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Sur les ruines de l’Église allemande, le schisme s’organise au nom du « sacerdoce féminin »

Les étudiantes en théologie avec la lettre remise à Mgr Wurtz - DR
Les étudiantes en théologie avec la lettre remise à Mgr Wurtz - DR
En déposant leur candidature au séminaire de Fribourg, neuf femmes théologiennes défient la doctrine de l’Église. Soutenues par une presse complice et un clergé ambigu, elles réclament un « pouvoir sacerdotal » réservé par le Christ aux hommes, une nouvelle étape dans l’effondrement doctrinal de l’Église allemande

Le 21 mai dernier, le quotidien Badische Zeitung publiait un article au ton faussement neutre, relatant que neuf femmes avaient déposé leur candidature au séminaire catholique de Fribourg. « Elles remplissent toutes les conditions ,sauf une », écrit la journaliste. Derrière cette phrase apparemment anodine se cache une hérésie manifeste, nier que l’ordination sacerdotale soit, par institution divine, exclusivement réservée aux hommes.

L’action de ces neuf femmes, certaines diplômées en théologie, d’autres encore étudiantes, ne relève pas d’un cheminement spirituel mais d’une entreprise militante. Elles se revendiquent d’une initiative intitulée : « Mon Dieu ne discrimine pas – mon Église, si ». Une formule accusatrice qui oppose directement la volonté divine supposée à l’enseignement constant de l’Église. Accompagnées de lettres de motivation individuelles, ces candidatures sont présentées comme un « acte de libération de l’impuissance » et une « prise de pouvoir ».Cinq de ces femmes ont préféré rester anonymes, craignant des conséquences professionnelles. Les quatre autres, dont les noms sont relayés par la presse, se sont présentées devant le séminaire de Fribourg pour déposer une grande enveloppe contenant les candidatures, avec le logo de leur campagne bien en évidence.

L’élément le plus troublant réside peut-être dans la réaction du recteur du séminaire, Monseigneur Christian Würtz, évêque auxiliaire. Au lieu de rappeler clairement l’impossibilité doctrinale d’ordonner des femmes prêtres, une vérité définie sans équivoque par saint Jean-Paul II dans Ordinatio Sacerdotalis, il salue l’« engagement » de ces femmes et leur « sérieux », ajoutant qu’il souhaite « dialoguer » avec elles, tout en admettant qu’il ne peut leur promettre d’admission.

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Ce type de réponse ambiguë alimente la confusion et fragilise la fidélité doctrinale. Car ce n’est pas par manque de discernement ou par rigidité administrative que ces femmes ne peuvent être admises, mais parce que l’Église n’a pas reçu de son Seigneur le pouvoir de conférer le sacrement de l’ordre aux femmes. Présenter cela comme une « seule condition manquante » revient à nier un point fondamental de la foi catholique. C’est donc, objectivement, une forme d’hérésie.

Monseigneur Christian Würtz, évêque auxiliaire

L’affaire de Fribourg ne surgit pas dans un vide. Elle s’inscrit dans une lente dérive, documentée depuis plusieurs années en Allemagne, remise en cause de l’enseignement moral, bénédictions de couples homosexuels, marginalisation du clergé fidèle à Rome, défiance à l’égard de la primauté pétrinienne. Le chemin synodal allemand a ouvert la porte à une théologie parallèle, horizontaliste, réduisant les sacrements à de simples fonctions sociales.Cette nouvelle revendication, celle d’un « sacerdoce féminin », est un pas de plus vers ce qui prend de plus en plus la forme d’un schisme latent, soigneusement entretenu au nom d’une Église « inclusive » et « égalitaire ». Mais une Église qui renie la structure sacramentelle voulue par le Christ cesse d’être son Église. Ce n’est pas l’Évangile qui évolue, c’est la foi qui s’effondre.En 2024, l’Église catholique allemande n’a ordonné que 29 prêtres, un chiffre historiquement bas. En 1962, on en comptait encore 557, contre seulement deux dans toute l’Allemagne de l’Est l’an dernier. Onze diocèses n’ont connu aucune ordination. Le nombre d’entrées au séminaire s’effondre également, passant de 628 en 1985 à seulement 47 en 2024. À ce rythme, il pourrait bien qu’on atteigne bientôt un niveau zéro d’ordinations en Allemagne.

Comme le rappelait Benoît XVI avec lucidité, « L’Église n’est pas gouvernée par des majorités mais par la foi transmise depuis les Apôtres. » À Fribourg, ce rappel semble aujourd’hui oublié, et sur les ruines de la fidélité, certains croient bâtir un avenir. Ils ne font que creuser la fracture.

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