Alors que la Salle de presse du Saint-Siège annonçait samedi 8 mars au soir que le pape allait mieux, l’incertitude demeure quant à sa capacité à reprendre pleinement les rênes de l’Église.
Le Vatican a publié un bulletin médical sur l’état du pape François, précisant que son état « demeure stable, avec des signes d’amélioration », tout en maintenant un pronostic réservé. Selon les médecins, le Souverain Pontife « continue de répondre positivement aux soins administrés » pour sa pneumonie bilatérale. Il a reçu l’Eucharistie et poursuit un minimum d’activités pastorales, témoignant de son désir de rester actif malgré la convalescence.
Une volonté affichée de rassurer
Depuis l’hospitalisation du pape François le 14 février dernier, les spéculations vont bon train. Certains évoquent déjà un conclave imminent, mais plusieurs cardinaux ont tenu à dissiper ces rumeurs.
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a affirmé dans une interview au Corriere della Sera que « le plus important en ce moment, c’est la santé du pape, sa récupération et son retour au Vatican ». Même son de cloche du côté du cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, qui a déclaré ne percevoir « aucun climat pré-conclave » et que les discussions sur une succession ne sont « pas plus présentes aujourd’hui qu’il y a un an ».
Malgré ces déclarations officielles, la question demeure : une simple amélioration de son état suffira-t-elle à lui permettre de reprendre la direction effective de l’Église ?
Un pontificat fragilisé ?
Le pape François, qui a toujours été un homme de terrain proche des » périphéries », pourra-t-il encore gouverner l’Église avec la même énergie ? Son âge avancé et ses ennuis de santé de plus en plus fréquents posent la question de sa capacité à exercer pleinement son ministère.
Le cardinal Gianfranco Ravasi a rappelé que « si le pape se trouvait dans une situation où son contact direct avec les fidèles était très limité, alors il pourrait décider de démissionner ». Une éventualité que François lui-même avait envisagée dès le début de son pontificat en rédigeant une lettre de renonciation conditionnelle.
Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et proche du pape, a quant à lui avait confié : « Si vous voulez vraiment qu’il se repose, il faut le mettre à l’hôpital, sinon il ne se reposera jamais. » Une manière de souligner que l’énergie débordante de François pourrait devenir un obstacle à une convalescence sereine.
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La renonciation : une décision sage et responsable ?
Face à un pontificat qui repose sur une gouvernance active et une présence appuyée au contact des fidèles, la question d’une renonciation mérite d’être posée. L’Église catholique, confrontée à de nombreux défis – crise des vocations, tensions doctrinales, réformes inachevées – a besoin d’un chef pleinement en mesure d’exercer son autorité. Or, un pape affaibli, contraint de limiter ses apparitions et ses déplacements, risque de voir son pontificat s’enliser dans une période d’incertitude et d’attente.
Benoît XVI, en 2013, avait choisi de renoncer précisément pour cette raison : ne plus avoir la force nécessaire pour gouverner. Il avait alors déclaré qu’« un pape n’est jamais seul dans la barque de Pierre », mais que cette responsabilité exigeait une vigueur physique et spirituelle qui lui faisait défaut. François, lui-même, a évoqué à plusieurs reprises cette possibilité. Si son état de santé devait continuer à se détériorer, la renonciation pourrait apparaître non comme une fuite, mais comme un acte de lucidité et de service pour le bien de l’Église.
Le Jubilé de 2025, temps fort de son pontificat, sera-t-il l’ultime défi de François ? S’il souhaite y prendre part activement, son état de santé lui en laissera-t-il la possibilité ?
En attendant son retour au Vatican, les spéculations ne s’apaisent pas. Le pape François a souvent affirmé qu’il ne s’accrocherait pas au trône de Pierre en cas d’incapacité, mais pour l’heure, aucune décision ne semble prise.Alors que l’Église catholique est suspendue à l’évolution de son état, une question se pose : pourra-t-il réellement reprendre les commandes, ou faudra-t-il bientôt envisager un tournant décisif pour l’avenir du pontificat ?