Lors de sa première grande interview depuis son élection, le pape Léon XIV a rappelé avec fermeté que l’enseignement de l’Église ne changera pas concernant l’ordination des femmes et la reconnaissance des unions homosexuelles. Une mise au point claire, destinée à rassurer la frange de fidèles attachés à la continuité doctrinale, après des années de débats et de tensions. Dans un ouvrage intitulé « Léon XIV, citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle », publié ce jeudi 18 septembre au Pérou, le Saint-Père revient longuement sur son rôle et sur les fractures du monde actuel. Interrogé sur la possibilité d’ordonner des femmes diacres, il tranche : « Je n’ai pas l’intention de modifier l’enseignement de l’Église sur le sujet ».
Il précise néanmoins vouloir poursuivre la ligne de son prédécesseur en nommant des femmes à des responsabilités administratives et pastorales, mais sans toucher à la doctrine. Concernant l’accueil des personnes homosexuelles, Léon XIV réaffirme la nécessité de recevoir chacun avec charité : « Tout le monde est invité, mais je n’invite pas une personne en raison de son identité particulière ».Il est à noter que le Souverain Pontife ne fait à aucun moment référence au pèlerinage organisé récemment par une association LGBT, qui avait bénéficié d’un fort soutien médiatique donnant l’impression qu’il s’inscrivait dans le cadre officiel du Jubilé 2025. Or, ce rassemblement n’avait jamais reçu le consentement explicite du pape. Ce silence, au grand désarroi des organisateurs regroupés sous la bannière Arc-en-ciel, vaut aussi mise au point. Les choses sont dites et cela met fin à toutes les supputations de tous horizons, parmi les plus fantasques.
Il écarte toute reconnaissance du mariage entre personnes de même sexe, insistant : « Je pense que l’enseignement de l’Église restera tel quel ». Fidèle au Catéchisme, le pape renouvelle son attachement à la famille traditionnelle, « le père, la mère et les enfants », dont il estime qu’elle doit être « à nouveau reconnue et renforcée ».
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Dans cet entretien, Léon XIV a aussi tenu à préciser sa vision de la synodalité, souvent mal comprise. « Il ne s’agit pas d’essayer de transformer l’Église en une sorte de gouvernement démocratique », avertit-il. Pour lui, la synodalité n’est pas une redistribution du pouvoir, mais une pédagogie spirituelle qui unit le peuple de Dieu autour de ses pasteurs. Le pape refuse l’opposition artificielle entre hiérarchie et peuple, et insiste sur la communion, qui doit primer sur la logique politique. Dès les premières lignes, il a placé son discours sous le signe de la paix. Évoquant la guerre en Ukraine, il dénonce « ces années de tueries inutiles » et appelle à « réveiller les consciences ». Le Saint-Père se situe dans la lignée de Benoît XV et de Jean-Paul II, rappelant que les guerres sont des « massacres inutiles » et que le rôle du Saint-Siège est de bâtir des ponts et d’inviter les belligérants à dire : « ça suffit ».
Le pape s’inquiète aussi de l’écart croissant entre les classes populaires et les plus riches, citant le cas d’Elon Musk sur le point de devenir le premier homme au monde à franchir le seuil symbolique des 1.000 milliards de dollars. « Si c’est la seule chose qui a de la valeur désormais, nous sommes en grande difficulté », regrette-t-il, reprenant l’héritage de la doctrine sociale de l’Église, de Rerum novarum à Centesimus annus. Sur le scandale des abus, Léon XIV a rappelé que l’Église doit accompagner les victimes avec une « compassion authentique et profonde », mais que ce fléau « ne peut pas devenir la priorité de l’Église ». Soucieux de justice, il souligne que « 10 % des accusations se révèlent fausses » et insiste sur la nécessité de protéger aussi les prêtres injustement mis en cause.
Ainsi, dans ce premier grand entretien, Léon XIV se présente comme un pasteur enraciné dans la tradition, attentif aux blessures de son temps mais décidé à ne pas céder aux pressions idéologiques. Sa parole, à la fois ferme et paternelle, rappelle que l’Église n’est pas un laboratoire d’expériences sociologiques, mais le lieu où la vérité du Christ est annoncée sans compromis et transmise avec fidélité.