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Quand les églises deviennent de simples refuges climatisés

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On passe indifféremment de la plage au musée, et du fast-food à l'église

La cathédrale de la Major et les petites églises du Vieux-Port accueillent ces jours-ci une foule de touristes et de curieux fuyant la canicule. Mais à mesure que les températures montent, c’est un autre malaise qui grandit : celui d’un manque flagrant de respect pour le caractère sacré de ces lieux.Il est devenu banal de voir entrer dans une église des visiteurs en tenue de plage, maillots, bermudas et casquettes vissées sur la tête.Certains entrent même en fumant, ou avec leur chien, n’hésitant pas à exhiber leurs ventres nus, leurs nombrils et autres piercings.Certains s’y arrêtent quatre minutes, juste pour profiter de la fraîcheur des vieilles pierres, d’autres pour « faire une photo souvenir », sans la moindre conscience de se trouver dans un sanctuaire. Au point que des panneaux « maillot de bain interdit » doivent désormais être accrochés aux portes ( dixit France Bleu régions) .

Une dérive symptomatique d’un relativisme spirituel

Peut-on se contenter de dire que « seul le cœur compte » ? Non, répondent les prêtres et de nombreux fidèles. Car toute la personne est engagée lorsqu’on se présente devant le Seigneur : l’attitude, le silence, la tenue vestimentaire.Le cardinal Robert Sarah en a donné une illustration saisissante lors d’une messe à Sainte-Anne d’Auray : il raconta qu’une femme s’était avancée, en pleine insouciance, pour recevoir la communion, vêtue simplement d’une culotte. Non pas par misère, mais par désinvolture. Une scène qui dit tout du drame spirituel de notre époque.Le laisser-aller extérieur est le reflet d’un laisser-aller intérieur. Lorsque l’on relativise la manière de se présenter dans la maison de Dieu, on finit aussi par relativiser la foi elle-même. La liturgie n’est pas un moment quelconque, ni l’église un musée ou un abri climatique. Elle est le lieu de la Présence réelle, le sanctuaire où l’on s’avance avec crainte et respect.

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Faut-il se contenter de tolérer cette désinvolture ? Ne serait-il pas plus courageux de rappeler clairement, par des affiches sobres ou par quelques mots fermes, la dignité due à ces lieux saints ? Serait-il vraiment « gênant » que les prêtres élèvent la voix pour rappeler aux fidèles, et même aux touristes , que l’on ne se tient pas devant Dieu comme on se rend à la plage ?

On oublie trop souvent que dans d’autres religions, ce respect s’impose sans discussion. On n’entre pas dans une mosquée n’importe comment. On ne visite pas une synagogue sans observer un minimum de tenue et de décence. Pourquoi les églises catholiques devraient-elles être les seules à devenir des lieux sans règles, où chacun se comporte comme bon lui semble ?

Si ces mêmes personnes se rendaient à l’Élysée, à une réunion de famille solennelle ou à un entretien d’embauche, elles ne se permettraient jamais de négliger ainsi leur tenue vestimentaire. Alors, savent-elles seulement devant qui elles se présentent en entrant dans une église ? Mais si personne ne le leur dit clairement, il est certain qu’elles ne pourront jamais le savoir.La chaleur étouffante de l’été n’excuse pas tout. Si la société contemporaine relativise tout, l’Église ne peut céder sur l’essentiel : se présenter devant Dieu avec respect et humilité. Comme l’affirme le Catéchisme (§1387), « l’attitude corporelle (gestes, vêtements) doit traduire le respect, la solennité et la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte ».Il est urgent de redécouvrir que le silence, la tenue, la prière, loin d’être secondaires, sont les signes visibles d’un cœur tourné vers Dieu. Car là où le respect disparaît, la foi s’éteint.

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