Depuis des siècles, le mois de mai est consacré à la Vierge Marie. Dans la piété populaire comme dans l’enseignement de l’Église, ce mois printanier est devenu un temps privilégié de prière, de conversion et de contemplation mariale. Pourquoi mai est-il dédié à la Mère de Dieu ? Et comment les fidèles sont-ils invités à vivre ce mois particulier ?
La dévotion à Marie au mois de mai s’est développée dès le Moyen Âge, mais c’est surtout à partir du XVIIIᵉ siècle qu’elle s’est institutionnalisée. En 1784, un prêtre jésuite italien, le Père Alfonso Muzzarelli, propose un « mois de Marie » pour lutter contre la déchristianisation des jeunes. L’initiative se répand rapidement à travers l’Europe et est vivement encouragée par les papes.Le pape Pie VII (1800–1823) approuve cette pratique et lui donne une reconnaissance officielle. Son successeur, Pie IX, puis Léon XIII, vont plus loin encore : ce dernier consacre pas moins de onze encycliques au Rosaire et à la dévotion mariale, toutes publiées… au mois de mai.
Dans l’encyclique Magnae Dei Matris (1892), Léon XIII souligne : « Le mois de mai a été choisi, avec une sagesse particulière, pour honorer la Très Sainte Vierge, car la nature elle-même semble convier à une élévation des âmes vers Marie. »
Le mois de mai, en Occident, est celui où la nature refleurit, où la lumière reprend ses droits sur les ténèbres de l’hiver. C’est le mois des fleurs, des processions et des joies retrouvées. Dans ce renouveau printanier, l’Église a vu une image de Marie, « la Fleur des champs et le Lys des vallées », selon le Cantique des Cantiques (Ct 2,1), celle qui a porté en son sein l’Auteur de la vie.De nombreuses paroisses organisent encore aujourd’hui des autels fleuris dédiés à la Vierge, dans les églises ou même dans les maisons, où l’on récite le chapelet en famille. Cette tradition familiale, en recul dans certains pays, connaît un renouveau dans les communautés chrétiennes jeunes ou rurales.
Le pape Paul VI, dans l’exhortation apostolique Marialis Cultus (1974), rappelle que le mois de mai est un temps fort pour le Rosaire : « C’est dans ce mois que les fidèles, plus que jamais, expriment avec ferveur leur amour et leur confiance envers la Très Sainte Vierge. »
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Jean-Paul II lui emboîtera le pas dans la lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae (2002), qui renouvelle la pratique du chapelet en y ajoutant les mystères lumineux. « Par Marie, nous allons vers le Christ. » C’est ce que nous répétons dans chaque « Je vous salue Marie », où le nom de Jésus est le cœur de l’invocation.Le pape François, quant à lui, a appelé à réciter le chapelet tous les jours durant le mois de mai, notamment en 2020 lors de la pandémie, pour demander la protection de la Vierge sur le monde entier.
Voici quelques exemples concrets pour vivre ce mois marial :décorer un autel marial chez soi avec des fleurs, une statue ou une icône de la Vierge, et y prier chaque jour ; participer aux processions mariales si elles sont organisées par la paroisse, en particulier autour du 13 mai (Notre-Dame de Fatima) ou du 24 mai (Notre-Dame Auxiliatrice) ; réciter le chapelet en famille, notamment le soir, pour confier les intentions personnelles, paroissiales ou mondiales ; lire un passage de l’Évangile chaque jour, en méditant le rôle de Marie dans le mystère du salut ; offrir un acte de charité, un service, une privation, en l’honneur de Marie, modèle de foi et de disponibilité.
Le mois de mai n’est pas un simple décor fleuri autour d’une dévotion désuète. C’est un appel à imiter Marie, la première des disciples, la Femme debout au pied de la Croix, la Mère de l’Église. Le Concile Vatican II, dans Lumen Gentium, affirme : « La bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’Avocate, de Secours, d’Auxiliatrice, de Médiatrice. »À l’école de Marie, les chrétiens sont appelés à une foi humble, confiante, persévérante. Comme le disait saint Louis-Marie Grignion de Montfort : « Plus une âme est à Marie, plus elle est à Jésus-Christ. »
En mai, l’Église nous invite à relever la tête, à lever les yeux vers celle qui a tout reçu de Dieu pour nous le donner. En priant Marie, nous ne nous détournons pas du Christ : nous allons à lui par le plus court, le plus sûr et le plus doux des chemins. Le mois de mai est bien plus qu’une tradition : c’est une école d’amour, de foi et de fidélité.