Le 15 février dernier , lors du match entre l’Olympique de Marseille et l’AS Saint-Étienne, un tifo spectaculaire à l’effigie de Notre-Dame de la Garde a embrasé le stade Orange Vélodrome. Plus qu’un simple hommage, cet acte témoigne de l’ancrage profond de la Vierge Marie dans l’histoire et l’identité marseillaise. Une tradition séculaire qui, au-delà du football, rappelle que la cité phocéenne reste fidèle à son héritage spirituel.
Ce tifo, qui recouvrait une grande partie du Virage Sud, a visiblement porté chance aux Olympiens : l’OM a dominé l’AS Saint-Étienne sur le score sans appel de 5-1. Une victoire éclatante qui a ravivé la ferveur des supporters et marqué les esprits.
Dans l’histoire du club marseillais, l’attachement à Notre-Dame de la Garde ne date pas d’hier. En 2010, après leur sacre en championnat, plusieurs joueurs de l’OM étaient montés à la basilique pour déposer un ex-voto en remerciement de leur victoire. Cette tradition s’inscrit dans une pratique bien plus ancienne : depuis des siècles, marins, pêcheurs et habitants de Marseille viennent offrir des ex-voto à la Bonne Mère en signe de gratitude et de protection.
Dominant la ville du haut de son promontoire, Notre-Dame de la Garde est bien plus qu’un simple monument religieux. Sa première chapelle fut construite en 1214, avant d’être remplacée par la basilique actuelle, érigée entre 1853 et 1864 sous l’impulsion de l’évêque de Marseille, Monseigneur Eugène de Mazenod. Sa statue dorée de la Vierge à l’Enfant, visible de toute la ville, rappelle cette protection spirituelle qui n’a cessé d’accompagner les Marseillais à travers les épreuves.
Lire aussi
Durant la grande peste de 1720, les habitants se tournèrent vers la Bonne Mère pour implorer sa protection. Pendant les guerres du XXe siècle, la basilique devint un refuge spirituel pour les familles marseillaises. Chaque année, à l’occasion de l’Assomption, une procession réunit des milliers de fidèles, témoignant de l’attachement indéfectible des Marseillais à leur protectrice.
Une restauration de la statue de la « Bonne Mère » qui vient de débuter
Rappelons qu’un vaste chantier de restauration a débuté en février 2025 pour redonner à la statue emblématique de Notre-Dame de la Garde tout son éclat. Cette œuvre monumentale de 11,2 mètres de haut, dominant Marseille à 225 mètres au-dessus de la mer, fait l’objet d’une redorure nécessaire pour la préserver des agressions du mistral, de l’air marin et de la pollution industrielle.
La restauration, qui s’achèvera en décembre 2025, commencera par l’installation d’un échafaudage enveloppé d’une bâche thermosoudée, avant que les travaux sur la surface dorée de la statue ne débutent à la fin de l’été. Cette opération, réalisée environ tous les trente ans, mobilisera une équipe d’experts spécialisés dans la pierre, le métal et la dorure.
Le chantier, estimé à 2,5 millions d’euros, bénéficie du soutien du diocèse de Marseille, qui a lancé une campagne de dons pour financer les 30 000 feuilles d’or nécessaires. Plusieurs mécènes, parmi lesquels l’armateur CMA CGM, le club de l’Olympique de Marseille et le groupe Pernod Ricard, ont également apporté leur contribution.
La statue de la Vierge à l’Enfant, réalisée au XIXe siècle par la technique de la galvanoplastie, demeure l’une des plus grandes œuvres de ce type dans le monde. Grâce à cette restauration minutieuse, Notre-Dame de la Garde continuera d’être le phare spirituel et protecteur des Marseillais, fidèle à son rôle séculaire de gardienne de la cité phocéenne.
Le déploiement de ce tifo marial au Vélodrome témoigne donc d’une réalité souvent oubliée : la culture marseillaise est profondément marquée par le catholicisme et par la figure de la Vierge Marie. Si Marseille est une ville cosmopolite et ouverte sur la Méditerranée, elle reste avant tout une cité où la foi populaire joue un rôle essentiel, notamment dans les moments de joie ou d’épreuve.
Le chant des supporters, qui reprend les mots « Ô Bonne Mère, vers toi montent nos chants », s’inscrit ainsi dans cette tradition où le football et la spiritualité se rejoignent, non pas comme une opposition, mais comme un héritage commun, celui d’un peuple fier de ses racines et de sa foi.