Le Comité judiciaire du Sénat américain a publié, le 5 juin 2025, un rapport accablant pour le FBI. Selon ce document, l’agence fédérale n’a pas seulement diffusé un unique mémo ciblant les catholiques dits “traditionalistes radicaux”, mais a intégré un langage similaire dans au moins 13 documents différents, accompagnés de cinq annexes internes. Cette affaire, initialement révélée en février 2023, semble bien plus vaste et organisée que ce que la direction du FBI avait admis à l’époque.
Le mémorandum de 2023, émanant de la division de Richmond (Virginie), avait suscité un tollé après avoir été rendu public. Il recommandait la mise en place de “sources” au sein des paroisses célébrant la messe en latin, avec l’objectif affiché de “mitiger les menaces”. Ce document s’appuyait presque exclusivement sur les désignations controversées du Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation de gauche accusée de partialité, pour établir des liens entre le catholicisme traditionaliste et l’extrémisme raciste.
Malgré le retrait du document par le FBI et les déclarations de son directeur de l’époque, Christopher Wray, affirmant qu’il s’agissait d’un incident isolé, le rapport sénatorial prouve qu’il a été partagé avec plus de 1 000 agents à travers les États-Unis. Il révèle également que plusieurs bureaux du FBI, dont ceux de Louisville, Portland et Milwaukee, ont participé à son élaboration.Certaines discussions internes assimilent les croyances de ces catholiques à de la “théologie islamiste”, comme l’indique une consultation avec la division de Louisville. Des échanges d’e-mails entre les bureaux de Richmond et de Buffalo font état de la présence de groupes traditionalistes dans cette région, suggérant un repérage actif des communautés concernées.
Lire aussi
ACI Prensa précise que des agents du FBI à Milwaukee et à Phoenix avaient exprimé leur malaise face à ces initiatives, estimant que l’agence dépendait excessivement des classifications idéologiques du SPLC. Un agent s’interrogeait : “Sommes-nous réellement en train de produire ce genre de document ?”, tandis qu’un autre soulignait que “notre dépendance excessive aux désignations de haine du SPLC est problématique”.Un second mémo, plus ambitieux et destiné à l’ensemble du FBI, était en cours de rédaction au moment de la polémique. Il évoquait à nouveau un lien entre le catholicisme traditionaliste et la violence politique, tout en prédisant une montée des tensions durant le cycle électoral de 2024. Ce projet a été abandonné face aux critiques suscitées par la première fuite. Contrairement au premier, ce second brouillon ne faisait pas mention du SPLC.Face à ces révélations, le sénateur républicain Chuck Grassley, président du Comité judiciaire, a demandé au nouveau directeur du FBI, Kash Patel, nommé par le président Donald Trump, de remettre tous les documents mentionnant des groupes religieux en lien avec l’extrémisme, notamment ceux fondés sur les sources biaisées du SPLC.
Grassley accuse aussi l’ancien directeur Christopher Wray d’avoir volontairement induit le Congrès en erreur. “Le témoignage qui qualifiait ce mémo d’initiative isolée d’un seul bureau était, au mieux, trompeur. Il s’inscrit dans un schéma de dissimulation délibérée.”Ce scandale relance un débat crucial sur le respect de la liberté religieuse et le traitement équitable des croyants dans les institutions publiques. Alors que les États-Unis sont fondés sur la liberté de conscience, le ciblage de fidèles catholiques en raison de leur attachement à la tradition liturgique est un signal alarmant, tant pour les croyants que pour la démocratie.