Lundi 6 octobre 2025, la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell, a rencontré le pape Léon XIV au Vatican pour attirer l’attention du monde sur la situation dramatique des enfants vulnérables, notamment ceux frappés par la guerre, la pauvreté et le changement climatique.« Aujourd’hui, les enfants souffrent des conséquences de conflits et de crises d’une ampleur sans précédent, tandis que l’accès aux services de santé, d’éducation et de protection est réduit par les coupes dans les financements mondiaux », a déclaré Catherine Russell et de poursuivre : « Le pape Léon XIV a une voix puissante pour diffuser le message de paix et de protection des enfants, et nous lui en sommes reconnaissants. Le monde doit écouter et faire mieux pour les enfants. »
Rappelons que des millions d’enfants vivent ou fuient des zones de guerre, notamment à Gaza, en République démocratique du Congo, au Soudan, en Ukraine et au Yémen ou au Nigéria. Parallèlement, un milliard d’enfants vivent aujourd’hui dans des pays à haut risque en raison des effets du changement climatique, tandis que des centaines de millions d’autres grandissent dans une extrême pauvreté.La directrice de l’UNICEF a également remercié le pape pour son engagement constant en faveur de l’éducation et pour son plaidoyer en faveur d’une réforme de la dette internationale. « De nombreux pays versent davantage en intérêts sur leurs emprunts qu’ils n’investissent dans la santé, l’éducation ou la protection sociale », a-t-elle souligné.
Le pape Léon XIV, fidèle à son appel à un « monde réconcilié », a encouragé l’organisation à poursuivre son action au service des plus faibles. Le Saint-Père a rappelé que « les enfants sont le visage du Christ innocent dans un monde défiguré par la guerre ».
Cependant, cette rencontre intervient dans un contexte où l’UNICEF, malgré la noblesse de sa mission, est confrontée à plusieurs critiques publiques. Certaines branches nationales de l’organisation ont été accusées d’un manque de transparence sur l’utilisation des fonds récoltés et de liens jugés trop étroits avec de grands groupes économiques. Plusieurs enquêtes journalistiques ont aussi dénoncé des partenariats contestés, comme ceux liés à la production de produits « solidaires » dans des conditions peu reluisantes ou à des pratiques fiscales discutables.L’UNICEF a également fait face à des accusations d’« exploitation et d’abus sexuels » en République démocratique du Congo, imputés à des personnes se présentant comme ses agents. L’organisation avait alors réagi avec fermeté, affirmant prendre ces allégations « très au sérieux » et rappelant son engagement absolu contre toute forme de maltraitance.
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D’autres controverses ont concerné des partenariats institutionnels, notamment en Azerbaïdjan, où la présence de l’UNICEF lors d’événements officiels avait été perçue par certaines ONG comme une manière d’apporter une caution morale à des régimes autoritaires. Plus récemment, un rapport de l’agence sur la protection des enfants en ligne avait provoqué une vive polémique : le texte, suggérant que l’exposition des enfants à certains contenus sexuels n’était pas toujours nocive, a été retiré et révisé face à l’indignation de nombreux éducateurs et associations familiales.Sur le plan idéologique également , certaines critiques estiment que l’organisation tend à s’éloigner de sa mission initiale de protection de l’enfance pour s’engager dans des débats sociaux ou moraux, comme la promotion de l’éducation sexuelle ou de programmes perçus comme contraires à certaines sensibilités culturelles et religieuses. D’autres observateurs, en revanche, y voient une nécessaire adaptation à la réalité contemporaine des enfants et à leurs nouveaux risques.
Enfin, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, UNICEF-Palestine a été critiqué pour sa coopération avec certaines ONG militant pour l’inscription de l’armée israélienne sur une liste de violations graves des droits de l’enfant. Des associations comme NGO Monitor y ont vu une dérive militante de l’organisation.Ces critiques, multiples et parfois contradictoires, rappellent combien la transparence, l’indépendance et la fidélité à la mission originelle de protection des plus faibles demeurent des exigences constantes pour une institution aussi influente que l’UNICEF.
L’UNICEF, agence spécialisée des Nations unies créée en 1946, œuvre aujourd’hui dans plus de 190 pays pour garantir aux enfants un avenir digne et protégé. Ses missions principales couvrent un vaste champ d’action : éducation, vaccination, protection de l’enfance, égalité entre les sexes et santé maternelle. L’organisation met un accent particulier sur la scolarisation des filles et la lutte contre les maladies infantiles grâce à des campagnes de vaccination massives. Parallèlement, elle soutient les enfants réfugiés et déplacés, les orphelins, ainsi que la petite enfance à travers des programmes nutritionnels et éducatifs. Pour mener à bien ses actions, l’UNICEF s’appuie sur une stratégie de communication mondiale, des campagnes de dons, et des partenariats avec des ONG, des entreprises et des fondations. Lauréate du prix Nobel de la paix en 1965, l’organisation reste un acteur clé de la défense des droits de l’enfant, tout en étant parfois critiquée pour la complexité et l’opacité de certains de ses partenariats privés.Mais la rencontre du 6 octobre montre aussi que le pape Léon XIV n’ignore pas ces controverses. Fidèle à l’esprit de l’Évangile, le Saint-Père semble vouloir rappeler que même les grandes institutions internationales peuvent être appelées à une conversion du cœur et à un retour à la pureté de leur mission : servir l’enfant, protéger la vie, et faire triompher la dignité humaine sur les intérêts et les idéologies.