Martyre à Antioche (+ v. 302)
En ce mercredi 8 octobre 2025, l’Église commémore sainte Pélagie la Pénitente, jeune martyre d’Antioche, morte vers l’an 302, au plus fort de la persécution de Dioclétien. Âgée d’à peine quinze ans, Pélagie fut arrêtée parce qu’elle professait ouvertement sa foi chrétienne. Seule dans sa maison lorsque les soldats vinrent la chercher, elle comprit qu’avant même d’être conduite au tribunal, elle risquait la profanation de son corps. Saint Jean Chrysostome rapporte qu’« elle imagina une ruse si habile que les soldats n’en sont pas encore revenus ». Feignant d’accepter de se préparer pour comparaître, elle leur demanda de se retirer un instant, monta sur le toit et se jeta dans le vide. Par ce geste radical, elle préféra offrir sa vie à Dieu plutôt que de subir la honte. « Elle déroba son corps à la souillure et délivra son âme pour qu’elle monte au ciel », écrit le saint docteur.
Cette attitude, incompréhensible pour le monde moderne, s’éclaire à la lumière de la foi chrétienne. Pélagie n’a pas cherché la mort par désespoir, mais par fidélité à l’Évangile et au Christ qu’elle aimait plus que sa propre vie. Dans une société païenne où la pureté était méprisée, son sacrifice fut un acte de résistance spirituelle d’une force rare. L’Église a toujours vu en elle le modèle d’une âme entièrement donnée à Dieu, rappelant que la dignité du corps humain, temple de l’Esprit Saint, ne peut être violée sans profaner la vie même.
La mémoire de sainte Pélagie se confond parfois avec celle d’une autre Pélagie, dite « de Jérusalem », une ancienne courtisane convertie à la foi chrétienne. Saint Jean Chrysostome évoque cette femme qui, après avoir mené une vie dissolue, « brilla par sa piété autant qu’elle s’était signalée auparavant par sa vie abominable ». Ces deux figures, l’une martyre, l’autre pénitente, témoignent des deux visages d’une même grâce : celle qui sanctifie jusqu’à la mort, et celle qui relève du plus profond de la faute.
Aujourd’hui encore, leur message résonne dans un monde où la foi, la pudeur et la fidélité sont souvent tournées en dérision. Sainte Pélagie rappelle aux jeunes, en particulier, que la liberté chrétienne ne consiste pas à suivre ses désirs, mais à choisir le bien, même au prix du sacrifice. Elle enseigne que la vraie victoire n’est pas celle de la force, mais celle de la pureté et du courage. En la fêtant, l’Église contemple une jeunesse qui, loin d’être naïve, a compris jusqu’où va l’amour du Christ : jusqu’au don total de soi.
Avec Nominis
