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Marie élevée au Ciel : l’Assomption, procession d’un peuple fidèle et héritage d’une nation

Procession de l'Assomption sanctuaire de Lourdes ( 2022) - DR
Procession de l'Assomption sanctuaire de Lourdes ( 2022) - DR
" La dévotion mariale a accompagné la construction de la France"

Chaque 15 août, la France résonne de cloches et de cantiques en l’honneur de l’Assomption de la Vierge Marie, lorsque l’Église célèbre que la Mère du Christ a été élevée corps et âme dans la gloire céleste. C’est l’une des plus grandes fêtes catholiques, mêlant prière, ferveur populaire et héritage historique. Les processions qui parcourent les villes et les villages rappellent que Marie n’est pas seulement une figure de foi, mais qu’elle est intimement liée à l’histoire spirituelle et même politique de notre pays.

Comme le souligne Pascal-Raphaël Ambrogi, coauteur du Dictionnaire encyclopédique de Marie, « la dévotion mariale a accompagné la construction de la France ». Dès le vœu de Louis XIII en 1638, consacrant la nation à Marie et instituant le 15 août comme fête nationale, le lien entre la piété mariale et l’identité française s’est renforcé. Cette dévotion plonge ses racines dans les conciles proclamant Marie « Mère de Dieu », les premières prières comme le Sub tuum præsidium au IIIe siècle, et l’action de grandes figures spirituelles : saint Dominique et le bienheureux Alain de La Roche pour le Rosaire, saint Jean Eudes pour le Cœur de Marie, saint Louis-Marie Grignion de Montfort et son Traité de la vraie dévotion, ou encore les apparitions reconnues de La Salette, Lourdes, Pontmain et Pellevoisin. Aujourd’hui, la France compte près de 2 900 lieux actifs de dévotion mariale, dont cinq apparitions officiellement reconnues, soit un tiers des apparitions mariales validées dans le monde.

« Marie est le moyen le plus assuré, le plus aisé, le plus court et le plus parfait pour aller à Jésus-Christ »

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

En France, Lourdes est l’un des hauts lieux du 15 août, avec sa procession aux flambeaux qui, chaque soir de la saison de pèlerinage, rassemble des milliers de fidèles autour de la Grotte des Apparitions, ainsi que la procession eucharistique qui traverse les pelouses du sanctuaire. Cette année, la cathédrale Notre-Dame de Paris retrouve aussi sa procession traditionnelle, organisée depuis le XVIIe siècle et suspendue depuis l’incendie de 2019. Les 14 et 15 août 2025, les célébrations reprendront avec vêpres, messes, ostension de la Couronne d’épines et, point culminant, le départ de la procession le 15 août à 15 h 45 depuis le parvis, autour de la Vierge à l’Enfant de Charles X, présidée par Mgr Emmanuel Tois, évêque auxiliaire de Paris. Après avoir parcouru les rues de la capitale, les fidèles rentreront dans la cathédrale pour les vêpres solennelles et la messe de clôture.

Au-delà de nos frontières, les processions mariales prennent d’autres formes mais portent le même message. Aux Philippines, l’Intramuros Grand Marian Procession à Manille réunit chaque premier dimanche de décembre plus d’une centaine d’images et statues venues de tout le pays, tandis qu’à Naga, la Traslación de Nuestra Señora de Peñafrancia associe marche solennelle et procession fluviale. En Italie, l’île de Procida vit au rythme des processions de la Semaine sainte, où la Madonna Addolorata est portée dans les rues. En Allemagne, à Neviges, les pèlerins viennent depuis le XVIIe siècle honorer une image miraculeuse de l’Immaculée Conception lors de célébrations et rassemblements de prière.

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Parmi les figures emblématiques de nos cortèges français, la Vierge à l’Enfant dite de Charles X occupe une place singulière. Chef-d’œuvre d’orfèvrerie en argent réalisé par Charles Nicolas Odiot, elle fut voulue par Louis XVIII en 1817 pour accompagner la restauration de la procession du vœu royal, mais offerte en 1826 par Charles X. Mutilée lors des troubles de 1831 puis restaurée en 1856, elle est couronnée lors des processions depuis 1929 d’une pièce précieuse signée Boucheron, symbole éclatant de l’honneur rendu à la Reine du Ciel.Porter cette statue au milieu des fidèles n’est pas un geste anodin. L’argent évoque la pureté de Marie, l’Enfant qu’elle tient rappelle son rôle unique de Mère du Sauveur, et la couronne signale sa royauté spirituelle. Ce cortège terrestre n’est qu’un reflet de la procession céleste où Marie précède l’humanité vers la gloire. Comme le disait Jean-Paul II, « on ne parlera jamais trop de Marie » : sa présence dans la vie des croyants demeure une relation intime, personnelle, mais aussi un lien collectif qui façonne notre mémoire commune.

En ce jour d’Assomption, des processions s’élèvent partout dans le monde. Des grandes villes aux plus petits villages, des sanctuaires renommés aux modestes églises rurales, des communautés religieuses aux familles rassemblées, tout le peuple de Dieu chante Marie. C’est un pèlerinage universel qui proclame, dans la diversité des cultures et des langues, la même joie : Marie marche avec nous vers le Ciel.

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