C’est par ses mots puissants que Léon XIV depuis la loggia de Saint-Pierre, s’est adressé à la foule réunie pour l’Habemus Papam. Premier pape américain, ancien missionnaire au Pérou et héritier de saint Augustin, Robert Francis Prevost ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’Église.Élu le 8 mai 2025 à 18H08 , le cardinal Robert Francis Prevost devient le 267e successeur de saint Pierre. Ce religieux augustinien, né à Chicago, s’est illustré par son engagement missionnaire au Pérou, son autorité dite tranquille à la tête des Augustins, et sa responsabilité décisive au sein du Dicastère pour les évêques.
Ce choix de nom fait directement écho à Léon XIII, le pape de la doctrine sociale de l’Église, auteur de l’encyclique Rerum Novarum (1891), et fervent promoteur de saint Thomas d’Aquin et des valeurs de la justice sociale. Léon XIV entend-il marcher dans ses pas ? Le symbole est fort.
Âgé de 69 ans, ce prélat américain au parcours international a été jusqu’à présent préfet du Dicastère pour les évêques, l’un des postes les plus influents de la Curie romaine.
Né le 14 septembre 1955 à Chicago, dans une famille aux racines françaises et italiennes du côté paternel, et espagnoles du côté maternel, Robert Prevost grandit dans une maison où passaient régulièrement des prêtres attirés par les plats de sa mère, Mildred Martínez. Il est marqué très tôt par l’exemple de son père, Louis Marius Prevost, catéchiste engagé. Enfant de chœur, élève de l’école paroissiale, il s’interroge très jeune sur la vocation sacerdotale.
Après un discernement intérieur, il choisit de rejoindre les Augustins, attiré par l’accent mis sur l’unité, la communion fraternelle et l’héritage spirituel de saint Augustin d’Hippone. Un aîné dans la vie religieuse lui confia un jour :
« En tant que jeune homme, c’est la chasteté qui te semblera la plus difficile. Mais plus tard, tu verras que c’est l’obéissance qui l’est le plus. »
Il détient un solide parcours universitaire : licence en mathématiques (Université Villanova), maîtrise en théologie (Union théologique catholique de Chicago), puis doctorat en droit canonique à l’Angelicum à Rome, avec une thèse sur « Le rôle du prieur local dans l’Ordre de Saint-Augustin ». Il est ordonné prêtre en 1982 par Mgr Jean Jadot.
Sa vocation se déploie pleinement au Pérou, pays dont il deviendra citoyen. De 1985 à 1998, il y exerce d’innombrables fonctions : directeur de séminaire, professeur, curé, vicaire judiciaire, enseignant le droit canonique à Trujillo, sillonnant le pays entre jungle, montagnes et littoral. Il dira plus tard :
« Je suis tombé amoureux du peuple péruvien. Cette terre m’a évangélisé autant que je l’ai servie. »
Élu prieur provincial à Chicago en 1999, il devient en 2001 prieur général de l’Ordre des Augustins, fonction qu’il occupe jusqu’en 2013.En 2014, le pape François le rappelle au Pérou comme administrateur apostolique de Chiclayo, puis comme évêque en 2015. Il devient vice-président de la Conférence épiscopale péruvienne et joue un rôle stabilisateur durant les crises politiques. Il administre aussi temporairement le diocèse de Callao en 2020-2021.
En janvier 2023, il est nommé préfet du Dicastère pour les évêques, chargé de la sélection des évêques de rite latin. François lui confie alors :
« Prie pour que je prenne une bonne décision. »
Ce à quoi Prevost répond :
« Que vous décidiez de me nommer ou de me laisser là où je suis, je serai heureux ; mais si vous me demandez de prendre une nouvelle responsabilité dans l’Église, j’accepterai. »
Le 30 septembre 2023, il est créé cardinal. Discret, mais estimé à Rome, il est salué pour sa rigueur et son écoute. Un évêque français déclara à Aleteia :
« Ses questions étaient judicieuses, et son esprit de synthèse impressionnant. Il m’a fait bonne impression. »
Mais l’homme est aussi simple et humble. Passionné de tennis, il confia un jour :
« Je me considère comme un joueur de tennis amateur plutôt doué. Depuis que j’ai quitté le Pérou, j’ai eu peu d’occasions de m’entraîner, alors j’espère pouvoir retourner sur le court. »
Plus profondément, Léon XIV se réclame de l’augustinisme, spiritualité fondée sur la recherche de la vérité intérieure, la primauté de la charité, l’unité de l’Église et la paix dans l’ordre. Il cite volontiers la célèbre phrase de saint Augustin :
« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi. »
Ses premières paroles de pape, prononcées depuis la loggia de Saint-Pierre, ont été sobres et fortes :
« La paix soit avec vous tous. »
Dans son premier discours, salué par plusieurs salves d’applaudissements, il a ensuite déclaré :
« Le mal ne prévaudra pas, nous sommes tous dans les mains de Dieu. Sans peur, unis main dans la main, avançons, nous sommes les disciples du Christ. »
« Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de Lui pour être rejointe par Dieu et par son amour. Construisons des ponts avec des dialogues, des rencontres, pour être un seul peuple dans la paix. »
Il a également rendu hommage à son prédécesseur dans un sobre « Merci au pape François. »
Se présentant comme fils de saint Augustin, il a invité à une unité fraternelle dans la foi. Enfin, en ce 8 mai, jour de Notre-Dame de Pompei, il a prié un Ave Maria avec la foule de la place Saint-Pierre, puis a accordé l’indulgence plénière.En ce soir historique, une seule chose doit prévaloir : la joie d’avoir un nouveau pape. Joie pour l’Église, pour les fidèles rassemblés place Saint-Pierre et à travers le monde, pour ceux qui attendaient avec espérance un pasteur enraciné dans la foi, humble serviteur et homme de paix. L’avenir nous dira si cette grande espérance inaugurée avec Léon XIV s’inscrira dans la durée. Mais pour l’heure, que cette joie soit pleine, simple et catholique.
Les premiers mots du Pape Léon XIV
