Le 28 mai 2025, le Dicastère pour le Culte Divin a autorisé la paroisse Saint-Margaret of Scotland, dans le diocèse de San Angelo (Texas), à continuer de célébrer la messe selon le Missel de 1962. Cette dérogation exceptionnelle, accordée pour deux années supplémentaires, a été sollicitée par l’évêque Michael Sis dans un esprit de discernement pastoral. Il s’agit de la première autorisation officielle en faveur du rite tridentin sous le pontificat du pape Léon XIV.
« Je suis reconnaissant au Saint-Père et au Dicastère pour avoir permis que la messe traditionnelle continue d’exister dans notre paroisse », a confié le père Ryan Rojo. Le curé, le père Freddy Perez, a exprimé son soulagement, soulignant que cette liturgie attire chaque semaine de nombreuses familles et reste l’un des moments les plus fréquentés de la vie paroissiale.Cette décision constitue un signal positif. Dans une Église souvent marquée par des oppositions liturgiques, elle témoigne d’une volonté romaine d’articuler fidélité à la réforme conciliaire et respect des communautés enracinées dans la tradition. Le décret loue les efforts de la paroisse pour cultiver l’unité de la lex orandi tout en maintenant la paix pastorale.
En France, de nombreux fidèles espèrent désormais que ce geste ouvre une voie. Car depuis l’application stricte du Motu proprio Traditionis custodes, plusieurs communautés tridentines françaises ont connu des limitations douloureuses, des transferts, voire des interdictions, alors qu’elles œuvrent paisiblement au sein de l’Église.
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Dans une récente interview accordée à Tribune Chrétienne, le cardinal François Bustillo a livré une réflexion particulièrement éclairante sur la question :
« Je pense que dans l’Église il y a de la place pour tout le monde, donc également pour ces fidèles attachés au rite tridentin. […] Le pape, dans sa mission, doit d’abord écouter, ensuite discerner, et après décider. » Interrogé plus directement sur Traditionis custodes, le cardinal a répondu avec prudence et conviction :
« Je suis pour la paix dans l’Église évidemment. Et la paix, avant de passer par le rite, passe par l’Esprit. […] Le rite en soi n’est pas un problème. […] Je respecte beaucoup de fidèles qui préfèrent ce rite. Quand on est pasteur, on doit penser au bien de tous. […] On doit respecter une sainte diversité qui passe par l’acceptation de la diversité au niveau liturgique. »
Cette voix pastorale rejoint celle du cardinal Raymond Burke, qui a récemment exhorté le pape Léon XIV à « se pencher sérieusement sur la question » des restrictions. La dérogation accordée à San Angelo apparaît ainsi comme un premier signe de cette écoute. Dans le langage mesuré de la Curie, cela peut annoncer un mouvement.Dans un monde fragmenté, la communion ecclésiale passe aussi par la reconnaissance paisible des formes diverses de la prière. La messe latine traditionnelle, célébrée avec fidélité et ferveur, ne divise pas : elle rassemble des âmes assoiffées de silence, de beauté, de transcendance. Il est temps, peut-être, que l’Église en France s’ouvre à ce que Rome commence à mieux accueillir et que l’on arrête les persécutions… « La communion, la communion, la communion ! » comme nous l’a confié le cardinal Bustillo.