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« Les politiques contre les migrants sont des produits du péché » : le cardinal Czerny plaide pour la continuité du pontificat François

cardinal  Czerny - DR
cardinal Czerny - DR
Réduire ce discernement politique à une forme de péché risque de culpabiliser injustement les responsables publics et les fidèles soucieux de concilier charité et prudence.

À quelques jours de l’ouverture du conclave, le cardinal jésuite Michael Czerny, 78 ans, préfet sortant du Dicastère pour le service du développement humain intégral, s’est exprimé dans les colonnes du journal Avvenire. Fidèle parmi les fidèles du pape François, il affirme que « le prochain pape s’inscrira dans sa continuité » et que « les politiques contre les migrants sont des produits des péchés humains ». Une vision qui soulève certaines interrogations.

En associant les politiques migratoires restrictives à une faute morale, le cardinal Czerny prend une position qui pourrait apparaître simplificatrice. Si l’accueil de l’étranger est un impératif évangélique, il n’en demeure pas moins que l’Église reconnaît aussi aux États la légitimité de défendre le bien commun. Réduire ce discernement politique à une forme de péché risque de culpabiliser injustement les responsables publics et les fidèles soucieux de concilier charité et prudence.

Le cardinal défend également une Église « en sortie », axée sur les périphéries et les réalités sociales. Il salue la réforme de la Curie comme un processus irréversible et considère que le magistère de François a désormais une « validité permanente ». Cette affirmation, pourtant, interroge : une telle sacralisation du présent pontificat laisse-t-elle encore de la place à une relecture critique ou à un nécessaire rééquilibrage pastoral ?

Sur le rôle des femmes dans l’Église, Czerny insiste sur l’importance de leur participation à tous les niveaux, y compris dans les structures de gouvernement. Une évolution déjà amorcée dans de nombreuses institutions catholiques, qu’il juge inévitable. Toutefois, le flou entretenu autour des attentes ministérielles féminines continue de susciter débats et divisions, notamment lorsqu’il touche aux questions doctrinales.

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À propos des thèmes les plus sensibles ,communion des divorcés remariés, bénédictions de couples homosexuels, diaconat féminin ,le cardinal appelle à ne pas avoir peur et à gérer ces sujets avec « patience et synodalité ». Mais cette méthode, si elle a le mérite de l’écoute, peut aussi entretenir des zones d’ambiguïté, alors que de nombreux fidèles attendent des repères clairs et un enseignement ferme.

Enfin, sur la synodalité elle-même, le cardinal Czerny voit un moyen de renforcer le rôle de l’évêque. Une lecture que d’autres contestent, y voyant au contraire une dilution de l’autorité pastorale dans des processus plus horizontaux et parfois influencés par des logiques politiques. A l’approche du conclave du 7 mai, le cardinal Czerny propose le portrait d’une Église fidèle à l’esprit de François. Mais cette continuité soulève une question essentielle : dans un monde en quête de vérité et de stabilité, l’Église peut-elle continuer à avancer sans clarifier ce qu’elle est, ce qu’elle croit, et ce qu’elle attend de ses pasteurs ?

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