire par une interdiction de certaines célébrations, ce qui suscite des interrogations profondes parmi les organisateurs du pèlerinage et les pèlerins eux-mêmes.
Jean de Tauriers, président de l’association Notre-Dame de chrétienté, a exprimé son incompréhension face à cette situation. « C’est difficile à expliquer à nos participants », souligne-t-il, évoquant le sentiment de frustration vis-à-vis d’une « bureaucratie » qui semble déconnectée de l’esprit du pèlerinage. Il rappelle que la spiritualité vécue par les milliers de pèlerins chaque année est intrinsèquement liée à la messe tridentine : « Si vous n’aimez pas le Sacré-Cœur, vous n’allez pas à Paray-le-Monial », dit-il, illustrant ainsi le lien profond entre tradition liturgique et foi vivante.
Selon La Croix, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, semble considérer la situation du pèlerinage comme « anormale ». Il apparaît qu’une réflexion sérieuse soit en cours sur la conformité de l’événement aux règles liturgiques instaurées par le motu proprio Traditionis custodes de 2021. Cette mesure, qui restreint l’utilisation du rite tridentin, stipule qu’aucune célébration ne peut avoir lieu sans une autorisation spécifique du Vatican. Les organisateurs n’ont pas cette approbation pour utiliser les livres liturgiques préconciliaires dans le cadre du pèlerinage, et la célébration de la messe dans la cathédrale sans autorisation spécifique est également critiquée.
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Cette situation suscite de vives réactions, non seulement au sein des organisateurs mais aussi parmi les pèlerins, qui se sentent incompris et persécutés par les autorités ecclésiastiques. L’évêque de Chartres, Monseigneur Philippe Christory, a, pour sa part, exprimé l’espoir d’un geste d’ouverture. Selon lui, les « nombreux fruits » de cet événement, qui rassemble bien au-delà du cercle traditionaliste, méritent une attention particulière. Toutefois, il souligne que la décision finale appartient à Rome, affirmant que « si quelqu’un doit décider de quelque chose, c’est le pape ».
La situation semble mettre en lumière un dilemme de taille : d’un côté, une Église désirant renforcer son autorité doctrinale, et de l’autre, des fidèles qui se sentent marginalisés par des décisions qu’ils perçoivent comme un manque de respect envers la diversité des formes liturgiques et spirituelles au sein de l’Église. Si une telle décision était prise, elle risquerait de déstabiliser cet événement et d’affaiblir l’unité des catholiques qui y participent, qu’ils soient traditionalistes ou non. L’Eglise serait-elle toujours ouverte à » tous,tous,tous.. » ?
Le pèlerinage de Chartres, fidèle à sa vocation spirituelle, représente bien plus qu’un simple événement liturgique. Il est un témoignage vivant de l’attachement de milliers de catholiques à une tradition séculaire. Une interdiction de la messe tridentine pourrait signifier non seulement une atteinte à ce patrimoine spirituel, mais aussi une rupture avec des générations de catholiques pour qui le rite tridentin est l’expression de leur foi la plus profonde.