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« Il a prolongé des voix qui contredisent la foi »: Monseigneur Strickland, premier déçu de Léon XIV ?

Monseigneur Strickland et le pape Léon XIV
Monseigneur Strickland et le pape Léon XIV
Le prélat américain destitué, figure marquante du catholicisme conservateur américain, exprime sa déception à l’égard des premières décisions du pape Léon XIV

À peine trois mois après l’élection du pape Léon XIV, certaines voix au sein de l’Église se disent déjà inquiètes. Parmi elles, Monseigneur Joseph Strickland, relevé de ses fonctions épiscopales en 2023 après une visite apostolique et connu pour ses positions fermes sur la doctrine catholique.Dans un entretien accordé au Catholic Herald, il affirme avoir été sanctionné pour avoir défendu, sans compromis, les enseignements pérennes de l’Église. « Les vérités que j’ai proclamées ne sont pas les miennes – elles appartiennent à l’Évangile et à l’enseignement constant de l’Église », confie-t-il, dénonçant un climat où certaines vérités seraient « brouillées » au nom d’une adaptation pastorale.

L’élection de Léon XIV en mai dernier avait suscité chez lui de réels espoirs. Mais il affirme que cet enthousiasme a été refroidi. « Il a maintenu le cardinal Víctor Manuel Fernández à la Doctrine de la Foi… Il a aussi conservé les restrictions contre la messe latine traditionnelle », regrette-t-il. Pour lui, ces choix « prolongent celles des voix qui contredisent la foi, tout en marginalisant celles qui l’expriment clairement » et de prévenir : « Prier pour le pape ne signifie pas se taire lorsque le troupeau est dispersé ».Depuis sa destitution, Mgr Strickland constate qu’il a reçu très peu de soutien de la part de ses confrères. Pour lui, ce silence ne relève pas seulement d’un manque de fraternité : il s’agit aussi d’un signal envoyé par Rome. Le message implicite, selon lui, est clair : « Si vous parlez ouvertement de la vérité de notre foi face à ce qui vient du Vatican… vous risquez la révocation ». Une attitude qui, à ses yeux, vise à dissuader tout évêque de s’opposer publiquement aux orientations controversées sur des sujets comme les bénédictions de couples homosexuels ou l’ordination des femmes.

Sur la question liturgique, il rejette toute idée que la messe de toujours puisse être source de division. « Compter parmi les saints d’innombrables fidèles formés par cette liturgie et la qualifier de nocive est contraire à la réalité ».C’est dans ce contexte qu’il évoque Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Saint-Pie X, qu’il juge avoir « joué un rôle important pour préserver la messe latine comme élément vital de la vie de l’Église ». Tout en reconnaissant ne pas connaître tous les détails de son parcours, il affirme que l’histoire retiendra l’importance de son action : « Il a tenu ferme à la messe de toujours et refusé de l’abandonner, quel que soit celui qui le lui demandait ».Pour Mgr Strickland, cette fidélité à la liturgie traditionnelle trouve aujourd’hui un écho particulier alors que Traditionis Custodes continue de restreindre son usage.

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Sur Fiducia Supplicans autorisant les bénédictions non-liturgiques de couples en situation irrégulière, il est catégorique : « Nous ne pouvons pas bénir le péché ». Selon lui, cette déclaration ne rappelle pas assez clairement l’appel à la conversion, pourtant indispensable à toute démarche pastorale authentique.

Malgré ses critiques, l’ancien évêque conclut sur un appel à la fidélité et à la persévérance : « Gardez les yeux fixés sur Jésus-Christ et sur la vérité qu’Il a confiée à Son Église… Les traditions sacrées et le Magistère pérenne ne sont pas à éditer ».Pour lui, le rôle du catholique est clair, quelle que soit l’époque : « Tenir ferme et garder les traditions que vous avez apprises » (2 Th 2, 14). Et même si les premières décisions de Léon XIV l’inquiètent, il assure vouloir continuer à « respecter l’office pétrinien tout en défendant, sans concession, le dépôt de la foi ».

Notons que Monseigneur Strickland exprime un sentiment de déception que beaucoup de fidèles et de pasteurs ne partagent pas encore. Nombreux sont ceux qui espèrent que le pape Léon XIV, par les premiers signaux envoyés dans sa volonté d’apaiser le climat au sein de l’Église,contrastant avec les positions plus tranchées et parfois radicales de son prédécesseur François , ne se laissera pas emporter par la facilité d’une stricte continuité pontificale. Ils espèrent qu’il saura revenir sur certaines mesures les plus contestées de François, notamment en matière liturgique et doctrinale, et ouvrir un chemin de clarté et de fidélité au dépôt de la foi, afin de renforcer l’unité véritable dans la vérité du Christ.

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