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Les Gardes suisses dévoilent leurs nouveaux uniformes historiques : un retour aux sources pour mieux servir le pape

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Avec cette nouvelle tenue, plus proche du modèle du XIXe siècle, la Garde suisse réaffirme sa vocation : unir ses racines historiques au service actuel du pape, jusqu’au don total de soi

À la veille du serment solennel de 27 nouvelles recrues, la Garde suisse pontificale ressuscite un uniforme disparu depuis près d’un demi-siècle. Présentée hier, 2 octobre, dans la cour de la caserne vaticane et portée pour la première fois aujourd’hui, cette tenue de « demi-gala » accompagnera les gardes lors des célébrations entourant la cérémonie de prestation de serment prévue demain, samedi 4 octobre. Les recrues s’y engageront à défendre le pape, jusqu’au sacrifice de leur vie.

Fondée en 1506 par le pape Jules II, la Garde suisse est la plus petite armée du monde avec ses 135 hommes, mais aussi l’une des plus anciennes encore en activité. Depuis plus de cinq siècles, ces soldats suisses protègent le successeur de Pierre avec un dévouement qui a traversé les époques. Leur histoire est marquée par un épisode dramatique : le Sac de Rome du 6 mai 1527. Ce jour-là, face aux troupes impériales espagnoles, 189 gardes se battirent jusqu’à la mort pour protéger le pape Clément VII. Seuls 42 survécurent, permettant au souverain pontife de trouver refuge au château Saint-Ange. Depuis, la date du 6 mai est devenue celle du serment annuel des nouvelles recrues. Cette année toutefois, le décès du pape François et le conclave qui a conduit à l’élection de Léon XIV ont repoussé la cérémonie au 4 octobre, jour anniversaire du Sac de Rome. Une manière de lier l’histoire et l’actualité dans un même geste de fidélité.

La grande nouveauté de 2025 est la réintroduction de la tenue dite de demi-gala. Présentée hier dans la cour de la caserne vaticane, elle complète la célèbre tenue Renaissance aux bandes rouges, bleues et orangées, conçue en 1915 par Jules Repond.

Cette tenue intermédiaire avait été supprimée en 1976, laissant un vide entre la tenue quotidienne et la grande tenue de cérémonie. Le colonel Christoph Graf, commandant de la Garde, a expliqué à VaticanNews : « Pendant des siècles, la Garde suisse a eu trois tenues : la petite tenue, la demi-gala et la grande gala. Après sa suppression, il manquait un uniforme intermédiaire. Aujourd’hui, nous la réintroduisons, fidèle à notre histoire mais adaptée au présent. » Fabriquée en Suisse grâce à la générosité d’un mécène, chaque tenue coûte environ 2 000 euros. Elle reprend des éléments du modèle en usage entre la fin du XIXe siècle et 1976, mais avec une coupe modernisée.Demain, dans la cour Saint-Damase, 27 nouvelles recrues prêteront serment, main gauche posée sur le drapeau de la Garde et main droite levée, trois doigts ouverts en signe de foi en la Sainte Trinité. Elles s’engageront à « servir fidèlement, loyalement et honorablement le Souverain Pontife et ses successeurs légitimes, jusqu’au sacrifice de leur vie si nécessaire ». François, l’un des jeunes gardes tessinois, confie : « Le serment est le moment le plus solennel. Nous promettons d’être prêts à sacrifier notre vie pour le Saint-Père. » Pour beaucoup de recrues, cet engagement est une affaire de famille. Certains suivent les pas de leurs pères ou de leurs oncles, anciens gardes. Pour d’autres, c’est une vocation née du désir de servir l’Église universelle. Dario, 25 ans, raconte ses premiers mois de service : « Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’effet du pape sur les foules. On protège le Saint-Père, et on voit combien il est respecté et aimé. C’est une expérience incroyable. »

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Ce vendredi 3 octobre au matin, dans la salle du Palais apostolique, le pape Léon XIV a reçu les recrues et leurs familles. Il leur a adressé des paroles de gratitude : « Dès les premiers pas de mon pontificat, chers Gardes suisses, j’ai pu compter sur votre service fidèle. Le successeur de Pierre peut remplir sa mission au service de l’Église et du monde dans la certitude que vous veillez sur sa sécurité. » Le pape a aussi encouragé les jeunes à nourrir leur vie intérieure : « Inspirez-vous du courage des martyrs chrétiens. Cultivez votre relation avec le Christ, même au milieu de la frénésie de notre société. » Ces mots rappellent que la Garde n’est pas seulement une institution militaire, mais aussi un témoignage de foi, enracinée dans le service spirituel de l’Église.

La cérémonie de demain, 4 octobre, rassemblera plus de 4 000 personnes : représentants de l’armée et du gouvernement suisse, évêques, anciens gardes, familles et amis. La présidente de la Confédération suisse, Karin Keller-Sutter, sera également présente, confirmant l’importance de ce lien séculaire entre la Suisse et le Saint-Siège. Au-delà de la protection du pape, la Garde suisse est un symbole vivant de la fidélité entre un petit pays alpin et l’Église universelle. Ses uniformes, ses rites et son histoire en font une vitrine du Vatican, mais aussi un rappel constant de la valeur du sacrifice.Si la mission reste la même depuis 1506, le contexte actuel impose de nouveaux défis. Eliah Cinotti, officier et porte-parole de la Garde, a confié : « Depuis l’élection du pape Léon XIV, nous avons constaté une augmentation d’objets lancés en direction du Saint-Père. Cela nous préoccupe, mais nous restons vigilants. » Il rappelle que la plupart des incidents sont liés à des personnes déséquilibrées ou sous l’emprise de drogues ou d’alcool. La pandémie de COVID-19 a accentué certains comportements d’incivilité. « Notre première arme est la parole », souligne-t-il, insistant sur le fait que les gardes sont formés pour désamorcer les tensions et éviter l’usage de la force, tout en étant entraînés et équipés pour assurer la protection du Saint-Père dans les situations extrêmes.

Avec cette nouvelle tenue, plus proche du modèle du XIXe siècle, la Garde suisse réaffirme sa vocation : unir ses racines historiques au service actuel du pape, jusqu’au don total de soi.

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