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Lourdes : la procession mariale bientôt inscrite au patrimoine culturel immatériel de la France ?

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Le dossier de candidature a été transmis le vendredi 26 septembre dernier au ministère de la Culture. Il vise à inscrire la procession mariale de Lourdes au patrimoine culturel immatériel de la France, première étape avant une éventuelle reconnaissance par l’Unesco

Le Sanctuaire de Lourdes souhaite voir la procession mariale aux flambeaux inscrite au patrimoine culturel immatériel de la France, une reconnaissance qui mettrait en lumière une tradition ancienne et toujours vivante, symbole à la fois de ferveur religieuse, d’identité culturelle et de rayonnement international. Cette marche lumineuse, qui se déroule chaque soir de Pâques à la Toussaint, rassemble depuis plus de cent cinquante ans des milliers de pèlerins venus de tous les horizons.La procession mariale trouve son origine dans les premiers rassemblements qui suivirent les apparitions de 1858. Dès 1863, les pèlerins portaient des bougies à Lourdes et en 1864, lors de la bénédiction de la statue de la Vierge, une première grande procession fut organisée.

La quatrième apparition, au cours de laquelle Bernadette vint à la grotte avec un cierge bénit et allumé, donna naissance à la coutume de porter et d’allumer des cierges. Depuis lors, la lumière fait partie intégrante de la prière à la grotte, comme signe d’espérance et de fidélité. Chaque soir à 21 heures, de la Grotte des Apparitions jusqu’à l’esplanade du Rosaire, des milliers de cierges dessinent dans la nuit une traînée de lumière que beaucoup considèrent comme l’image la plus emblématique de Lourdes.

La procession mariale est décrite comme l’âme du pèlerinage. Elle est devenue le moment fort des rassemblements, celui qui réunit l’ensemble des pèlerins après une journée rythmée par la messe, le chemin de croix ou le passage aux piscines.

Dans le silence, le chant et la récitation du Rosaire, elle offre une expérience spirituelle unique, qui touche aussi les visiteurs non croyants. Les grands pèlerinages, comme celui du 15 août ou le pèlerinage du Rosaire, rassemblent des foules immenses, parfois plus de dix-sept mille personnes pour une seule soirée. Cette année encore, du 30 septembre au 5 octobre, le pèlerinage du Rosaire attend des dizaines de milliers de participants et la procession du jeudi 2 octobre devrait réunir près de dix-sept mille fidèles.Autour de ce rituel quotidien, c’est toute une ville et une multitude d’acteurs qui se mobilisent. Les chapelains et prêtres du Sanctuaire, les hospitalités et leurs bénévoles, les pèlerins malades, les services liturgiques et musicaux, les sacristains, les feutiers, les porteurs de bannières, mais aussi les hôteliers, les commerçants et les associations locales.

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Les autorités civiles et religieuses, la mairie, la préfecture et les organismes de tourisme accompagnent également ce mouvement. La procession n’est pas seulement un acte de prière, elle est aussi un fait social qui façonne l’identité de la cité mariale et structure son activité économique.La fréquentation des grands pèlerinages témoigne de cette vitalité. En mai dernier, le pèlerinage international de l’Ordre de Malte a rassemblé plus de six mille cinq cents pèlerins. Quelques jours plus tard, le Pèlerinage Militaire International a réuni quinze mille personnes venues de plus de quarante nations. À l’automne, le pèlerinage Lourdes Cancer Espérance a accueilli des milliers de fidèles autour du cardinal Jean-Paul Vesco. En avril, le Frat de la région parisienne a franchi un record avec treize mille cinq cents lycéens, symbolisant le dynamisme de la jeunesse catholique. Chacun de ces événements s’achève le soir par la procession mariale, qui devient ainsi le fil conducteur reliant les générations et les nations.

Le Sanctuaire met aussi en avant la symbolique universelle de l’eau et de la lumière. L’eau jaillie de la source que Bernadette fit découvrir le 25 février 1858 demeure au cœur de l’expérience de Lourdes. Les pèlerins sont invités à boire, à s’asperger le visage ou à se baigner dans les piscines, gestes simples qui expriment la purification et le renouveau. De la même manière, la lumière des cierges portée dans la nuit représente la foi qui éclaire les ténèbres et qui traverse les épreuves. Eau et lumière sont devenues inséparables à Lourdes, dans une catéchèse vivante qui s’adresse à tous, croyants et non croyants, chrétiens et fidèles d’autres traditions.

Cette démarche de reconnaissance patrimoniale s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation du patrimoine religieux et culturel.

Le Sanctuaire a annoncé la création d’un Centre de Ressources Historiques qui doit centraliser les archives, garantir leur conservation dans des conditions adaptées et permettre leur consultation par les chercheurs, étudiants et visiteurs. Ce lieu sera aussi un espace d’exposition et de diffusion, ouvert au grand public, afin que l’histoire exceptionnelle de Lourdes continue à être transmise. Le projet illustre la volonté de conjuguer mémoire vivante, valorisation culturelle et rayonnement spirituel. L’essor des pèlerinages, rendu possible dès 1867 par l’ouverture de la ligne de chemin de fer, a profondément marqué la ville. La presse catholique du XIXe siècle soulignait déjà le caractère unique de Lourdes, lieu où malades et pèlerins pauvres trouvaient hospitalité et service. De cette générosité naquit l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes, devenue au fil du temps une archiconfrérie reconnue par le droit canonique. Les hospitaliers et hospitalières demeurent aujourd’hui les serviteurs discrets de la procession mariale, accompagnant les malades dans leurs fauteuils roulants au cœur du cortège illuminé.

L’importance religieuse de la procession mariale avait été rappelée par saint Paul VI dans l’exhortation apostolique Marialis cultus, publiée le 2 février 1974. Le pape y souligne que le culte rendu à la Vierge Marie conduit toujours au Christ, et qu’il s’enracine dans la prière universelle et populaire.

La procession aux flambeaux, où le Rosaire est récité en plusieurs langues, illustre parfaitement cette dimension d’universalité. Jean-Paul II, en instituant les mystères lumineux en 2002, a donné un nouvel élan à cette prière méditée dans la lumière des cierges de Lourdes.La candidature au patrimoine culturel immatériel vise à reconnaître que la procession mariale de Lourdes dépasse le seul cadre religieux. Elle appartient au patrimoine vivant de la France, au croisement de la foi, de la culture et de la mémoire collective. Elle incarne à la fois la permanence d’une tradition née au XIXe siècle, l’ouverture à toutes les nations et la force d’un symbole partagé par des millions de pèlerins. Même si l’Unesco ne devait jamais l’inscrire sur sa liste, la procession continuerait à être vécue avec la même ferveur chaque soir, car elle demeure avant tout une prière adressée à la Vierge Marie, consolatrice et guide vers le Christ.

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