Dans une interview accordée au Corriere della Sera, Monseigneur Georg Gänswein, ancien secrétaire particulier de Benoît XVI et ancien préfet de la Maison pontificale, a salué l’élection de Léon XIV comme le début d’« une nouvelle ère pour l’Église », marquée par « la clarté, la stabilité et une rupture décisive avec la confusion du passé ».
Éloigné du Vatican en 2020 par le pape François et nommé en 2024 nonce apostolique dans les pays baltes, Monseigneur Gänswein reste une figure importante du courant conservateur au sein de l’Église. Depuis son exil discret, il continue de défendre la clarté doctrinale et l’héritage spirituel de Benoît XVI.S’exprimant sur l’élection du cardinal Robert Prevost, il a évoqué « un moment de grande et bonne surprise », ajoutant qu’il avait ressenti « un sentiment immédiat d’espérance » en voyant le nouveau pape apparaître au balcon de la basilique Saint-Pierre.
« Optiquement et acoustiquement, ce pape inspire espoir, espoir, espoir », a-t-il confié, rappelant son attachement personnel à l’importance des symboles dans la vie ecclésiale.
Pour Monseigneur Gänswein, l’élection de Léon XIV laisse entrevoir un pontificat solide : « Nous pouvons commencer à compter sur un pontificat capable d’assurer la stabilité. ». Le prélat a souligné que Léon XIV pourrait offrir une synthèse équilibrée entre les approches de ses prédécesseurs :
« Si nous combinons les chaussures noires de Bergoglio avec la clarté doctrinale cristalline de Ratzinger, sans chercher l’originalité à tout prix, je pense que Léon XIV offrira une belle combinaison. »
Revenant sur les tensions des dernières années, il a insisté sur la nécessité d’une orientation doctrinale nette :
« Il existe aujourd’hui de grandes tensions dans l’Église, et des conflits effrayants à l’extérieur. Je crois que nous avons maintenant besoin de clarté doctrinale. La confusion de ces années doit être surmontée. »
Pour l’archevêque, les structures institutionnelles de l’Église doivent être considérées comme un soutien indispensable pour le pontificat : « Les institutions de l’Église ne sont pas une lèpre », a-t-il affirmé, prenant ainsi à contre-pied certaines critiques contemporaines.
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Un geste simple mais significatif l’a particulièrement marqué : Léon XIV a lu un texte écrit lors de sa première bénédiction.
« Quand j’ai vu qu’il avait un texte écrit à la main, je me suis dit : il a bien commencé. C’est un homme qui sait où il va. »
Sur le profil du nouveau pape, Monseigneur Gänswein a souligné l’originalité et la richesse de son parcours :
« Il vient de nombreux milieux, pas seulement d’un seul. Son expérience, sa capacité à parler plusieurs langues, font de lui à la fois un pasteur et un gouvernant. ».Quant à la résidence du pape, il a exprimé son souhait de voir Léon XIV réintégrer le Palais apostolique :« Je crois que Léon XIV ira certainement vivre au Palais apostolique. Ce palais est destiné à être la résidence des papes. C’est sa fonction historique. »
Revenant sur les divisions au sein de l’Église, il a conclu avec confiance : « La saison de l’arbitraire est terminée », exprimant ainsi l’espoir que cette nouvelle étape sera marquée par la stabilité et la fidélité au patrimoine doctrinal de l’Église.
Interrogé sur ses relations avec le pape François, Monseigneur Gänswein a reconnu avoir traversé des années difficiles :
« J’ai souffert pendant ces années, c’est vrai », a-t-il déclaré, mais il a précisé avoir « clarifié les choses avec François avant [sa] nomination comme nonce. »
Connu pour son attachement à la liturgie traditionnelle, Monseigneur Gänswein avait dénoncé en 2023 les restrictions imposées au rite ancien, déclarant que cela avait « brisé… le cœur de Benoît ».
« Si l’on pense que pendant des siècles l’ancienne messe a été une source de vie spirituelle et de nourriture pour de nombreuses personnes, y compris de nombreux saints, il est impossible d’imaginer qu’elle n’ait plus rien à offrir », avait-il affirmé.
Il avait également souligné l’importance de ce trésor spirituel pour la jeunesse :
« De nombreux jeunes – nés bien après le Concile Vatican II, et ne comprenant pas tout le drame qui l’entoure – ont trouvé dans l’ancienne messe un foyer spirituel, un trésor. Supprimer ce trésor aux fidèles… je ne peux pas dire que je sois à l’aise avec cela. »Enfin, tourné vers l’avenir, Monseigneur Gänswein a exprimé son optimisme : « Le pape Prevost me donne beaucoup d’espoir. Je suis convaincu qu’il aura un impact positif dans l’Église et dans le monde. C’est un artisan de paix. »