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Le cardinal Roche et la messe traditionnelle : modération sincère ou manœuvre stratégique ?

Cardinal Roche - DR
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La posture du cardinal Roche apparaît de plus en plus difficile à défendre. Alors que certains le soupçonnent d'agir par stratégie, d'autres s'interrogent sur sa réelle compréhension de la liturgie traditionnelle

Dans une surprenante volte-face, le cardinal Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le Culte Divin, s’est récemment exprimé en des termes conciliants sur la messe traditionnelle en latin. Une position qui étonne, tant le prélat s’est illustré par ses efforts pour restreindre ce rite depuis la publication de Traditionis Custodes en 2021.

Le 6 mars, dans une interview accordée au Catholic Herald, le cardinal Roche a déclaré qu’il n’y avait « rien de mal à participer à la messe célébrée selon le missel de 1962 ». Il a ajouté que cette pratique avait été « acceptée depuis l’époque de saint Jean-Paul II, Benoît XVI et maintenant François ». Mais cette déclaration apparaît en totale contradiction avec ses précédentes prises de position.

En 2021, il affirmait que la messe traditionnelle était un « expériment » qui « n’a pas totalement réussi » et qu’il fallait revenir au Novus Ordo, conformément à l’esprit du Concile Vatican II. En 2023, il soutenait même que la théologie de l’Église ayant changé, la liturgie devait également évoluer.Cette tentative soudaine de modération interroge.

Pourquoi le cardinal Roche cherche-t-il aujourd’hui à se montrer conciliant ? Certains y voient une manœuvre stratégique dans le contexte des discussions pré-conclave, tandis que d’autres dénoncent un discours incohérent, voire trompeur.

Le cardinal Roche a également affirmé que Traditionis Custodes précise que la messe traditionnelle « n’est pas la norme ». Pourtant, le document affirme clairement que le Novus Ordo est désormais « l’unique expression de la lex orandi du rite romain », une nuance qui change fondamentalement la portée du texte.

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Ironie du sort, alors que le cardinal multiplie les restrictions, c’est un député protestant d’Irlande du Nord, Jim Shannon, qui s’est récemment levé pour défendre la messe traditionnelle. Inquiet des rumeurs selon lesquelles le Vatican pourrait interdire la messe finale du pèlerinage de Chartres ( celle-ci ayant été acceptée le vendredi 7 mars) en juin prochain, il a saisi le gouvernement britannique. Shannon a souligné que « la restriction à la célébration de la messe en latin a un impact direct sur ceux qui adhèrent au rite tridentin, une expression spirituelle et culturelle significative du culte catholique ».

Bien que protestant et unioniste, il a rappelé son attachement à la liberté religieuse, affirmant que « toute interdiction serait un exemple de plus où les croyants sont limités dans la pratique de leur foi ».Dans le climat de tensions religieuses qui persiste en Irlande du Nord, cette prise de position courageuse est notable. Voir un protestant défendre la liberté des catholiques face aux décisions restrictives du Vatican souligne l’incongruité de la situation.

Face à cette réalité, la posture du cardinal Roche apparaît de plus en plus difficile à défendre. Alors que certains le soupçonnent d’agir par stratégie, d’autres s’interrogent sur sa réelle compréhension de la liturgie traditionnelle et de sa valeur spirituelle. Une chose est sûre : les catholiques attachés au rite ancien, souvent qualifiés de « protestants » par le cardinal lui-même, ne manqueront pas de percevoir l’ironie de cette situation.

Avec la NBussola

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