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Strasbourg : la démission du chanoine Schmitt suffira-t-elle à apaiser la crise ? beaucoup en doutent…

Chanoine Schmitt - DR
Chanoine Schmitt - DR
Les prêtres comme les fidèles, réclament toujours avec insistance une visite apostolique. Seule une enquête indépendante, estiment-ils, pourra faire toute la lumière et rétablir une gouvernance claire et transparente

« Devant l’émoi suscité, et en vue de préserver la sérénité du gouvernement diocésain, j’ai présenté ce jour ma démission », a annoncé le chanoine Hubert Schmitt le 10 septembre 2025. Dans son communiqué, le chanoine Schmitt rappelle que le Parquet de Mulhouse a mis fin, le 21 octobre 2024, aux poursuites qui le visaient pour des accusations d’agressions sexuelles. Mais si la justice a clos le dossier, c’est la réintégration discrète du prêtre par Mgr Delannoy qui a provoqué la colère. Apprendre par voie de presse son retour à des responsabilités de premier plan, sans information ni explication, a été vécu comme un affront par les victimes et les fidèles.

Cette démission, acceptée par l’archevêque de Strasbourg, cherche à calmer l’émotion. Mais elle souligne surtout l’ampleur de la crise qui secoue l’Église d’Alsace.Quelques jours avant cette annonce, Tribune chrétienne publiait une tribune signée par des prêtres du diocèse ( restés anonymes) . Ils y exprimaient leur souffrance face à ce qu’ils décrivent comme une « mafia amicale », faite de réseaux d’influence, de silences et de compromissions. Le texte, précis et documenté, dressait un tableau sévère de la gouvernance diocésaine et concluait par un appel solennel à une nouvelle visite apostolique.

« Nous ne voulons plus étouffer ces pratiques », écrivaient-ils, affirmant leur volonté de témoigner publiquement, y compris devant les séminaristes, pour briser une « trahison » vécue comme une blessure durable

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Dans ce contexte déjà explosif, le retour de Mgr Gilles Reithinger contribue à nourrir l’exaspération. Rappelé à Rome en 2023 dans un climat de suspicion concernant sa gestion des abus aux Missions étrangères de Paris, il avait officiellement démissionné en 2024 pour raisons de santé. Pourtant, il a repris des responsabilités pastorales à Strasbourg dès l’été 2025.Bien qu’aucune condamnation ne pèse sur lui, son nom reste associé à plusieurs dossiers sensibles : non-dénonciation d’abus présumés, enquête canonique ouverte par Rome, accusations contestées de double vie, et même implication dans une activité commerciale prohibée par le droit canon. Autant d’éléments qui fragilisent son image et alimentent la colère des fidèles.

L’arrivée de Mgr Pascal Delannoy à la tête du diocèse, en avril 2024, devait ouvrir une nouvelle étape. Mais beaucoup de prêtres et de laïcs estiment que rien n’a changé. Les réhabilitations discrètes et les silences répétés de l’archevêché nourrissent un sentiment d’opacité.La mise en parallèle des dossiers Schmitt et Reithinger illustre une gouvernance accusée de privilégier les équilibres de pouvoir au détriment de la vérité et de la confiance. « Nous avons besoin d’une Église claire et fidèle à l’Évangile, pas de petits arrangements entre amis », confie un prêtre du diocèse.

La démission du chanoine Schmitt suffira-t-elle à calmer la colère grandissante ? Beaucoup en doutent. Car la crise dépasse un cas individuel : elle met en cause un système, qualifié par certains de « mafia amicale », qui mine depuis des années la crédibilité du diocèse.Les prêtres comme les fidèles, réclament toujours avec insistance une visite apostolique. Seule une enquête indépendante, estiment-ils, pourra faire toute la lumière et rétablir une gouvernance claire et transparente.

Communiqué du Chanoine Hubert Schmitt

« Depuis quelques jours, la presse et les réseaux sociaux évoquent avec insistance mon office de Vicaire général et de responsable du pôle pastoral « charité et soin ».
Suite à l’enquête approfondie menée par le Parquet pendant trois années consécutives, madame la Procureure de Mulhouse a mis un terme, le 21 octobre 2024, aux poursuites diligentées à mon encontre.
Devant l’émoi suscité, et en vue de préserver la sérénité du gouvernement diocésain, j’ai présenté ce jour ma démission à Mgr l’Archevêque de Strasbourg. Ce dernier l’a acceptée.
Chanoine Hubert Schmitt

Strasbourg, le 10 septembre 2025″

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