Ce vendredi 5 septembre le pape Léon XIV a reçu en audience officielle Karol Tadeusz Nawrocki, président de la République de Pologne, accompagné de son épouse Marta et de sa délégation. Âgé de 42 ans, cet historien et catholique revendiqué, élu le 1er juin dernier avec 50,89 % des voix face à Rafal Trzaskowski, incarne une Pologne qui veut rester fidèle à ses racines chrétiennes dans un contexte de sécularisation croissante.
Né en 1983 à Gdansk dans un milieu modeste, ancien boxeur amateur et père de famille, Nawrocki aime rappeler son enracinement populaire : « Je connais les Polonais et je comprends leurs besoins. Je suis l’un d’entre vous. J’ai passé toute ma vie avec vous, à vos côtés. ». Docteur en histoire, il a dirigé le Musée de la Seconde Guerre mondiale, puis l’Institut de la mémoire nationale, où il s’est attaché à défendre une lecture patriotique et fidèle à la vérité historique.Pendant sa campagne, Nawrocki a toujours lié son identité personnelle à sa foi : « Je suis catholique donc je suis pour la vie, du début à la mort naturelle. » Défenseur de la famille, il a affirmé sans ambiguïté : « Il y a un sexe masculin et un sexe féminin. Et si quelqu’un le défie, il ne comprend pas le présent, le passé ou le futur. Le mariage est une union entre un homme et une femme. »
À propos des traditions nationales, il a déclaré :
« Je prends au sérieux mon attachement aux valeurs chrétiennes et je célèbre donc les fêtes qui me sont chères en tant que personne », annonçant ainsi vouloir redonner toute sa place au calendrier chrétien dans la vie publique.
L’élection de Karol Nawrocki a été accueillie avec soulagement par de nombreux évêques, inquiets face aux projets de libéralisation des mœurs du gouvernement de Donald Tusk. Selon l’analyste Aleks Szczerbiak, interrogé par The Pillar, Nawrocki est « clairement quelqu’un qui partage un engagement personnel fort envers la foi catholique et des valeurs alignées sur l’enseignement de l’Église ».Son arrivée au pouvoir offre à l’Église une forme de répit : son droit de veto présidentiel peut bloquer toute tentative de légalisation plus large de l’avortement ou de réduction du rôle de la religion à l’école.Porté par le slogan « La Pologne d’abord, les Polonais d’abord », Nawrocki a dénoncé l’ordre vert et refusé que Bruxelles impose ses normes : « Nous voulons que la Pologne soit sûre, que la Pologne ne soit pas sous la pression d’une idéologie étrangère. » Il également a rappelé que la mémoire de la guerre impose des droits et des devoirs : « La Pologne devrait tenter d’obtenir des réparations de la part de l’Allemagne, et toute demande découlant de la guerre allemande devrait être adressée à Berlin, et non à Varsovie. »
Soutenu par Viktor Orban et Giorgia Meloni, Nawrocki s’inscrit dans le réseau des conservateurs européens. À Washington, il avait été reçu par Donald Trump, dont il est un admirateur, cette proximité confirme l’importance stratégique de la Pologne dans le monde occidental et surtout au sein de l’Europe.Pour le reste, le temps dira si ce nouveau président, qui revendique son identité catholique et sa fidélité aux valeurs de la vie et de la famille, saura porter dans l’espace public le message de l’Évangile et l’appliquer concrètement dans la gouvernance de son pays. Son audience auprès du pape Léon XIV marque un premier pas, mais l’histoire jugera si Karol Nawrocki restera simplement un politique ou s’il saura incarner pleinement un président témoin de la foi chrétienne.
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Ces positions fermes lui valent aussi des critiques récurrentes dans une partie des médias occidentaux, qui le qualifient volontiers de « nationaliste » ou réduisent son parcours à un « passé de hooligan ». Une lecture jugée simpliste par plusieurs observateurs polonais. Ainsi, dans Wszystko Co Najważniejsze, le journaliste Nathaniel Garstecka a rappelé que Karol Nawrocki a été porté par le PiS, un parti conservateur et non nationaliste, et que son travail d’historien a largement documenté les crimes nazis et soviétiques contre toutes les populations de la II République, y compris les Juifs. De même, évoquer un épisode de jeunesse parmi des supporters ne saurait, selon lui, suffire à qualifier durablement un chef d’État.Cette mise au point éclaire un paradoxe : ce président élu au suffrage universel direct, doté d’une légitimité démocratique forte, est parfois décrit à l’étranger avec des étiquettes qui ne reflètent peut-être pas vraiment la réalité polonaise.
Reçu aujourd’hui par le pape Léon XIV, Karol Nawrocki s’est présenté au Saint-Siège comme un président catholique conscient de sa mission : défendre la vie, la famille et la souveraineté de son pays. Dans une Pologne marquée par la sécularisation, son élection manifeste qu’une large partie du peuple reste attachée à ses racines chrétiennes.