Une statue monumentale de Jeanne d’Arc, érigée face à l’église Sainte-Jeanne-d’Arc dans le nord de Nice, est au cœur d’un bras de fer politique et juridique. Alors que le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, a demandé son démontage suite à une décision de justice invalidant la procédure d’attribution du marché public, le maire de Nice, Christian Estrosi, résiste et appelle à une souscription populaire pour la conserver.
Installée en octobre 2024, cette statue de 4,5 mètres de haut pour 9 tonnes, réalisée par l’Atelier Missor et dorée à l’or fin, trône sur une place encore en travaux, en raison de la construction d’un parking souterrain. Pourtant, dès le 14 janvier, le tribunal administratif de Nice a annulé la commande publique de 170 000 euros passée par la régie Parcs d’Azur, organisme chargé de gérer les parkings de la métropole, dénonçant un manquement à « l’obligation de publicité et de mise en concurrence ».
Dans la foulée, le préfet a exigé de la municipalité qu’elle prenne acte du jugement et déboulonne l’œuvre, tout en récupérant les fonds déboursés. Mais le maire de Nice, fervent défenseur de cette statue à forte charge symbolique, a immédiatement riposté.
Dans un communiqué, Christian Estrosi a dénoncé une volonté d’effacement de l’héritage national : « Je ne céderai rien. Les déboulonneurs de notre grand destin national peuvent passer leur chemin », martèle-t-il. Refusant de voir cette représentation de l’héroïne de la Chrétienté disparaître, l’édile soutient une souscription populaire destinée à en financer l’acquisition par des dons privés.
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Cette initiative est portée par l’ancien adjoint à la culture Robert Roux et le prince Joachim Murat, descendant du maréchal d’Empire. La collecte vise à lever les fonds nécessaires pour que la statue ne soit pas déplacée et demeure devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, en un lieu à la symbolique forte.
L’affaire est loin d’être close : la régie Parcs d’Azur a décidé d’interjeter appel de la décision du tribunal administratif. Cette procédure n’étant pas suspensive, la municipalité garde espoir de trouver une solution avant qu’un démantèlement ne devienne effectif. De plus, l’affaire prend une tournure politique, car déjà en janvier 2024, un conseiller municipal écologiste avait transmis un signalement au procureur de Nice concernant les conditions d’attribution du marché.
Au-delà de l’aspect légal, cette querelle ravive les tensions sur la place de Jeanne d’Arc dans l’espace public. Figure de la Chrétienté et de la résistance française, son effacement d’un lieu aussi emblématique suscite l’indignation d’une partie de la population. La souscription populaire suffira-t-elle à sauver Jeanne ? Une chose est sûre : le combat est loin d’être terminé.