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ABUS : Après Toulouse, Angers : un prêtre condamné reste au cœur de la chancellerie

Monseigneur Emmanuel Delmas ,  évêque d'Angers - DR
Monseigneur Emmanuel Delmas , évêque d'Angers - DR
Alors que le nouveau président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Marc Aveline, a appelé à “éviter toute blessure supplémentaire dans le peuple de Dieu” après la polémique liée à la nomination du père Dominique Spina à Toulouse, un autre dossier trouble refait surface, cette fois dans le diocèse d’Angers

Alors que l’attention reste focalisée sur l’affaire Spina, un autre cas interpelle dans l’Église de France. À Angers, le père Joseph Renaud, prêtre diocésain, a reconnu en 2014 détenir des images à caractère pédopornographique. Les faits ont été révélés après un signalement de Microsoft en 2012, qui avait détecté sur son cloud des fichiers illicites. L’enquête, menée avec l’aide du FBI, a permis de remonter jusqu’à l’ordinateur du prêtre, alors curé de Saint-Barthélemy-d’Anjou et de Saint-Maurice-Saint-Pierre-de-Trélazé-Sorges. Une vingtaine de photographies ont été retrouvées et le père Renaud a avoué les faits.

En 2017, le tribunal correctionnel d’Angers le condamne à deux ans de prison, dont quatre mois ferme, pour détention et diffusion d’images pédopornographiques par voie électronique. Le jugement prévoit également un contrôle judiciaire et une obligation de soins.Rappelons que Le Code de droit canonique, au canon 483, est explicite :
§ 1. Outre le chancelier, d’autres notaires peuvent être constitués, dont l’attestation ou la signature font publiquement foi, en ce qui concerne tous les actes, ou les actes judiciaires uniquement, ou seulement les actes d’une cause ou d’une affaire déterminée.
§ 2. Le chancelier et les notaires doivent être de réputation intègre et au-dessus de tout soupçon ; dans les causes où la réputation d’un prêtre pourrait être mise en question, le notaire doit être prêtre.

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Or, selon l’annuaire diocésain, le père Renaud est toujours notaire à la chancellerie. Il est également membre du conseil presbytéral et délégué au bureau des mariages. Aujourd’hui le diocèse d’Angers est dirigé par Monseigneur Emmanuel Delmas , nommé évêque le 17 juin 2008, ordonné et installé en la cathédrale d’Angers le 28 septembre de la même année. Sa devise épiscopale est « L’espérance ferme comme le rocher », même quand le rocher s’avère être un terrain glissant…

De son coté , le parcours pastoral du père Renaud est éloquent : curé de Saint-Martin-des-Champs dès 2007, aumônier de l’Action catholique ouvrière en 2008, il a occupé plusieurs charges pastorales jusqu’à sa mise en cause en 2014. Après sa condamnation, il est progressivement revenu à des fonctions officielles. En 2025, il est même nommé délégué à la protection sociale du clergé.À l’été 2025, il cumule plusieurs postes : aumônier diocésain de Partage et Rencontre, aumônier du monastère Notre-Dame des Gardes, archiviste-adjoint des archives diocésaines, délégué au bureau des mariages, notaire à la chancellerie, membre élu du comité de gestion de la Mutuelle Saint-Martin et membre du conseil presbytéral.

Cette situation soulève des interrogations légitimes sur la cohérence entre les exigences canoniques, la gravité des faits commis et les responsabilités confiées. Dans un diocèse marqué par l’histoire douloureuse des abus et dans un contexte ecclésial fragilisé par les révélations de la CIASE, la question demeure : comment restaurer la confiance quand un clerc condamné pour des faits aussi graves se voit confier des fonctions de premier plan au cœur même de la gouvernance diocésaine ?

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