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[ Inde ] Des chrétiens attaqués dans une église catholique

"Chaque persécution renforce la foi des chrétiens" - DR
"Chaque persécution renforce la foi des chrétiens" - DR
Des statues de Jésus et de Marie auraient été brisées et profanées

Le 21 avril dernier , le All India Christian Council a adressé une lettre au directeur général de la police de l’État d’Odisha pour réclamer des sanctions immédiates contre plusieurs agents accusés d’avoir violemment agressé des chrétiens tribaux dans le district de Gajapati, lors d’un raid mené le 22 mars.Selon une mission d’enquête composée d’avocats et d’activistes sociaux, qui s’est rendue sur place le 9 avril, l’opération policière initialement lancée pour lutter contre une culture présumée de marijuana dans un village voisin aurait dégénéré en une intervention brutale visant spécifiquement l’église catholique romaine du village de Juba, dans le bloc de Mohana.

Le rapport, relayé par l’organisation International Christian Concern, évoque des actes graves de violence commis par une quinzaine de policiers, notamment des agressions contre des femmes et des enfants tribaux ainsi que deux prêtres catholiques. L’intervention, menée sans mandat, aurait eu lieu alors que quatre jeunes filles, deux majeures de 18 et 20 ans et deux mineures de 12 ans, se préparaient à la messe du dimanche. Selon les témoins, deux d’entre elles ont été frappées à coups de bâton à l’intérieur de l’église, puis traînées sur environ 300 mètres jusqu’à un bus de police, tout en étant insultées et maltraitées.

Une cuisinière tribale de 38 ans aurait également été agressée par deux policiers : attrapée par le cou, elle aurait reçu un coup au visage, et son kurta ( tunique longue à manches longues) aurait été déchiré. Deux prêtres venus en aide aux victimes auraient eux aussi été attaqués. L’un d’eux a subi une fracture de l’omoplate et a perdu connaissance. Les policiers les auraient accusés de conversions forcées et les auraient traités de « Pakistanais ». D’après le rapport, 40 000 roupies (environ 470 dollars) auraient été dérobées au presbytère.

Le document recense aussi des destructions de biens : une vingtaine de motos, des téléviseurs, des stocks de riz, de céréales et de volailles. Des statues de Jésus et de Marie auraient été brisées et profanées.

La mission d’enquête dénonce de nombreuses violations de la Constitution indienne : l’article 25 (liberté de religion), les articles 15(3) et 15(4) (protection des femmes et des tribus), ainsi que plusieurs textes législatifs dont la loi de 2012 sur la protection des enfants contre les violences sexuelles (POCSO), la loi de prévention des atrocités contre les castes et tribus répertoriées (SC/ST Act), et l’article 298 du Bharatiya Nagarik Suraksha Sanhita (atteinte à un lieu de culte).

Dans sa lettre, Mgr Dr. P. R. Parichha, président du All India Christian Council pour l’Odisha, affirme que les forces de l’ordre ont « oublié leur mission fondamentale » en s’en prenant à des innocents, ajoutant que de tels agissements sont « condamnables sous tous rapports ».Plus de vingt jours après les faits, aucune mesure disciplinaire n’a été prise à l’encontre des agents mis en cause. Le rapport appelle à des sanctions rapides contre ce qu’il désigne comme des « éléments criminels dans la police, motivés par des préjugés communautaires et de caste ».

Parmi les faits les plus marquants, une femme de 62 ans et sa fille de 17 ans, en deuil après l’enterrement du père de famille, auraient elles aussi été rouées de coups. « Les policiers n’ont pas tenu compte du fait que cette famille venait d’enterrer un proche », note le rapport.Cet épisode s’inscrit dans une série de persécutions récurrentes visant les catholiques en Inde. Malgré les alertes répétées, l’impunité des auteurs reste une source de profonde inquiétude pour les défenseurs des droits religieux.

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